Les attentes non satisfaites des diplômé·es sur le marché du travail reflètent des réalités inégales

Auteurs : Ken Chatoor, Hagar Effah et Elizabeth Agoe


La transition entre l’enseignement postsecondaire (EPS) et le monde du travail est une étape passionnante et importante, mais qui peut aussi s’avérer difficile. En Ontario, l’infrastructure de données existante sur les résultats des études postsecondaires repose sur les indicateurs clés de performance du gouvernement provincial et les enquêtes auprès des diplômé·es qui mesurent l’emploi des étudiant·es et les résultats des diplômé·es (Gouvernement de l’Ontario, 2024). Les gouvernements et les établissements, ainsi que les étudiant·es et leurs familles, s’intéressent à ces résultats de haut niveau, mais ils ne disent pas tout lorsqu’il s’agit de comprendre les résultats des diplômé·es de l’enseignement supérieur sur le marché du travail. L’écart entre les attentes et la réalité des résultats après l’obtention du diplôme est important pour les diplômé·es historiquement marginalisé·es et méritant·es sur le plan de l’équité.

Pour les diplômé·es historiquement marginalisé·es, l’écart entre leurs attentes et la réalité de leurs résultats après l’obtention de leur diplôme était important

À l’été 2023, le COQES a mené une enquête auprès des récents diplômé·es de baccalauréat des universités de l’Ontario afin de déterminer si leurs attentes correspondaient aux réalités de la planification de carrière, de l’obtention d’un premier emploi, des salaires et de la qualité de l’emploi. Nous avons également recueilli des données sur des caractéristiques identitaires clés telles que l’origine ethnique, le revenu familial, le statut d’immigrant, le statut de handicapé, l’orientation sexuelle et le statut de première génération.

Nos conclusions montrent que si les résultats des diplômé·es sont globalement positifs, les attentes et l’expérience des personnes interrogées ne correspondent pas toujours et il existe des différences notables en fonction des caractéristiques identitaires. Le « fossé des attentes » qui en résulte révèle un décalage entre ce que certain·es diplômé·es attendent de leur premier emploi et les réalités rencontrées lors de leurs premières incursions sur le marché du travail après l’obtention de leur diplôme. Un fossé qui est plus prononcé parmi nos répondant·es méritant l’équité.

Le fossé des attentes révèle un décalage entre ce que certain·es diplômé·es attendent de leur premier emploi et les réalités rencontrées sur le marché du travail.

Certains des exemples les plus spectaculaires de l’écart entre les attentes et la réalité se révèlent dans notre analyse des revenus, présentée dans le tableau 1. Les répondant·es à l’enquête issus de milieux à faibles revenus (85 %), les diplômé·es handicapé·es (70 %) et les membres de la communauté LGBTQIA2+ (56 %) étaient plus susceptibles de déclarer avoir gagné moins de 50 000 dollars, tandis que leurs pairs issus d’autres groupes identitaires gagnaient en moyenne entre 50 000 et 75 000 dollars lors de leur premier emploi.

Caractéristiques de l’étudiant·eS’attend à gagner moins de 50 000 $A gagné moins de 50 000 $Fossé des attentes
Hommes27 %19 %-8 %
Femmes5 %46 %-5 %
Blanc·he43 %34 %-9 %
PANDC48 %44 %-4 %
Non Première génération47 %36 %-11 %
Première génération33 %39 %6 %
Pas de faible revenu33 %24 %-9 %
Faible revenu80 %85 %5 %
Né·e au Canada41 %35 %-6 %
Immigrant·e47 %41 %-6 %
Hétérosexuel·le40 %33 %-7 %
LGBTQIA2+46 %56 %10 %
Sans handicap39 %32 %-7 %
Avec handicap48 %70 %22 %

Les diplômé·es LGBTQIA2+ et les diplômé·es handicapé·es ont non seulement gagné moins que leurs homologues, mais ont également gagné moins que leurs attentes déjà réduites. 48 % des diplômé·es handicapé·es s’attendaient à gagner moins de 50 000 dollars pour leur premier emploi, mais en fait 70 % ont gagné moins de 50 000 dollars. Cela signifie qu’au moins 22 % des diplômé·es handicapé·es ont gagné moins que le salaire déjà inférieur escompté. L’écart entre les attentes et l’expérience des diplômé·es LGBTQIA2+ est également moins important, mais significatif : 46 % s’attendaient à gagner moins de 50 000 dollars pour leur premier emploi, mais 56 % ont déclaré avoir gagné moins de 50 000 dollars.

Les diplômé·es LGBTQIA2+ et les diplômé·es handicapé·es ont gagné moins que leurs attentes déjà réduites

Outre les attentes salariales non satisfaites, les données révèlent des écarts selon les caractéristiques de l’identité en ce qui concerne la qualité générale de l’emploi et la satisfaction globale. Nous avons posé la question suivante : « Votre premier emploi après l’obtention de votre diplôme a-t-il répondu à vos attentes? » et nous avons invité les personnes interrogées à tenir compte de la qualité du travail, de la rémunération, des compétences requises et de la flexibilité dans leurs réponses. La moitié des répondant·es (50 %) ont déclaré que leurs attentes générales n’avaient pas été satisfaites, mais les personnes handicapées (83 %) et celles s’identifiant comme LGBTQIA2+ (85 %) étaient plus susceptibles que leurs pairs de déclarer que le premier emploi qu’elles avaient occupé après avoir obtenu leur diplôme n’avait pas répondu à leurs attentes.

Assurer une transition harmonieuse et réussie entre l’enseignement postsecondaire et le marché du travail est une priorité partagée par le gouvernement, les établissements et les étudiant·es concerné·es. Les différences entre les attentes et la réalité pour les jeunes diplômé·es ne sont pas une surprise, mais il faut souligner les écarts importants associés aux diplômé·es méritant l’équité. Ces résultats confirment qu’il n’existe pas de solution unique en matière de préparation au marché du travail, et soulignent que les établissements d’enseignement postsecondaire feraient bien d’explorer les possibilités de cibler les programmes pour soutenir les étudiant·es de divers groupes, en particulier les groupes qui ont été historiquement marginalisés et qui continuent de l’être.

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