Qui aurait pu prévoir qu’une carrière en enseignement du français au niveau élémentaire me mènerait ultérieurement vers un poste d’agente de recherche et de changement chez un éditeur d’ouvrages pédagogiques? Cependant, pour moi qui étais sur le point de terminer mes études doctorales, le fait de mener de la recherche plutôt que d’enseigner en classe s’apparentait bel et bien à la prochaine étape logique à atteindre, même à un moyen concret de mettre mes nouvelles aptitudes en application. En novembre 2013, mois où l’éditeur Pearson Canada s’est fermement engagé à ce que ses produits et services comportent des retombées mesurables sur la vie des gens au moyen de l’apprentissage, j’en suis venue à accepter de relever un défi : diriger le programme de recherche de l’entreprise sur l’efficacité à l’interne et à l’externe partout au pays.
Pour travailler dans le volet administratif de l’enseignement, il m’a fallu suivre une courbe d’apprentissage prononcée; j’ai pu toutefois continuer de prêter attention aux élèves, ma toute première source de motivation pour entreprendre une carrière en enseignement. Depuis deux ans, plus je collabore avec mes collègues et chefs de file de l’enseignement aux niveaux élémentaire, secondaire et universitaire, plus je prends conscience des ressemblances entre ces niveaux. Bien entendu, des différences sont perceptibles dans les modèles de financement et d’attestation, les pratiques d’évaluation, l’âge, les aptitudes et la motivation des étudiants, ainsi que la structure des cursus par rapport aux programmes, mais la conception des produits et des services exige au départ une idée claire des résultats attendus chez les élèves.
Il existe une différence fondamentale entre les résultats des élèves et ceux de l’apprentissage. En effet, les résultats de l’apprentissage consistent en des énoncés qui figurent souvent dans la documentation des cursus à propos de la matière apprise, tandis que les résultats des élèves ont une portée beaucoup plus vaste : il s’agit de la façon dont une vie humaine est transformée par l’expérience éducative. À l’interne, des équipes discernent les résultats des élèves au moyen de modèles logiques, d’ateliers sur les résultats, ainsi que de la rétroaction provenant de la clientèle et des élèves. Voici les quatre thèmes des résultats des élèves qui s’appliquent aux contextes d’enseignement des niveaux élémentaire, secondaire et universitaire.
- L’accès et l’expérience des élèves font intervenir la capacité des élèves à accéder au contenu selon leur niveau et leur degré de satisfaction ou de participation quant à ce contenu. Les enseignants et instituteurs prêtent attention à ce thème, lequel leur permet d’en apprendre au préalable sur les connaissances et intérêts de leurs élèves pour ensuite concevoir l’apprentissage afin de répondre aux besoins particuliers de ces derniers.
- L’opportunité ou l’achèvement désigne les progrès réalisés par les élèves tout au long du programme et au rythme de l’utilisation qu’ils en font pour en arriver à la norme ou à la compétence. Dans l’enseignement en contexte élémentaire, secondaire ou universitaire, ce but est atteint par l’évaluation des progrès des élèves et la prestation d’une rétroaction formative continue.
- La norme à atteindre ou le niveau de compétence témoigne de l’acquisition de concepts, d’aptitudes ou de qualifications, une fois la ressource utilisée ou le « cours » mené à bien. Les enseignants et les professeurs recueillent les données probantes au moyen d’un éventail de pratiques d’autoévaluation, d’évaluation des pairs et d’évaluation des enseignants.
- La progression des élèves, de nature nettement plus longitudinale, peut s’étendre en réalité au‑delà du lien des élèves avec la ressource de l’éditeur Pearson à l’école ou au sein de l’établissement d’enseignement. Ce thème se rapporte à la capacité de progresser vers l’unité, l’année d’études, la formation ou le cycle d’études subséquent, voire le marché du travail.
Afin que les concepteurs et créateurs de Pearson procèdent de la bonne façon pour en arriver aux résultats voulus chez les élèves, les membres de l’équipe effectuent un examen d’efficacité, à savoir une évaluation du produit ou du programme selon 12 critères. Après avoir attribué à chaque critère une note selon une échelle de quatre points (allant de la couleur verte à la couleur rouge), nous jaugeons l’efficacité globale vraisemblable d’un produit et, parallèlement, nous discernons les domaines particuliers où il faut améliorer les retombées. Par la suite, l’équipe met au point un plan d’action assorti de rôles, de responsabilités et d’échéanciers détaillés en vue d’apporter les changements requis. Les réunions de contrôle en guise de suivi donnent à chaque participant à l’élaboration du produit l’occasion de s’investir dans la surveillance continue et la présentation de rapports sur les progrès effectués.
Depuis 2013, nous avons également eu l’occasion de procéder à des examens d’efficacité avec des chercheurs et chefs de file de l’enseignement à l’extérieur de l’éditeur Pearson. Les résultats tirés de 11 examens différents auprès d’arrondissements scolaires, de collèges et d’universités partout au Canada donnent également à penser qu’il existe des ressemblances entre l’enseignement aux niveaux élémentaire, secondaire et universitaire quant aux efforts d’amélioration ou d’instauration au sein des structures locales. Dans l’établissement de plans d’amélioration et d’instauration axés sur la réussite, voici les besoins communs à combler :
- intégrer d’emblée un nombre accru de points de vue durant les pourparlers afin de garantir l’adhésion aux plans;
- jauger la capacité de changement des enseignants, du corps professoral et des utilisateurs par l’évaluation de l’état de préparation, puis concevoir un accès continu à l’apprentissage professionnel différencié;
- documenter et communiquer à une vaste échelle les résultats souhaités d’une initiative, de façon à ce que tous les intervenants pertinents comprennent la justification du changement;
- décrire clairement les rôles, les responsabilités, la gouvernance, les risques et les échéanciers des personnes;
- recueillir auprès de tous les intervenants une rétroaction ainsi que des données probantes exhaustives et de qualité;
- faire part des progrès à l’échelle des établissements d’enseignement, des utilisateurs et des responsables de la mise en œuvre.
Nous amorçons notre transformation interne et, déjà, notre collaboration avec des intervenants de l’enseignement élémentaire, secondaire et universitaire nous emballe au plus haut point. Dans la foulée de la commercialisation de nos produits et de l’étude des retombées sur les élèves, d’autres points de convergence entre les arrondissements scolaires, les collèges et les universités apparaîtront sûrement. La prochaine étape consistera à communiquer nos apprentissages au vaste ensemble des parties prenantes de l’enseignement.
Tania Sterling est vice‑présidente, Efficacité, chez Pearson Canada.
À notre avis, les blogueuses et blogueurs invités expriment leurs propres avis, et pas nécessairement ceux du COQES.