Les étudiants qui retardent leurs études postsecondaires ne sont pas pénalisés lorsqu’ils arrivent sur le marché du travail
Aujourd’hui, de plus en plus d’étudiants retardent le début de leurs études postsecondaires (EPS). Or, une nouvelle étude du Conseil ontarien de la qualité de l’enseignement supérieur révèle que cette décision n’a aucune répercussion d’importance sur la situation de ces diplômés sur le marché du travail. Selon cette étude, les étudiants qui attendent pour commencer leurs EPS s’en tirent tout aussi bien que ceux qui les commencent directement après le secondaire sur la plupart des points mesurés, dont le taux de chômage, l’emploi dans le domaine d’études, la surqualification et le revenu annuel.
On note par contre une différence entre les deux groupes : les étudiants qui retardent le début de leurs EPS, surtout ceux qui les commencent beaucoup plus tard, ne choisissent pas les mêmes programmes que les autres. Ils sont plus susceptibles de faire des études collégiales, et ceux qui optent pour l’université sont proportionnellement plus nombreux à s’inscrire dans des programmes d’arts libéraux.
Description du projet
L’étude en question, intitulée Retour aux études postsecondaires après une interruption : profil et résultats sur le marché du travail des diplômés d’études postsecondaires de l’Ontario , est fondée sur les données d’enquêtes de Statistique Canada, soit l’Enquête nationale auprès des diplômés et l’Enquête de suivi auprès des diplômés, complétées par l’Enquête sur la population active. Les données portent sur les cohortes de 1982 à 2005. L’auteur de cette étude s’est penché sur le profil démographique des personnes qui reportent le début de leurs études, leurs choix en matière de programme et leurs résultats sur le marché du travail. Ces étudiants ont été répartis en deux catégories, soit ceux qui reportent leurs EPS à court terme et ceux qui les reportent à long terme, d’après leur âge au moment où ils ont obtenu leur premier diplôme d’EPS.
Constatations
En Ontario, les personnes qui repoussent leurs EPS sont en général des étudiants de première génération (des diplômés dont les parents n’ont pas fait d’EPS) ou des Autochtones, soit des groupes habituellement sous représentés aux études supérieures. Cela s’applique tout particulièrement aux étudiants qui retardent de beaucoup leur entrée au postsecondaire. Dans la cohorte de 2005, 44 % de ceux qui ont attendu longtemps avant de commencer leurs EPS sont des étudiants de première génération; cela représente 20 points de pourcentage de plus que chez ceux qui poursuivent leurs études sans s’arrêter. Soulignons en outre que le pourcentage de diplômés qui ont repoussé le moment d’entreprendre leurs EPS dont la langue maternelle n’est ni l’anglais ni le français a augmenté. Alors qu’il se situait entre 5 % et 15 % dans les années 1980, il était de 15 % à 25 % chez les cohortes de 2000 et de 2005.
Les choix de programme des étudiants qui repoussent le début de leurs EPS est plus diversifié au niveau collégial qu’au niveau universitaire. Ceux qui retardent leurs études à court terme choisissent des programmes semblables à ceux des étudiants qui arrivent directement du secondaire, tandis que ceux qui attendent plus longtemps pour poursuivre leurs études sont plus susceptibles de choisir les domaines de la santé, de l’informatique, de l’architecture et du génie. Ces derniers sont en outre proportionnellement moins nombreux à opter pour des programmes en éducation ou en sciences physiques ou biologiques.
Si, globalement, la situation sur le marché du travail des personnes qui se sont arrêtées un certain temps avant d’entreprendre des EPS est assez semblable à celle des personnes qui ont poursuivi leur études sans s’arrêter après le secondaire, l’étude a néanmoins révélé que les diplômés du niveau collégial qui ont retardé de beaucoup leurs EPS sont plus susceptibles de ne plus faire partie de la population active cinq ans après l’obtention de leur diplôme.
Compte tenu de la croissance du nombre d’étudiants qui retardent le moment d’entreprendre des EPS et des objectifs généraux de la provinces en matière de scolarité, l’auteur estime que ces étudiants ne doivent pas être vus comme un groupe d’importance secondaire dans le système d’enseignement supérieur de l’Ontario et que les décideurs doivent s’y intéresser de près.
Le rapport Retour aux études postsecondaires après une interruption : profil et résultats sur le marché du travail des diplômés d’études postsecondaires de l’Ontario a été rédigé par Shuping Liu, analyste de recherche au Conseil ontarien de la qualité de l’enseignement supérieur.