Partenariats entre les collèges publics et le secteur privé : Leçons tirées pour le système d’éducation postsecondaire de l’Ontario

Partenariats entre les collèges publics et le secteur privé : Leçons tirées pour le système d’éducation postsecondaire de l’Ontario a été rédigé par Julia Colyar, Alexandra MacFarlane et Sarah Brumwell, Conseil ontarien de la qualité de l’enseignement supérieur.

La programmation des partenariats entre les collèges publics et le secteur privé n’était pas alignée sur les besoins du marché du travail de l’Ontario.

En Ontario, la croissance récente du nombre d’étudiants internationaux est due en grande partie aux inscriptions dans les collèges publics dans le cadre de PCPP, principalement situés dans la région du Grand Toronto. Les PCPP existent en Ontario depuis 2005, mais les inscriptions ont augmenté de façon spectaculaire à partir de 2019. En 2023-2024, 14 collèges publics ont conclu des partenariats dans le cadre de 23 PCPP. Vingt pour cent de toutes les inscriptions internationales dans les collèges publics de l’Ontario étaient concentrées dans les sites de PCPP. Une nouvelle étude du Conseil ontarien de la qualité de l’enseignement supérieur (COQES) sur les PCPP et leur rôle dans la satisfaction des besoins du marché du travail suggère un décalage important entre les programmes offerts dans le cadre des PCPP et les offres d’emploi en ligne de l’Ontario en 2021-2023. Les diplômés des PCPP titulaires d’un diplôme ou d’un certificat d’études supérieures peuvent entrés sur le marché du travail de l’Ontario avec des qualifications non nécessaires pour un grand nombre d’emplois disponibles.

En janvier 2024, le gouvernement fédéral a annoncé plusieurs changements dans le cadre de l’éducation internationale au Canada qui ont réduit le nombre de permis d’études disponibles de près de 50 % et ont rendu les étudiants qui étudient dans les PCPP inéligibles pour les permis de travail postdiplôme (PTPDd). Sans accès au PTPD pour leurs diplômés, les PCPP, dans leur forme actuelle, seront probablement dissous. Malgré cela, les questions liées aux intersections entre l’éducation internationale, le marché du travail et les voies d’immigration sont pertinentes pour le gouvernement, les établissements d’enseignement postsecondaires et les étudiants internationaux.

Le COQES a dressé une liste des programmes PCPP offerts à la fin de l’année 2023 en récupérant les sites Web des établissements proposant des PCPP. Pour l’analyse du marché du travail, le Recensement canadien de 2021 a été consulté pour les chiffres de population et le tableau de bord des tendances de l’emploi au Canada du Conseil d’information sur le marché du travail (CIMT) pour les offres d’emploi en ligne de janvier 2021 à décembre 2023 inclus. L’analyse se concentre sur les offres d’emploi dans la région du Grand Toronto, où se trouvent les PCPP.

La plupart des demandes de main-d’œuvre en Ontario, telles qu’elles ressortent des offres d’emploi en ligne, sont concentrées dans des domaines hautement spécialisés comme les soins infirmiers — qui ne sont généralement pas proposés par les PCPP — ou dans des postes n’exigeant que peu ou pas d’études postsecondaires, ce qui est conforme aux conclusions de Statistique Canada. Les étudiants des PCPP qui obtiennent des certificats d’études supérieures, qui requièrent l’obtention d’un diplôme postsecondaire comme condition préalable à l’entrée, entrent sur un marché du travail très compétitif puisque seulement 18 % des emplois affichés sur le tableau de bord du CIMT à Toronto requièrent un diplôme de premier ou de deuxième cycle. Les diplômés de l’enseignement postsecondaire, tant nationaux qu’internationaux, naviguent sur un marché de l’emploi où les salaires sont essentiellement bas, les employeurs offrant des salaires inférieurs à ce que les candidats s’attendraient à recevoir pour le travail à effectuer et leur niveau de compétence.

L’adéquation entre les programmes d’études postsecondaires et le marché du travail a des conséquences importantes pour tous les étudiants internationaux, ainsi que pour les employeurs et le gouvernement. Les étudiants étrangers paient un prix élevé pour leurs diplômes ontariens et obtiennent probablement leur diplôme avec des attentes élevées. L’inadéquation entre leurs qualifications et les opportunités qui s’offrent à eux peut être démoralisante à la fois dans l’immédiat et à plus long terme. L’alignement des compétences et de la préparation des diplômés internationaux en fonction des exigences du marché du travail est également important si le gouvernement entend combler les lacunes anticipées dans les segments hautement qualifiés du marché du travail de l’Ontario.

Le décalage entre les programmes du PCPP et les emplois disponibles en Ontario fait écho au décalage plus général entre les voies d’immigration et les besoins du marché du travail : Les étudiants internationaux sont encouragés à poursuivre des études supérieures dans le cadre de la procédure d’immigration, bien que le marché du travail n’exige pas de tels diplômes. Les gouvernements fédéral et provinciaux devraient collaborer pour assurer une meilleure coordination entre les initiatives d’internationalisation, les politiques d’immigration et les pressions du marché du travail. La cohérence entre les programmes destinés aux étudiants internationaux de l’enseignement postsecondaire et le marché du travail pourrait être améliorée grâce à une meilleure utilisation des données relatives aux résultats, notamment en matière d’emploi, de revenus, de mobilité et d’immigration. Le gouvernement peut également collaborer avec les établissements d’enseignement postsecondaires pour adopter une approche plus stratégique de la planification des programmes et des inscriptions.