Dans notre mire met en valeur des membres du personnel et blogueurs invités du COQES qui présentent leur point de vue unique sur les tendances, les nouvelles idées et les questions délicates relatives à l’enseignement supérieur. Les opinions exprimées n’engagent que les auteurs.
Depuis des années, les établissements d’enseignement postsecondaire recueillent de grandes quantités de données sans pour autant exploiter leur plein potentiel. Les établissements d’enseignement postsecondaire s’intéressent – ou, du moins, devraient s’intéresser – tout particulièrement à l’amélioration des étudiants dans leur cheminement, du temps pris par ces derniers pour obtenir leur diplôme et de leur taux de persévérance scolaire. De tels enjeux ne comportent pas de solutions claires, mais l’exploration des données et les analyses scolaires, lesquelles ont tendance à reposer sur les données administratives et d’autres données pertinentes à propos des étudiants, sont utilisées par certains établissements d’enseignement postsecondaires et semblent constituer un pas dans la bonne direction.
Les demandes d’admission qui s’appuient sur l’exploration des données et les analyses scolaires peuvent être employées, entre autres, par les administrateurs, les professeurs, les conseillers et les étudiants. En quoi les étudiants inscrits à un programme d’études postsecondaires et sur le point d’amorcer celui ci peuvent ils tirer parti de l’exploration des données et des analyses scolaires? À mon sens, l’une des meilleures mises en application, c’est le conseiller virtuel. Bien que celui ci s’apparente au conseiller type qui oriente les étudiants tout au long de leur cheminement postsecondaire, le conseiller virtuel n’a pas été créé pour remplacer le conseiller type, mais plutôt pour lui apporter – de même qu’aux étudiants – de l’aide.
À titre d’exemple, l’université d’État de l’Arizona procure une vaste gamme de services et soutiens par le truchement d’eAdvisor. Celui ci fait le suivi de l’évolution des étudiants au cours de leurs quatre premières sessions, aide à la planification des choix de cours et avertit les étudiants et les conseillers si l’étudiant fait fausse route. Dans une telle situation, l’étudiant doit consulter un conseiller avant de s’inscrire à d’autres cours. Si l’étudiant continue de faire fausse route durant deux sessions consécutives, il risque de devoir changer de spécialisation.
À l’université Purdue, l’application Course Signals permet de prédire la réussite d’un étudiant dans un programme par la combinaison des renseignements sur leurs notes dans le programme, le temps qu’ils ont consacré à la tâche, de même que leur rendement antérieur. Chaque programme participant attribue aux étudiants une couleur en fonction de ces trois critères. La couleur verte signifie que le risque d’un piètre rendement chez l’étudiant est faible, la couleur jaune indique que l’étudiant peut s’améliorer, tandis que la couleur rouge révèle un risque élevé de piètre rendement chez l’étudiant. Contrairement à eAdvisor, l’application Course Signals dépend fortement de la participation des professeurs du programme, car ces derniers décident de la fréquence à laquelle ils procèdent aux signalements dans le contexte du programme.
Bien qu’elles ne fassent qu’effleurer les potentialités de l’exploration des données et des analyses scolaires dans le contexte de l’enseignement supérieur, ces méthodes sont novatrices face à l’enjeu auquel sont perpétuellement confrontés les établissements dans l’amélioration de la réussite des étudiants. Aux quelques personnes qui pourraient s’inquiéter du risque d’ingérence dans la vie privée que présentent des applications telles qu’eAdvisor, je réagirais en leur demandant de me montrer une meilleure solution qui fonctionne véritablement.
Certes, des applications comme celles en usage aux universités d’État de l’Arizona et Purdue s’ingèrent peut être davantage dans la vie privée que ne le ferait un conseiller type, mais elles génèrent des résultats positifs. De nombreux établissements ont fait état d’une hausse de la réussite chez les étudiants, notamment au chapitre des notes obtenus dans le programme et de taux de persévérance scolaire. Pendant que l’innovation semble être le concept à la mode et que la plupart d’entre nous ne font qu’en parler, les exemples ci dessus révèlent que certains intervenants en sont à la concrétiser. Au sein du secteur, l’heure n’est plus aux trop nombreuses discussions à ce sujet; le temps est venu de passer à l’action. Si les techniques posent problème, il convient de proposer certaines solutions plutôt que de s’en tenir aux critiques. Nul besoin de chercher bien loin pour voir où cela nous a menés.
-Lindsay DeClou, analyste de recherche