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Les préoccupations entourant l’inflation des notes et la concurrence accrue pour les meilleurs étudiants ont amené au moins une université canadienne à modifier ses exigences d’admission. L’Université de la Colombie-Britannique exige maintenant de tous les postulants qu’ils présentent un profil personnel détaillant leurs réalisations, les leçons que la vie leur a apprises, leurs caractéristiques personnelles et leurs points forts parascolaires, en plus de leurs notes d’école secondaire. C’est la plus grande université canadienne à examiner des critères d’admission en sus des notes.
Les profils sont censés faire connaître les caractéristiques particulières de chaque étudiant afin d’aider les administrateurs à prédire son succès. Ils peuvent toutefois engager ceux-ci sur un terrain glissant où certains étudiants pourraient ne pas répondre aux attentes sans qu’il y ait faute de leur part. Avec l’aide de ses étudiants et de son personnel administratif, l’Université de la Colombie-Britannique a préparé un court vidéo instructif contenant des conseils utiles pour l’établissement du profil individuel.
Les administrateurs de l’Université espèrent que les nouvelles procédures d’admission attireront plus d’étudiants polyvalents affichant un « vaste éventail de réalisations ». Ils prévoient que les étudiants admis sortiront de leurs programmes plus engagés et prêts à assumer un rôle de leadership au sein de la collectivité. Selon l’Université de la Colombie-Britannique, les dirigeants d’entreprise locaux ont été impressionnés jusqu’ici par le calibre des diplômés.
Comme les universités espèrent engager leurs étudiants et les aider à sortir du système avec de bonnes notes et des compétences qui les prépareront au marché du travail — pourquoi les établissements n’utiliseraient-ils pas ces mêmes critères dans leurs procédures d’admission? C’est logique.
Je suis toutefois préoccupée par certaines répercussions plus étendues des nouveaux processus d’admission. L’individualité est appréciée, les postulants sont encouragés à se distinguer, mais il existe un risque qu’une individualité particulière soit plus appréciée qu’une autre.
Par exemple, les étudiants sont invités à faire valoir leurs expériences parascolaires et ils mentionnent invariablement qu’ils font du bénévolat au service d’une bonne cause ou qu’ils participent à des activités parascolaires tout en maintenant une bonne moyenne. Mais qu’en est-il des étudiants qui, pour des raisons financières ou familiales, ne peuvent pas participer à de telles activités? Ils étaient peut-être tenus de travailler ou de diriger un ménage. Cela veut-il dire que les étudiants sans expérience de bénévolat ou d’engagement communautaire sont moins bien préparés pour l’université?
En fait, ces étudiants pourraient bien être mieux préparés, car ils ont dû concilier l’école et la vraie vie. Ils pourraient bien sûr citer ces expériences de vie dans leur profil, mais qui détermine quelles expériences ont une plus grande valeur? L’incapacité d’évaluer les profils avec précision risque d’introduire des inégalités socioéconomiques et des préjugés dans le processus de demande. En conséquence, la population étudiante pourrait en venir à refléter un certain « type » d’étudiant, qui a les moyens et le temps de s’impliquer dans la collectivité et des parents ou mentors qui l’encouragent à le faire. Le vidéoclip de l’Université de la Colombie-Britannique se termine par le message « c’est bien d’être différent ». Mais la question se pose : de quel genre de différence parlons-nous?
-Vicky Maldonado, stagiaire en recherche