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Le manque de données de recherche entrave les efforts pour évaluer les programmes d’accès aux études postsecondaires
Plus de 80 % des élèves du secondaire en Ontario s’inscrivent dans un établissement postsecondaire avant d’atteindre 21 ans, ce qui place la province parmi les leaders mondiaux au chapitre de la participation aux études postsecondaires (EPS). Cependant, des problèmes d’accès se posent toujours pour certains groupes – en particulier pour les élèves dont les parents n’ont fait aucune étude postsecondaire ou ceux qui se déclarent d’origine autochtone.Malgré les efforts déployés par le gouvernement et les établissements pour améliorer l’accès de ces groupes, l’absence de données longitudinales courantes rendra difficile le suivi des progrès et l’évaluation de leur incidence, selon le rapport En question L’accessibilité de l’éducation postsecondaire en Ontario : survol, du Conseil ontarien de la qualité de l’enseignement supérieur (COQES).
Description du projet
Depuis qu’il est devenu opérationnel en 2007, le COQES a réalisé des études approfondies sur l’accessibilité des EPS en utilisant des sources nationales de données et en corrélant des données provenant d’établissements secondaires et des services provinciaux d’inscription aux collèges et universités. Le COQES a également commandé plusieurs études externes sur le sujet. Ce rapport En question résume les constatations à ce jour.
Le plan d’action Vers des résultats supérieurs (Gouvernement de l’Ontario, 2005), fondé sur le rapport Rae (2004), a permis de cerner des groupes précis auxquels le gouvernement devra porter une attention particulière, soit : les familles à faible revenu, les autochtones, les francophones, les Néo Canadiennes et Néo-Canadiens, les personnes handicapées et les étudiantes et étudiants de première génération (ceux dont les parents n’ont pas fait d’études postsecondaires).
Constatations
Toutefois, selon les travaux de recherche du COQES, certains de ces groupes ne sont pas sous-représentés. Les jeunes immigrantes et immigrants de première et de deuxième génération (nés à l’extérieur du Canada ou dont un parent est né à l’extérieur du Canada), par exemple, sont significativement plus susceptibles que les non immigrants de poursuivre des EPS, en particulier à l’université. La participation des jeunes francophones aux EPS est comparable à celle des non francophones, les politiques étant maintenant axées sur la disponibilité de programmes en français.
Il existe des recoupements importants entre les facteurs qui influent sur la décision de poursuivre (ou non) des EPS. Ainsi, l’incidence du revenu est beaucoup plus faible que ce que l’on croit généralement lorsque d’autres facteurs d’influence, comme le niveau d’études des parents ou le fait de vivre dans une région rurale, sont pris en compte.
L’écart entre la participation des jeunes des milieux urbains et ruraux aux EPS peut être attribuable aux coûts additionnels que les jeunes des milieux ruraux doivent payer pour fréquenter le collège ou l’université – ces établissements étant habituellement situés dans des centres urbains. La recherche menée par le COQES a montré que la sous-représentation des personnes handicapées est également attribuable, en partie, aux coûts additionnels qu’entraînent pour elles la poursuite et l’achèvement d’EPS, ainsi qu’à l’incertitude à laquelle les personnes handicapées sont confrontées sur le marché du travail une fois leur diplôme obtenu.
Toutefois, une fois pris en compte les recoupements entre les différents facteurs exerçant une influence, les jeunes dont les parents n’ont pas fait d’EPS et ceux qui se déclarent d’origine autochtone sont significativement moins susceptible que les autres de fréquenter un établissement d’enseignement postsecondaire.
Répercussions sur les politiques
Selon les auteurs, une approche différente est requise pour augmenter le taux de participation de ces groupes puisque l’argent seul ne suffira pas. Les initiatives stratégiques doivent viser des aspects particuliers, comme par exemple présenter de l’information exacte et facile à comprendre sur les coûts et les avantages des EPS ainsi que sur l’aide financière et les autres mesures de soutien disponibles et fournir une assistance accrue afin d’aider les jeunes à comprendre l’éventail complexe des choix en matière d’EPS ainsi qu’une orientation sur la façon de naviguer à travers les processus de demande d’admission et d’inscription. Comme le soulignent d’autres recherches du COQES, ces initiatives doivent débuter bien avant le secondaire et peuvent nécessiter la mobilisation de la famille élargie et même de collectivités entières.
La réduction et éventuellement l’élimination de ces écarts entre les niveaux d’EPS augmenteront les taux de participation et de diplomation des étudiantes et étudiants des groupes sous-représentés, déclarent les auteurs.
Plusieurs initiatives ont été mises en place par le gouvernement et les établissements individuels, mais les activités de suivi et d’évaluation sont entravées par l’absence d’études longitudinales, comme l’Enquête auprès des jeunes en transition de Statistique Canada, qui en est à son cycle final sans qu’aucun plan de suivi n’ait été élaboré. En outre, l’année dernière, le gouvernement a décidé de rendre facultative la réponse jusqu’alors obligatoire au questionnaire détaillé du recensement de Statistique Canada, qui était la principale source de données sur les EPS.Cette décision a suscité des préoccupations généralisées – on craint en effet que les données ne soient biaisées et, par conséquent, non fiables.
Tel que les choses se présentent, il ne sera pas possible de suivre les tendances en matière de participation aux EPS au fil du temps et d’évaluer ainsi l’incidence des politiques ayant pour but de réduire et, éventuellement, d’éliminer les disparités entre les taux de participation.
Ce rapport En question a été rédigé par Ken Norrie, vice-président à la recherche et par Huizi Zhao, analyste de la recherche, Conseil ontarien de la qualité de l’enseignement supérieur.