Un changement dans l’accessibilité : Qu’est-ce qui explique la baisse de l’utilisation des aides aux étudiant·es?

Pendant des années, les collèges ont été considérés comme la principale destination des étudiant·es handicapé·es en Ontario. La taille réduite des classes, l’accent mis sur l’apprentissage appliqué et les modèles d’enseignement pratique ont souvent été considérés comme plus accessibles. Les données confirment cette perception : les établissements d’enseignement supérieur signalent systématiquement une proportion plus élevée d’étudiant·es s’inscrivant auprès des Bureaux de services aux étudiants handicapés (BSED) que les universités.

Mais les données récentes révèlent une autre réalité. Pour la première fois depuis 2013-2014 – et peut-être depuis toujours – le pourcentage d’étudiant·es universitaires accédant aux services de BSEH a dépassé celui des collèges. Il s’agit d’un moment charnière, qui remet en question des hypothèses de longue date concernant la demande de services d’accessibilité dans les établissements d’enseignement postsecondaire de l’Ontario.

Pour la première fois, le pourcentage d’étudiant·es universitaires accédant aux services des BSEH a dépassé celui des collèges.

Ce que révèlent les dernières données

Alors que les universités ont connu une augmentation constante des inscriptions aux BSEH, le secteur collégial présente une situation plus complexe. Entre 2020 et 2022, le pourcentage de collégien·nes s’inscrivant aux BSEH est passé de 16,3 % à 14 %, et il a encore baissé pour atteindre 12,9 % en 2022-2023. En revanche, les inscriptions dans les universités ont atteint 13,4 %, dépassant pour la première fois les collèges (voir le tableau ci-dessous).

Étudiant·es handicapé·es inscrits par l’intermédiaire des BSEH en Ontario

Comment expliquer cette divergence? Un examen plus approfondi révèle que l’évolution démographique dans le secteur universitaire – en particulier la croissance des inscriptions d’étudiant·es étrangers – a joué un rôle clé.

L’impact des inscriptions internationales

En 2022-2023, les étudiant·es étrangers représentaient près de la moitié de l’ensemble des étudiant·es inscrit·es dans les établissements d’enseignement supérieur. Pourtant, seuls 1,2 % des étudiant·es étrangers se sont inscrit·es aux services des BSEH, contre 23,5 % pour les étudiant·es canadien·nes. Cette tendance n’est pas nouvelle. Depuis 2018, la proportion d’étudiant·es étrangers inscrit·es aux services de BSEH a toujours été faible, allant de 1,2 % à 2,1 %. Ce contraste frappant a modifié le pourcentage global d’étudiant·es ayant accès au soutien des BSEH dans les établissements d’enseignement supérieur. Alors que le nombre d’étudiant·es étrangers dans les établissements d’enseignement supérieur augmentait, le pourcentage global d’étudiant·es accédant aux services des BSEH diminuait.

Le nombre élevé d’inscriptions internationales obscurcit le nombre d’étudiant·es canadien·nes qui ont accès à l’aide de l’université.

Les étudiant·es étrangers sont confronté·es à des obstacles particuliers qui les empêchent d’utiliser ces services, notamment la méconnaissance de leur disponibilité, la stigmatisation culturelle des handicaps, les difficultés systémiques telles que les exigences en matière de documentation et les options limitées en matière d’aide financière. Compte tenu de ces obstacles, la question de l’accessibilité pour les étudiant·es étrangers reste un problème d’équité non résolu.

Pendant ce temps, les universités connaissent une augmentation constante de la demande de services d’accessibilité. Cette croissance reflète l’augmentation générale des inscriptions d’étudiant·es handicapé·es, une tendance qui ne montre aucun signe de ralentissement. Les universités s’adaptant à ces besoins croissants, il est évident que les ressources allouées à ces services doivent augmenter en conséquence. Jusqu’à présent, cela n’a pas été le cas. Les BSEH des collèges et des universités déclarent avoir des difficultés à répondre aux besoins des étudiant·es handicapé·es au rythme actuel.

Pour répondre aux besoins des étudiant·es handicapé·es, il faudra investir davantage dans ces services.

Perspectives d’avenir

Les récents changements en matière d’immigration et de politique devraient modifier les schémas d’inscription dans le secteur postsecondaire de l’Ontario. Comme moins d’étudiant·es étrangers s’inscrivent dans les collèges de l’Ontario, les étudiant·es canadien·nes représenteront une plus grande proportion de l’ensemble des inscriptions. Cette évolution rétablira probablement les tendances antérieures, les établissements d’enseignement supérieur enregistrant une part plus importante d’inscriptions auprès des BESH Toutefois, cela ne signifie pas que les universités bénéficieront d’un sursis. L’augmentation constante de la demande de services dans le secteur universitaire est plutôt le signe de pressions persistantes auxquelles il faut faire face.

Pour répondre aux besoins des étudiant·es handicapé·es, il faudra investir davantage dans ces services. Dans le même temps, la baisse des inscriptions d’étudiant·es étrangers ajoute une complication supplémentaire. Les institutions auront donc du mal à concilier la demande accrue de services pour les personnes handicapées avec d’autres défis financiers, ce qui suggère que le financement des services d’accessibilité pourrait devoir être réexaminé.

Pour plus d’informations sur la recherche du COQES concernant les tendances et les défis du financement des services aux personnes handicapées, vous pouvez lire le rapport complet ici.

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