
Le 7 novembre, le Conseil ontarien de la qualité de l’enseignement supérieur (COQES) tiendra la dixième édition de sa conférence annuelle, RepENSée. Cette édition mettra l’accent sur la conception des systèmes d’éducation et réunira plus de 50 conférencières et conférenciers dans 12 séances consacrées à des approches novatrices pour faire progresser l’enseignement postsecondaire.
En amont de la conférence, nous vous présentons des entretiens avec plusieurs intervenantes et intervenants afin d’en apprendre davantage sur leurs travaux.
Tanecia Rodriguez participera à la séance 2A intitulée : Communautés connectées : Collaborations novatrices entre les communautés autochtones et les établissements d’enseignement postsecondaire et les commissions scolaires de l’Ontario. Cette table ronde offrira aux participantes et participants un aperçu d’exemples de partenariats novateurs et fructueux, ainsi que l’occasion de découvrir les meilleures pratiques pour développer, entretenir et consolider ces relations à long terme.
Nous avons demandé à Tanecia de nous parler de son travail au Collège Centennial, où elle s’efforce d’élargir l’accès à l’éducation et d’accompagner les étudiantes et étudiants dans leur parcours au sein des systèmes coloniaux.
COQES : Pouvez-vous décrire le travail de sensibilisation que vous menez au Collège Centennial? À quoi ressemble une journée typique dans le cadre de vos fonctions?
Tanecia : Mon travail de sensibilisation au Collège Centennial repose avant tout sur la création de relations authentiques. Je m’applique toujours à rejoindre les apprenantes et apprenants dans leur réalité du moment. Je peux arriver à une rencontre avec une idée générale de la situation, mais je ne présume jamais savoir ce qui est le mieux; l’orientation vient toujours de la personne apprenante ou étudiante.
Une grande partie de mon travail consiste à créer des occasions d’accès pour celles et ceux qui ne sont pas encore engagés dans des études postsecondaires. Dès qu’une personne adopte l’identité d’« étudiante », je mets l’accent sur la persévérance; je l’accompagne afin qu’elle reste engagée dans ses études et qu’elle atteigne ses objectifs. Mon objectif est d’offrir un espace sûr et bienveillant où les étudiantes et étudiants peuvent reprendre leur souffle lorsque la vie devient accablante. Concrètement, ce rôle consiste à offrir une présence réconfortante : répondre à leurs questions, calmer leurs inquiétudes et, parfois, simplement écouter avec attention et empathie.
Je crois aussi fermement à l’importance de la défense des droits des étudiantes et étudiants. Je demande ce qu’il faut pour répondre aux besoins d’un étudiant ou d’une étudiante, même si cela signifie bousculer l’ordre établi au sein de l’établissement d’enseignement. Je ne prétends pas avoir réponse à tout, mais je suis fière d’être une personne qui ne ménage jamais ses efforts pour les découvrir.
COQES : Le développement communautaire est au cœur de votre travail. Selon vous, quels sont les facteurs essentiels d’un partenariat communautaire réussi?
Tanecia : Les partenariats communautaires fructueux commencent par l’ouverture d’esprit et l’ouverture du cœur. Pour moi, cela signifie aborder chaque relation dans un esprit de réciprocité, de collaboration ou de cocréation, avec la volonté à la fois d’écouter et de partager. Les véritables partenariats ne sont jamais à sens unique : ils reposent sur la confiance mutuelle et la reconnaissance que chacun et chacune a quelque chose de précieux à offrir.
Une dimension essentielle de ce travail consiste à créer un environnement où les personnes ressentent un véritable sentiment d’appartenance. Lorsqu’elles ont le sentiment de faire partie de quelque chose de plus grand qu’elles, il devient plus facile d’établir des liens solides et durables. Il est essentiel que les membres de la communauté se sentent à leur place, que leurs voix soient non seulement entendues, mais également reconnues, et qu’ils se sentent profondément compris.
C’est à ce moment-là que le travail communautaire prend tout son sens : lorsque les gens se sentent à la fois enracinés et reconnus au sein du partenariat.
COQES : Comment les établissements postsecondaires pourraient-ils mieux soutenir les étudiantes et étudiants autochtones?
Tanecia : Les établissements postsecondaires doivent reconnaître qu’il n’existe pas une seule et unique « expérience étudiante autochtone ». Les apprenantes et apprenants autochtones viennent d’horizons très variés : certains vivent dans les réserves, d’autres en milieu urbain; certains sont profondément ancrés dans leur culture, tandis que d’autres amorcent tout juste leur démarche de réappropriation culturelle. Bon nombre d’étudiantes et étudiants autochtones possèdent des identités intersectionnelles qui influencent leur manière de vivre leur expérience sur le campus. Une approche uniforme ne peut répondre de manière significative aux besoins de cette communauté.
Pour aller de l’avant, les établissements doivent s’engager à créer des espaces propices à la connexion, au sentiment d’appartenance, au partage de récits, aux cérémonies et à un soutien continu tout au long du parcours éducatif des étudiantes et étudiants. Faire preuve d’un engagement véritable consiste à aller au-delà des simples déclarations d’appui et à investir dans des pratiques concrètes : cercles de partage, activités en personne favorisant les liens, accès à des soutiens traditionnels en matière de mieux-être par l’entremise de gardiens du savoir et d’Aînés, programmes de mentorat, liens intergénérationnels et formations en leadership.
Le message est clair : les établissements postsecondaires doivent agir avec intention dans la façon dont ils soutiennent les étudiantes et étudiants autochtones, en veillant à ce que les mesures d’appui soient non seulement ancrées dans leur culture, mais qu’elles favorisent aussi l’émergence de leaders sur le campus, dans leurs communautés et partout où leur parcours les mènera.
Pour en savoir plus sur le travail de Tanecia et sur d’autres collaborations entre les établissements d’enseignement et les communautés autochtones, Inscrivez-vous dès maintenant à la conférence RepENSée ne manquez pas sa séance le 7 novembre à 11 h 30.
