Par Alana Button et Alexandra Macfarlane
Au début de l’année 2024, un changement radical de la politique fédérale a provoqué une chute spectaculaire des inscriptions d’étudiants étrangers dans l’ensemble de l’Ontario. Il y a eu beaucoup de spéculations et de préoccupations quant à l’impact de cette mesure sur le pays et plus particulièrement sur l’Ontario. Nous avons déjà constaté des coupes budgétaires et des licenciements dans les collèges de la province. De plus, avec la diminution du nombre d’étudiants étrangers en Ontario et la réduction des heures de travail à temps partiel pour ceux qui étudient en Ontario, la province pourrait être confrontée à une pénurie de travailleurs à temps partiel, suivie d’effets à plus long terme sur l’offre de main-d’œuvre qualifiée. Dans les collectivités locales où ces étudiants travaillent et étudient, ces impacts pourraient être encore plus prononcés.
Afin de mieux comprendre comment la baisse du nombre d’étudiants étrangers peut toucher le marché du travail, le COQES s’est associé au Collège Fleming, dans le cadre du Consortium sur l’éducation internationale, pour déterminer si les étudiants étrangers travaillent pendant leurs études et dans quels domaines. Le Collège Fleming a mené un sondage de 22 questions auprès de tous les étudiants étrangers des campus de Peterborough, Lindsay et Haliburton entre l’automne 2023 et l’automne 2024, et a obtenu 1 821 réponses au total. Les résultats du sondage confirment ce que de nombreux employeurs savaient déjà : avant le changement de politique fédérale, les étudiants étrangers étaient des travailleurs dévoués, travaillant dans divers secteurs à des taux élevés pendant leurs études.
Les étudiants étrangers travaillent dans divers secteurs à des taux élevés pendant leurs études.
Les étudiants étrangers du Collège Fleming arrivent hautement qualifiés ─ 56 % d’entre eux sont titulaires d’un diplôme de premier cycle et 16 % d’un diplôme de deuxième cycle (maîtrise ou doctorat). De nombreux étudiants étrangers, quels que soient leurs antécédents scolaires, sont confrontés à la nécessité financière de travailler pendant leurs études.

Cinquante-trois pour cent des étudiants interrogés ont déclaré travailler pendant leurs études – 41 % d’entre eux ont déclaré travailler 15 heures ou plus par semaine – et 94 % des étudiants qui ne travaillent pas ont déclaré être à la recherche d’un emploi. Comme de nombreux étudiants canadiens, la plupart des étudiants étrangers ne travaillent pas dans leur domaine d’études – ils occupent des postes de débutants, à temps partiel, souvent mal rémunérés et ne nécessitant que peu ou pas de formation. La plupart des personnes interrogées (92 %) ont déclaré que la principale raison pour laquelle elles travaillaient était la recherche d’une source de revenus pour subvenir à leurs besoins. Vous trouverez ci-dessous les cinq principales professions des répondants au sondage. Plus d’un tiers d’entre eux travaillent dans les secteurs de la restauration et du commerce de détail.

Certains étudiants étrangers, notamment ceux qui suivent des programmes ayant un lien direct avec le marché du travail, trouvent un emploi plus directement lié à leur domaine d’études avant d’obtenir leur diplôme. Parmi les répondants qui travaillent, 54 % des étudiants se destinant à la profession de préposé aux services de soutien à la personne et 22 % des étudiants en éducation de la petite enfance travaillent déjà dans leur domaine – deux domaines où l’Ontario a désespérément besoin de travailleurs qualifiés.
Au Collège Fleming, les étudiants étrangers contribuent à alimenter la main-d’œuvre locale, la plupart d’entre eux travaillant dans les communautés où ils vivent. Soixante-quatorze pour cent des étudiants étrangers interrogés travaillent à moins de 40 minutes de leur lieu de résidence et 79 % d’entre eux utilisent les transports en commun, la marche ou le vélo pour se rendre au travail. Bien que ces chiffres ne soient pas surprenants, ils soulignent le fait que les étudiants étrangers servent, soutiennent et renforcent la communauté de Fleming.
Quelle incidence la diminution du nombre d’étudiants étrangers a-t-elle sur les collectivités et l’économie générale de l’Ontario? Certains employeurs ont déjà commencé à s’inquiéter de ce déclin, décrivant les étudiants étrangers comme un élément essentiel de la main-d’œuvre. Toutefois, leur absence n’est peut-être pas ressentie de la même manière dans toute la province. Dans les grandes villes dotées de vastes bassins de main-d’œuvre, l’effet peut être atténué, mais dans les petites collectivités, les conséquences pourraient être beaucoup plus prononcées. Le Collège Fleming est réparti sur trois campus en dehors de la région du Grand Toronto. Les petites villes universitaires, comme celles soutenues par le Collège Fleming, en sont venues à dépendre d’un flux constant – et croissant – de travailleurs à temps partiel pour occuper ces postes horaires, basés sur des quarts de travail. La baisse du nombre d’étudiants étrangers n’a pas seulement un impact sur la vie du campus; elle se traduit par une diminution du nombre de personnes hautement qualifiées disponibles pour travailler dans ces régions et les faire croître.
Les petites villes universitaires en sont venues à dépendre d’un flux constant de travailleurs à temps partiel pour occuper des postes horaires, basés sur des quarts de travail.
Les étudiants étrangers dépensent également de l’argent pour le loyer, les transports en commun, les restaurants, les épiceries et d’autres petites entreprises. En augmentant les dépenses dans la région, les étudiants étrangers du Collège Fleming sont devenus des contributeurs essentiels à l’économie locale. Si l’on considère que 14 % des répondants au sondage préfèrent travailler dans la communauté de leur campus et que 60 % souhaitent travailler en Ontario après avoir obtenu leur diplôme, les diplômés étrangers qui ont développé leurs compétences dans des établissements postsecondaires constituent une importante source de main-d’œuvre qualifiée pour la province. Les collectivités de l’Ontario risquent de souffrir de la perte de ce réservoir de main-d’œuvre. Les zones rurales et isolées, où les immigrés jouent un rôle crucial pour combler les pénuries de main-d’œuvre et attirer de nouveaux résidents, risquent d’être particulièrement touchées.
Les collectivités de l’Ontario risquent de souffrir de la perte de ce réservoir de main-d’œuvre.
Les changements de politique d’immigration ont des répercussions sur l’offre de main-d’œuvre et la diversité culturelle dans les collectivités de l’Ontario, mais ils peuvent aussi avoir des conséquences à plus long terme qui pourraient affaiblir le bassin de talents et entraver la croissance économique pour les années à venir. Les étudiants étrangers ne sont pas seulement des travailleurs à temps partiel; ils apportent des idées, des cultures et des perspectives diverses, et deviennent des diplômés talentueux et qualifiés, capables de contribuer à la croissance économique de l’Ontario.
Pour plus d’informations sur le secteur international de l’Ontario, consultez la page suivante du COQES : Consortium sur l’éducation internationale.
