Dans son budget déposé mardi dernier, le gouvernement de l’Ontario a annoncé des changements considérables au mode par lequel l’aide financière aux étudiants sera proposée pour favoriser une hausse de participation chez les étudiants issus de familles à faible revenu. De tels changements se concrétisent après des années de recherches faites par des organisations, dont le COQES, relativement aux effets inhibiteurs des droits de scolarité affichés élevés et de l’aversion pour les frais sur la volonté des étudiants issus de familles à faible revenu d’envisager la poursuite d’études postsecondaires. Dans les recherches effectuées, les types de changements institués par le gouvernement étaient recommandés : la simplification du système d’aide financière, le regroupement des divers programmes de prêts et de bourses, l’octroi d’un montant d’emblée supérieur en matière d’aide financière, l’élimination des crédits d’impôt, de même qu’une évolution globale vers une façon de concevoir le coût de l’enseignement supérieur sous l’angle des droits de scolarité nets. Nous nous réjouissons des réformes du gouvernement annoncées dans le budget.
Maintenant, nous espérons qu’une prise de décisions factuelles du même ordre serve à résoudre certaines des autres difficultés considérables auxquelles le système d’enseignement postsecondaire de l’Ontario fait actuellement face. Nous en avons répertorié trois ci‑après.
D’abord, la qualité de l’expérience pédagogique aux niveaux collégial et universitaire en Ontario suscite de grands débats, en particulier quant à la mesure dans laquelle cette formation prépare convenablement les étudiants en question à l’aide des connaissances, des aptitudes et des compétences nécessaires pour obtenir un bon emploi et réussir dans la vie. Ce n’est pas en communiquant des anecdotes ou cas vécus que la controverse à ce chapitre sera résolue. Nous devons plutôt saisir l’occasion d’effectuer des recherches et de recueillir des données probantes qui feront état des aptitudes et compétences – en particulier les plus pertinentes quant à l’apprentissage continu et aux préoccupations des employeurs – acquises par les étudiants dans les programmes de niveau postsecondaire. À l’automne 2016, le COQES dirigera deux projets de recherche permettant de recueillir ces données probantes, ce qui permettra d’éclairer et d’orienter les débats sur les lacunes dans les aptitudes des diplômés de niveau collégial ou universitaire en Ontario.
Ensuite, une quantité appréciable d’analyses révèlent que le modèle de financement employé actuellement en Ontario ne convient plus. Sous sa présente forme, le modèle n’est pas viable et les universités de même que les collèges en Ontario éprouvent des difficultés financières. Il est reconnu que nous avons besoin d’une nouvelle formule de financement si nous voulons assurer la viabilité financière du système d’enseignement postsecondaire de l’Ontario et des établissements qui s’y rapportent. Consolons‑nous : il n’y a pas qu’en Ontario où de telles difficultés se présentent dans le système public de l’enseignement supérieur. Nous disposons de données probantes et de recherches à propos de nouveaux modèles de financement issus des autres administrations et qui devraient éclairer la conception d’un modèle de financement plus fructueux en Ontario. Pour tenir une discussion sensée à ce chapitre, nous devrons approfondir notre compréhension de l’état actuel du système en Ontario et, suivant la recommandation de Sue Herbert dans sa récente analyse des modèles possibles de financement, tout simplement obtenir des données améliorées sur le système en Ontario afin de jeter les bases de cette discussion.
Enfin, pendant que nous parlons de données probantes, convenons également du fait révélé par les recherches : la seule bonification de l’aide financière ne permettra pas d’accroître la participation à l’enseignement postsecondaire chez les étudiants issus de groupes sous‑représentés, dont les familles à faible revenu, pour atteindre le niveau souhaité. La réforme de l’aide financière annoncée par le gouvernement est très bien accueillie, mais il se peut que celle‑ci ne suffise pas à redresser les taux de participation inférieurs parmi les étudiants issus de familles à faible revenu. Nous devons donc voir à évaluer les retombées de tels changements puis nous pencher sur les autres facteurs socioculturels qui interviennent dans la probabilité amoindrie de suivre un enseignement postsecondaire.
Une des valeurs fondamentales du COQES, c’est que les recherches et les données probantes éclairent et orientent nos conseils et recommandations en matière de politiques. Il est donc encourageant de constater que les recherches et les données probantes ont éclairé les changements à l’aide financière récemment annoncés. Continuons dans la même voie!
Fiona Deller, Martin Hicks et Harvey P. Weingarten