Toronto, le 30 avril 2013 – Les inscriptions au doctorat dans les universités ontariennes ont pratiquement doublé au cours de la dernière décennie, alors que les deux tiers environ des doctorants aspirent à devenir professeurs d’université. Si l’on considère que les professeurs canadiens à temps plein sont maintenant les mieux rémunérés de leur profession dans le monde – travaillant davantage d’heures mais bénéficiant d’une plus grande satisfaction au travail que leurs homologues des autres pays –, on comprend la validité de cette aspiration.
Mais d’après deux nouveaux rapports du Conseil ontarien de la qualité de l’enseignement supérieur (COQES), la demande de postes de professeur à temps plein surpasse de beaucoup l’offre. On estime que moins de 25 % des doctorants au Canada obtiendront un poste à plein temps de chercheur ou d’enseignant menant à la permanence, ce qui suscite un mécontentement grandissant chez les actuels détenteurs d’un doctorat et les nouveaux diplômés quant à leur degré de préparation à embrasser une carrière non universitaire.
L’article En question du COQES intitulé « En quête d’un doctorat? L’attrait, les écueils et les résultats de la poursuite d’un doctorat » est une analyse détaillée de la recherche actuelle sur le paysage changeant du doctorat en Ontario. « Au-delà des laboratoires et des bibliothèques : Les cheminements de carrière possibles après des études de doctorat » est une étude qualitative des vues de 67 doctorants et titulaires de doctorat (en majorité) de deux universités de l’Ontario qui s’appuie sur 12 groupes de réflexion et 4 entretiens téléphoniques réalisés au cours de l’été et de l’automne de 2012.
Les inscriptions à un programme de doctorat en Ontario ont augmenté, passant de plus de 10 000 en 1999 à un peu plu de 19 000 en 2009, cette hausse étant largement attribuable au financement des gouvernements fédéral et provincial, qui anticipaient le départ à la retraite des membres âgés du corps professoral et un effectif croissant d’étudiants de premier cycle (en particulier en Ontario). S’il ressort toujours des données que les titulaires d’un doctorat au Canada affichent les plus faibles taux de chômage, la réalité actuelle est qu’il y a carence d’occasions d’emploi dans le secteur universitaire – ce que les participants des groupes de réflexion imputent à des réductions de financement, à la fin du départ à la retraite obligatoire, à des classes plus peuplées, à davantage de cours dispensés en ligne et au recours croissant à des postes contractuels pour remplacer les professeurs qui prennent leur retraite.
Pourtant, malgré la pénurie d’emplois d’enseignant dans les universités, de nombreux programmes de doctorat, en particulier en sciences sociales et en sciences humaines, continuent de former et d’encadrer des étudiants en vue d’une carrière universitaire qui se présente de plus en plus rarement.
Et les étudiants au doctorat qui poursuivent une carrière non universitaire se sentent souvent démunis après avoir décroché leur diplôme, en particulier s’ils ont eu peu de contacts avec le monde extérieur au secteur universitaire. Dans l’étude qualitative, la plupart des participants ont déclaré que leurs études de troisième cycle ne les avaient pas suffisamment préparés à une carrière hors de l’habituelle sphère universitaire. Certains ont mentionné qu’ils étaient incapables de parler ouvertement à leurs superviseurs de ce qu’ils pensent ou de leurs projets hors du monde universitaire.
Si des efforts sont actuellement déployés pour offrir aux candidats au doctorat des stages et une exposition à des cheminements de carrière non universitaires, il s’agit en grande partie d’initiatives volontaires qui ne font pas partie des exigences de la plupart des programmes de troisième cycle. Et si les recherches montrent que les doctorants estiment avoir eu un conseiller diligent et bénéficié d’une bonne qualité d’enseignement, il reste que ces étudiants sont moins enthousiastes en ce qui concerne leur cheminement de carrière et l’acquisition d’autres compétences professionnelles.
Les deux rapports préconisent un certain nombre d’améliorations, dont la création d’un répertoire central de toutes les possibilités et occasions qui appuient, chez les étudiants, l’acquisition de compétences professionnelles et la formation professionnelle (un référentiel qui, idéalement, serait partagé ouvertement entre les programmes d’une université et entre universités), ainsi que de fournir aux étudiants un accès à de l’information sur les choix de carrière et les compétences recherchées. On presse les gouvernements de réexaminer leurs objectifs de promotion d’une hausse des inscriptions aux programmes de doctorat et de se demander si les investissements consentis à ce titre produisent les résultats désirés, alors que les programmes de troisième cycle devraient reconnaître que la majorité des titulaires de doctorat n’obtiendront pas de poste universitaire à plein temps.
On conseille aux étudiants de se demander se demander si un programme de doctorat répond réellement à leurs buts et intérêts personnels et à leurs aspirations professionnelles. Ils devraient parler à d’autres étudiants et à de récents diplômés au sujet de leurs expériences, se renseigner sur les possibilités de perfectionnement professionnel et insister pour que leur programme universitaire leur fournisse des statistiques sur les résultats obtenus sur le marché du travail et sur les cheminements de carrière des récents diplômés.
Au sujet du Conseil ontarien de la qualité de l’enseignement supérieur
Créé en 2005, le Conseil ontarien de la qualité de l’enseignement supérieur est un organisme du gouvernement de l’Ontario qui contribue à améliorer le système d’éducation postsecondaire de l’Ontario. Le COQES a pour mandat d’effectuer de la recherche, d’évaluer le système d’enseignement postsecondaire et de recommander des politiques au ministre de la Formation et des Collèges et Universités en vue d’améliorer la qualité, l’accessibilité et la responsabilité redditionnelle du système.
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