Les résultats d’apprentissage ont occupé une place importante dans ma carrière en enseignement supérieur au cours des 25 dernières années. J’ai obtenu un diplôme en travail social de l’Université McGill dans les années 80, mais je n’ai pas exercé le métier de travailleur social depuis très longtemps. Si je me souviens en partie du contenu que j’ai appris (de nos jours, j’ai de la difficulté à me rappeler ce que j’ai mangé pour déjeuner!), je n’ai certes pas oublié la méthode de la pensée systématique à laquelle j’ai été exposé dans de nombreux cours et expériences à l’extérieur de la salle de classe, ainsi que l’importance de la compassion, de la collectivité et de l’incidence de la responsabilisation personnelle et sociale. Ces résultats découlant de mes études de premier cycle – en d’autres termes, les connaissances, les compétences et les attitudes inculquées – m’ont été utiles dans presque tous les aspects de ma vie.
Il m’a fallu de nombreuses années pour comprendre et utiliser consciemment ce que j’avais appris. Il semble maintenant clair que ces résultats faisaient implicitement et volontairement partie de ma formation; j’ose à peine imaginer leurs répercussions s’ils m’avaient été présentés de façon explicite et si je les avais mis en pratique pendant toutes ces années de formation. Même s’il ne fait aucun doute que je devais tirer mes propres leçons de mes études de premier cycle, avoir su quels étaient les résultats attendus et avoir eu l’occasion de les mettre en pratique m’auraient davantage permis d’établir des liens entre les nombreuses activités d’apprentissage faisant partie de mes études postsecondaires, mais qui me semblaient alors disparates.
Selon moi, le mouvement actuel en Ontario relativement aux résultats d’apprentissage consiste à faire en sorte de fournir aux étudiants des occasions délibérées d’acquérir les connaissances, les compétences et les attitudes durables prisées par nos programmes, établissements et disciplines. J’espère que les étudiants disposeront à la fin de leur programme d’un ensemble de capacités qui leur seront utiles tout au long de leur vie, peu importe s’ils utilisent ou non leurs connaissances dans le contexte précis dans lequel ils les ont acquises. Pourtant, je pense que vous obtiendriez bien des regards vides si vous demandiez à la plupart des étudiants ce qu’ils pensent des résultats de programme. Si cela est compréhensible, cela est également regrettable puisque des générations d’étudiants passent dans nos murs pendant que nous tâchons de trouver des façons de mobiliser pleinement les étudiants sur les questions touchant les résultats d’apprentissage.
Il est vrai qu’il existe maintenant certaines méthodes pédagogiques bien établies pour ancrer les résultats d’apprentissage. Par exemple, les programmes d’alternance travail-études, les cours de recherche et l’apprentissage en milieu communautaire fournissent d’excellentes occasions de renforcer les acquis et de se pencher sur ceux-ci. Néanmoins, les occasions intentionnelles de mettre en pratique les connaissances, de fournir de la rétroaction et de donner un sens à l’apprentissage ne sont pas toujours pleinement intégrées au programme d’études. De plus, même si beaucoup d’attention est accordée à de nombreuses autres méthodes – comme les portfolios électroniques axés sur les résultats et les expériences d’apprentissage de fin d’études – il est difficile de trouver des méthodes bien établies d’apprentissage et d’enseignement axées sur les résultats ayant été intégrées dans de nombreux programmes.
Les occasions parallèles au programme d’études représentent un nouveau domaine prometteur puisqu’il permet aux étudiants d’intégrer eux-mêmes les connaissances acquises officiellement et officieusement. À l’Université Queen’s, par exemple, des projets pilotes sont mis en place pour fournir à tous les étudiants des portfolios électroniques axés sur les résultats ne relevant pas des programmes d’études officiels. Cette approche n’exige pas de s’engager officiellement dans un programme et permet aux étudiants de vivre une panoplie d’expériences, scolaires et autres. Elle sera probablement adoptée par de nombreux étudiants autonomes ou s’apprêtant à entrer sur le marché du travail. Ce n’est qu’en appliquant une démarche plus pédagogique à l’harmonisation des résultats des programmes au sein des principales expériences d’apprentissage que nous pourrons faire en sorte que l’expérience scolaire formera des citoyens, des créateurs de connaissances et des utilisateurs de connaissances, c’est-à-dire nos étudiants, confiants, instruits, capables de réfléchir et qui s’expriment bien.
Peter Wolf exerce les fonctions de vice-recteur associé, Enseignement et apprentissage, et de directeur du Centre for Teaching and Learning à l’Université Queen’s.
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