Blogueur invité : David Trick
À ce moment, l’expansion des universités battait son plein et le Premier ministre Robarts en est venu à la conclusion que la tâche d’administrer l’aide gouvernementale aux universités justifiait à elle seule la création d’un ministère. C’est ainsi que la Loi sur les affaires universitaires a été déposée et est entrée en vigueur le 8 mai 1964.
Le ministère des Affaires universitaires a été le dernier des intervenants importants à être créé relativement aux secteurs des politiques universitaires de l’Ontario. La loi habilitante du ministère ne comptait qu’une page et ne lui conférait aucun pouvoir sur les universités. Cette décision allait donner le ton des circonstances difficiles auxquelles le ministère devrait faire face :
- Les nouvelles universités des années 1950 et 1960 avaient déjà été créées en vertu de lois habilitantes leur donnant les mêmes privilèges d’autonomie administrative dont jouissaient les universités plus anciennes. La dernière de ces lois – relativement à l’Université de Guelph – est entrée en vigueur à partir du jour même où le ministère à été créé.
- En 1962, les présidents d’universités avaient déjà mis sur pied leur propre association afin de défendre et de promouvoir leurs intérêts. À l’origine, ils s’étaient opposés à ce que les universités soient reliées à un ministère, prétextant que le ministère tenterait de prendre le contrôle de leurs établissements. Néanmoins, ils reconnurent que, sans ce nouveau ministère, le gouvernement n’avait pas la capacité suffisante pour gérer les activités de planification et d’analyse relatives aux universités.
- Le comité consultatif poursuivit ses activités parallèlement à celles du nouveau ministère. Pour apaiser les craintes d’intrusion de la part du gouvernement, le Premier ministre Robarts décrivait souvent le ministère comme un simple organe de recherche et d’administration œuvrant pour le compte du comité consultatif.
William Davis, qui était aussi ministre de l’Éducation, fut le premier ministre du nouveau ministère. Le premier sous-ministre du ministère fut J.R. (Jack) McCarthy, un haut fonctionnaire du ministère de l’Éducation.
M. Davis vouait une importance sans borne à l’éducation et il ne tardât pas à clamer haut et fort que les universités devaient aligner leurs activités avec les intérêts de l’ensemble de la population. Il établit une distinction claire entre l’autonomie de gestion des universités et le pouvoir du gouvernement de choisir où il souhaite investir son argent. Dès lors, le ministère s’est mis à recourir au financement conditionnel, une pratique de longue date, pour compenser le fait qu’il ne possédait aucun autre pouvoir législatif.
Le ministère entreprit des travaux importants dans les secteurs de la planification des effectifs et de l’administration financière. Il a mis en place un programme intégré fédéral-ontarien d’aide financière aux étudiants (1966). Il a collaboré avec les universités et le comité consultatif afin de créer la formule utilisée actuellement pour le calcul des subventions de fonctionnement versées aux universités (1967). Environ le tiers de l’espace actuellement consacré aux universités en Ontario a été aménagé durant la première décennie d’existence du ministère.
La composition du comité consultatif fut élargie après 1964 afin d’inclure les représentants des universités et M. Davis devint le responsable du groupe, alors que le sous-ministre devint quant à lui le secrétaire du comité. Ce comité a maintenu ses activités, sous diverses formes, jusqu’en 1996.
Le tout premier SMA des Affaires universitaires à être nommé fut Edward E. Stewart, un ancien enseignant et directeur. M. Stewart devint un conseiller stratégique de confiance et un spécialiste respecté de l’histoire des relations entre le gouvernement de l’Ontario et les universités. MM. Stewart et Davis étaient remarquablement jeunes pour occuper de tels postes – M. Davis avait 34 et M. Stewart en avait 33 lorsque le ministère a été créé – et ils ont travaillé ensemble pendant de nombreuses années. Ed Stewart devint sous-ministre en 1967 (et secrétaire du Conseil des ministres pendant le mandat du Premier ministre Davis de 1976 à 1985).
Les collèges d’arts appliqués et de technologie (CAAT) furent créés en 1966 sous l’égide du ministère de l’Éducation. En 1971, les CAAT, dont le nombre était maintenant de 20, devinrent la responsabilité d’un ministère des Collèges et Universités au mandat élargi. Le ministère a joué un rôle beaucoup plus étendu dans la gestion du système collégial que celle du système universitaire, et ce rôle a fait l’objet d’une révision appréciable à la suite de l’adoption de la Loi de 2002 sur les collèges d’arts appliqués et de technologie de l’Ontario.
Le ministère a dirigé la création de collèges de langue française à partir de la fin des années 1980, pour remplacer les collèges bilingues et en guise de complément aux trois universités bilingues. En 1991, une stratégie d’éducation et de formation pour les Autochtones a été lancée.
Le volet « formation » fut ajouté au ministère en 1993 à la suite de la dissolution de l’ancien ministère de la Formation professionnelle. Le mandat du MFCU à cet égard fut passablement élargi en 2007 après la conclusion de l’Entente Canda-Ontario sur le marché du travail.
Le ministère des Affaires universitaires entretenait une relation complexe avec le ministère de l’Éducation. Les universités s’étaient opposées à être annexées au ministère de l’Éducation dans les années 1960, craignant la tendance de ce dernier à toujours vouloir exercer un contrôle centralisé et son manque de connaissance du milieu universitaire (la majeure partie de l’effectif professionnel du ministère de l’Éducation se composait d’anciens enseignants et de représentants scolaires). M. Davis fut ministre des deux ministères jusqu’en 1971. Les deux ministères ont eu le même ministre et le même sous-ministre de 1978 à 1985, et ne formaient pour ainsi dire qu’un seul ministère. De 1993 à 1999, les secteurs de l’éducation, des collèges, des universités et de la formation professionnelle fusionnèrent en un seul et même organisme : le ministère de l’Éducation et de la Formation. Certains soutiennent que l’intérêt du ministère pour la planification et la coordination du système universitaire a atteint son paroxysme pendant la période où l’enseignement postsecondaire et l’éducation de la maternelle à la 12e année ont été regroupés.
Le nom actuel du ministère (c.-à-d. le ministère de la Formation et des Collèges et Universités) a été adopté en 1999. Certains observateurs ont affirmé que le choix du nom du ministère reflète l’ordre des priorités du gouvernement, mais le fait est que ce choix n’a été fait que dans l’optique d’obtenir l’acronyme le plus convenable.
L’histoire du ministère coïncide avec l’ère de la mondialisation. Le développement des ressources humaines est maintenant au centre des stratégies économiques et sociales des gouvernements des quatre coins du monde. Avec l’expansion rapide de l’enseignement supérieur et l’acquisition de nouvelles responsabilités en matière de formation, le MFCU est devenu le quatrième ministère en importance du gouvernement au titre des dépenses de programme.
En collaboration avec ses partenaires issus de divers collèges et universités, le MFCU a accompli de nombreuses réalisations. Mais le plus important, c’est que chaque année, des centaines de milliers de jeunes fréquentent une université ou un collège et qu’ils n’auraient pas eu cette chance en 1964. Le ministère a profité et continue de profiter des efforts de quelques fonctionnaires aux talents extraordinaires et qui se dévouent corps et âme à servir l’intérêt public. Leur dévouement, comme tant d’autres choses, mérite d’être souligné comme il se doit.
-David Trick
David Trick, Ph. D., est président de la société David Trick and Associates Inc., formée de conseillers en stratégie et en gestion dans le secteur de l’enseignement supérieur.
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