Plutôt que d’énoncer que le monde moderne évolue rapidement et d’employer ainsi un cliché, il serait plus juste d’affirmer que la technologie progresse presque chaque jour, à un point tel que même le connaisseur le plus perspicace de la technologie se demande s’il a vraiment besoin d’une autre version du même téléphone. Nous cherchons sans relâche à demeurer à jour sur ce plan-là puis, à bout de souffle, nous attendons de voir quel sera le prochain palier à atteindre.
De plus, les enjeux ne cessent de prendre de l’ampleur. Selon le New York Times, les pressions exercées pour se hisser vers la réussite, parallèlement à la présence de personnages élaborés avec soin dans les médias sociaux, occasionnent de plus en plus de suicides chez les jeunes aux États-Unis. Le tableau brossé par cet article demeure toutefois incomplet.
Il y a un foisonnement de publications ayant pour thème la modernité, ainsi que la position apparemment précaire de nos jeunes dans ce contexte; toutefois, de telles publications ont tendance à négliger et à sous‑évaluer les pensées, la rétroaction et les réflexions des personnes mêmes qu’elles tentent de comprendre. En tant qu’adultes, parents ou enseignants, nous nous inquiétons de la santé mentale de nos jeunes. Leur surexposition à la technologie, en ce qui touche les retombées sur leur cerveau et leurs facultés cognitives, nous préoccupe.
Or, qu’est-ce qui préoccupe au juste nos enfants et nos jeunes?
À quelles réalités sont-ils confrontés et comment s’en tirent-ils dans le monde moderne? Comment définissent-ils leurs épreuves et leurs réussites? Comment pouvons-nous mieux les écouter et collaborer avec eux pour les aider à passer à l’âge adulte et à s’y épanouir?
Ce ne sont là que quelques-unes des questions auxquelles le groupe de recherche Young Lives Research Lab (YLRL) tente de répondre. Le YLRL, créé en 2009 et situé à l’Université de l’Île-du-Prince-Édouard, consiste en un groupe interdisciplinaire et international composé d’équipes d’universitaires et d’étudiants qui prêtent attention aux études sur les jeunes. Il a pour mission de créer un espace propice au point de vue des jeunes et inspiré de celui-ci dans le contexte de la recherche sur les jeunes.
L’YLRL héberge, également à l’Université, le Laboratoire de recherche qualitative d’une Chaire de recherche du Canada, où nous exécutons l’essentiel de nos activités de collecte et d’analyse des données. Ce laboratoire, doté entre autres d’un logiciel ultramoderne d’extraction et d’analyse des données, d’outils de transcription, de dispositifs d’enregistrement audio et vidéo, d’équipement vidéo de qualité professionnelle, d’un logiciel de montage et d’ordinateurs, sert d’espace de collaboration dans lequel les chercheurs et les étudiants ayant recours à des méthodes qualitatives peuvent se servir de notre équipement et faire appel à notre savoir-faire.
Nos études portent sur trois domaines clés d’intérêt dans les études sur les jeunes : la technologie; la santé mentale et la modernisation de l’enseignement public; la contribution à la théorie et aux méthodologies naissantes. C’est dans ces contextes que nous lançons aux jeunes et aux enfants une invitation à participer aux grandes conversations qui se déroulent à propos et autour d’eux.
Conformément à notre mission d’intégration des jeunes, le but de notre recherche consiste à traiter ces enjeux clés et, parallèlement, à demeurer constamment à l’écoute de ce que nos jeunes discernent et interprètent. Au cours de la dernière année, nous avons cherché à transmettre notre invitation par le recours à la technologie même, entre autres.
Le projet Digital Storytelling, réalisé en partenariat avec la Confédération micmaque de l’Île‑du‑Prince‑Édouard, a permis de fournir à de jeunes Autochtones de l’équipement cinématographique ainsi qu’une formation sur le logiciel de montage de vidéos afin qu’ils puissent raconteur leur vécu relativement aux retombées des medias numériques sur leur santé mentale. Les jeunes participants à ce projet ont continué de faire part de leurs connaissances pratiques nouvellement acquises à leurs pairs et la production de films mettant en relief les enjeux importants au sein de leurs communautés continue de les intéresser.
Il convient également de souligner le projet Digital Media en expansion. Conçu pour examiner les retombées de la technologie sur la vie des jeunes, ce projet se rapporte à trois nations – le Canada; l’Australie; l’Écosse – et s’étend sur cinq ans. L’innovation est requise, étant donné les difficultés relatives à la collecte des données des médias sociaux et au transfert sécurisé de données entre pays, tout en demeurant au fait du monde de la technologie en pleine évolution.
Enfin, le projet longitudinal ACCESS Mental Health (AMH) traite des voies d’entrée et de sortie relativement au système de soins en santé mentale du Canada. Le projet AMH a trait à quatre provinces du Canada atlantique et son exécution se fait en partenariat avec l’Université Memorial, l’Université St. Mary’s et l’Université du Nouveau-Brunswick. Les membres de l’équipe de ce projet s’entretiennent avec les fournisseurs de service, les parents et les enfants pour en apprendre sur les services de soins en santé mentale offerts aux jeunes et aux enfants du Canada atlantique, de même que l’accès au système dont disposent actuellement les jeunes, les parents et les fournisseurs de service.
Tout compte fait, c’est en posant des questions que nous obtiendrons des réponses.
Kate Tilleczek est professeure permanente, titulaire de la Chaire de recherche du Canada de niveau 1 sur la vie des jeunes dans des contextes local et mondial financée par le CRSH, et directrice du groupe de recherche Young Lives Research Lab à l’Université de l’Île-du-Prince-Édouard. Ruby Madigan est associée de recherche et gestionnaire de laboratoire du groupe de recherche Young Lives Research Lab.
À notre avis, les blogueuses et blogueurs invités expriment leurs propres avis, et pas nécessairement ceux du COQES.