Lorsque j’ai commencé à travailler au Conseil ontarien de la qualité de l’enseignement supérieur (COQES) je me suis posé, compte tenu du nom de l’organisme, la question évidente : « Qu’est-ce que la qualité? » Je me suis mis à m’y intéresser encore plus lorsque j’ai appris que la loi ayant créé le COQES nous obligeait à prodiguer des conseils au gouvernement sur la qualité du système d’enseignement postsecondaire de l’Ontario.
J’ai donc fait ce pour quoi j’avais été formé. J’ai consulté des soi-disant experts. J’ai lu des tonnes de documents sur le sujet. J’ai eu de longues discussions approfondies avec mes collègues. En dépit de tous mes efforts, je n’ai pas obtenu de réponse claire. Il ne semblait pas se dégager un consensus à propos de la définition de la qualité. Encore plus décourageant, certains soutenaient que peu importe en quoi consistait la qualité, celle-ci ne pouvait pas être mesurée. De l’avis général, la qualité désignait un certain seuil ou un niveau adéquat ou supérieur de rendement. Toutefois, personne ne s’entendait sur les dimensions du rendement, la façon dont il pourrait être mesuré ou ce qui constituait un seuil de rendement et un rendement adéquat ou supérieur (et les définitions « d’excellence » et de « classe mondiale » faisaient encore moins l’unanimité). Et de toute façon, dans un monde formé de systèmes d’enseignement postsecondaire différenciés, il ne semblait pas raisonnable que tous les établissements d’enseignement utilisent les mêmes mesures, indicateurs ou niveaux de rendement, même si ces ceux-ci pouvaient être décrits.
Je me suis alors dit que la vie ne devrait pas être aussi compliquée et, plus important encore, que si nous voulions faire quoi que ce soit d’important dans le domaine de la qualité, il nous faudrait certainement une définition plus utile.
Heureusement, j’ai découvert d’autres personnes et organisations à travers le monde se penchant sur la qualité. L’Organisation internationale de normalisation (ISO) est un organisme non gouvernemental qui met au point des normes internationales. Essentiellement, sa définition de la qualité est la mesure dans laquelle un produit, un service ou un processus remplit des exigences ou des besoins. En d’autres termes, on parle de qualité supérieure lorsque tous les besoins sont comblés et toutes les exigences sont remplies, et de piètre qualité lorsqu’ils ne le sont pas.
Prenons l’exemple de l’achat d’une voiture. Jean veut une petite voiture consommant peu d’essence, nécessitant peu d’entretien et ne coûtant pas très cher. Jeanne veut une voiture ultraconfortable et spacieuse, qui attire l’attention par son luxe et son prestige, et dont le coût n’a pas d’importance. Jean achète une Toyota Corolla. Jeanne achète une Jaguar XJ. Dans la mesure où Jean et Jeanne sont tous deux d’avis que la voiture qu’ils ont achetée satisfait à leurs besoins et exigences, ils concluront qu’ils ont obtenu un produit de qualité supérieure.
La qualité de l’éducation postsecondaire n’est pas un concept plus compliqué. Les étudiants fréquentent des établissements d’enseignement postsecondaire et le public et les gouvernements investissent dans ceux-ci parce qu’ils s’attendent à ce que ces établissements comblent une exigence ou un besoin. Si les étudiants obtiennent ce dont ils ont besoin ou ce qu’ils veulent de leur établissement d’enseignement postsecondaire, ils vivent donc une expérience de qualité supérieure. Si les gouvernements et le public obtiennent ce dont ils ont besoin ou ce qu’ils exigent, ils concluront alors qu’ils financent des établissements d’enseignement de qualité.
Cette définition nous amène à nous poser une question importante et fondamentale — quels besoins ou exigences nos établissements d’enseignement postsecondaire doivent-ils combler ou remplir? Selon les sondages menés auprès des étudiants, ce qu’ils veulent d’abord et avant tout c’est un titre de compétences qui leur permettra de décrocher un bon emploi. Il ne s’agit cependant pas de la seule chose qu’ils veulent, et j’ose espérer que l’enseignement postsecondaire a plus à offrir qu’une simple formation professionnelle. Les gouvernements semblent vouloir un système d’enseignement postsecondaire accessible qui est abordable et qui produit des diplômés prêts à occuper un emploi. Toutefois, les gouvernements parlent aussi du rôle de l’enseignement postsecondaire dans le développement économique, l’innovation et la société civile.
Parmi toutes ces questions, ce que nous nous rappelons constamment au COQES c’est que les collèges et universités sont des établissements scolaires. Donc, à tout le moins, les systèmes d’enseignement postsecondaire doivent répondre à l’exigence ou au besoin central et non négociable de fournir aux diplômés une éducation qui assurera leur réussite sur le marché du travail. Donc, qu’est-ce qui est au cœur de la qualité? S’assurer que nos établissements d’enseignement postsecondaire offrent une éducation permettant aux étudiants d’acquérir les connaissances, les habiletés et les compétences dont ils ont besoin pour réussir leur vie.
Nous avons publié des articles dans le passé au sujet des qualités, des connaissances, des habiletés et des compétences attendues habituellement des diplômés postsecondaires. Cela comprend les connaissances de base dans leur domaine; les compétences cognitives de base, comme la littératie et la numératie; les compétences cognitives supérieures, comme la résolution de problèmes, la pensée critique et la capacité de communiquer; et les compétences psychosociales transférables, telles que la détermination, la persistance et la résilience.
Comment détermine-t-on la qualité d’un établissement ou d’un système d’enseignement postsecondaire? C’est très simple. On détermine si les diplômés d’un collège ou d’une université possèdent les connaissances, habiletés et compétences dont les étudiants auront besoin selon l’établissement d’enseignement et qu’ils vont acquérir s’ils fréquentent l’établissement d’enseignement en question. La qualité supérieure est atteinte lorsque les diplômés présentent les caractéristiques publicisées. À l’inverse, on parle d’une piètre qualité lorsque les diplômés ne les possèdent pas.
Voici un exemple concret : En 2013, Max Blouw, recteur de l’Université Wilfrid Laurier, a rédigé un article pour The Globe and Mail dans lequel il indiquait [traduction] « lorsqu’un diplômé [d’une université ontarienne] est embauché, l’employeur compte au sein de son effectif un communicateur exceptionnel, un chercheur habile ainsi qu’une personne capable de régler des problèmes et dotée d’un esprit critique ». Il s’agit des compétences et caractéristiques dont on fait la promotion et, franchement, celles dont les étudiants ont besoin, selon les dirigeants respectables d’établissements d’enseignement postsecondaire, et qu’ils acquerront à leur établissement. En quoi consiste la qualité? La mesure dans laquelle les compétences et caractéristiques annoncées sont acquises.
De nombreuses questions sur la mesure de la qualité demeurent sans réponse. La semaine prochaine, mon billet portera sur une rencontre internationale qu’organise le COQES au mois de mai pour examiner la meilleure façon de mesurer la qualité de l’éducation.
Merci d’avoir lu cet article.