Pourquoi les créateurs de notre organisme ont-ils intégré le mot « qualité » à son nom, même si cela donnait l’un des acronymes les plus disgracieux au monde : « COQES »?
Je crois que c’est parce qu’ils étaient intelligents et visionnaires. Ils comprenaient qu’il y avait des millions de questions à poser et des millions de recherches à faire au sujet d’un système d’enseignement supérieur. Mais ils savaient aussi que les questions les plus importantes porteraient inévitablement sur la qualité de l’éducation offerte par le système et sur la qualité de l’expérience d’apprentissage vécue par les étudiants. Toute la recherche que nous continuons de faire se rapporte à la primauté et aux fondements de la question de la qualité.
Les personnes qui s’intéressent au COQES savent que nous nous concentrons sur trois principaux domaines de recherche : l’équité de l’accès, les résultats de l’apprentissage et la conception du système. Les trois domaines sont liés à la question de la qualité.
Notre travail continu sur l’équité en matière d’accès fait valoir que celle-ci ne consiste pas simplement à veiller à ce que des étudiants accèdent à l’enseignement postsecondaire et terminent leurs études. Nos recherches nous amènent à poser la question suivante : « L’accès à quoi? » et à nous demander si les étudiants qui sont membres des groupes sous-représentés dans le système d’enseignement postsecondaire et qui entreprennent des études postsecondaires reçoivent une formation qui leur apporte ce dont ils ont besoin pour se trouver sur un pied d’égalité avec ceux qui sont bien représentés et qui leur donne la même chance de réussir.
Notre engagement de longue date envers la mesure des résultats d’apprentissage et des compétences est un autre enjeu typiquement lié à la qualité. Comme je l’ai fait remarquer précédemment, évaluer la qualité de l’enseignement supérieur consiste à vérifier si les étudiants et le public tirent des études postsecondaires ce que les programmes d’études promettent : les étudiants acquièrent-ils les compétences qu’ils pensaient obtenir de leur participation à ces programmes, et le public qui a investi dans ces programmes obtient-il les avantages qui lui ont été promis?
Notre analyse approfondie de la viabilité du système d’enseignement postsecondaire de l’Ontario, en ce qui concerne la conception du système, a souligné à maintes reprises que la viabilité n’est pas principalement une question d’argent ou d’équilibre entre les revenus et les dépenses. Il s’agit plutôt, fondamentalement et de façon critique, de la qualité de l’enseignement – les établissements d’enseignement peuvent-ils fournir ou fournissent-ils des programmes de qualité avec les ressources dont ils disposent?
Si j’étais physicien, j’appellerais la question de la qualité le « principe unificateur ».
Mais comment mesurer la qualité du domaine postsecondaire? Nous ne sommes pas les seuls à chercher la réponse à cette question. C’est pourquoi, comme je l’ai écrit dans un article précédent nous avons invité des experts du monde entier à participer à un atelier de deux jours qui s’est déroulé à Toronto, en mai 2017, pour discuter de leurs approches en matière de mesure de la qualité. À cette occasion, j’ai promis de publier les résultats de ces conversations et analyses, et c’est aujourd’hui que j’honore ma promesse.
Mes collègues et moi avons récemment publié un ouvrage intitulé « Assessing Quality in Postsecondary Education: International Perspectives ». Vous pouvez en obtenir une copie ici. Les lecteurs découvriront les méthodes adoptées par différentes administrations pour mesurer la qualité; ces méthodes vont de la mesure indirecte, qui consiste à faire le suivi des intrants et des processus utilisés pour enseigner ou à utiliser des indicateurs de substitution tels que les taux de diplomation, à la mesure directe des compétences à l’aide de tests normalisés. Les lecteurs trouveront aussi une analyse qui porte à réflexion en invitant à remplacer la notion de qualité par la notion de valeur.
Enfin, les lecteurs pourront constater ce que le COQES a appris de ces diverses approches et comprendre ce vers quoi nous nous dirigeons : des mesures directes, à valeur ajoutée, de certaines compétences, à l’aide d’instruments d’évaluation rigoureux sur le plan psychométrique. C’est la motivation qui sous-tend plusieurs de nos projets actuels les plus ambitieux.
Si, comme nous, vous vous intéressez au problème de la mesure de la qualité de l’enseignement postsecondaire, vous serez certainement impressionné, comme nous l’avons été, par les démarches réfléchies, disciplinées et variées que les chercheurs du monde entier utilisent pour trouver des solutions.
Bonne lecture! Je vous remercie d’avoir pris le temps de lire cet article.