Depuis près d’un an, je collabore avec un collègue du COQES à un important projet international et j’ai trouvé cela fascinant d’entendre parler des travaux actuellement menés au Canada et surtout en Ontario dans le domaine de l’enseignement supérieur. Lorsque l’occasion s’est présentée de venir à Toronto pour prendre part à la conférence De l’apprentissage aux gains, organisée par le COQES, j’ai par conséquent eu très envie de me porter volontaire.
Je dois avouer que c’était ma première visite au Canada mais je suis certain qu’elle ne sera pas la dernière. Les connaissances que j’ai apprises durant cette visite, les relations que j’ai nouées et ce que j’ai eu l’occasion de vivre sont quelque chose d’inestimable. J’ai consigné sur ce blogue quelques-unes de mes réflexions sur la conférence De l’apprentissage aux gains, réflexions qui reflètent le point de vue d’un Australien n’ayant qu’une connaissance sommaire de l’enseignement postsecondaire au Canada.
Pour commencer, je dirai qu’il s’agissait d’une conférence vraiment bien organisée, à laquelle assistaient des gens non seulement passionnés par l’enseignement postsecondaire, mais qui détenaient aussi un sens des politiques et de la recherche, ce qui a favorisé des discussions et des débats intelligents au sujet des résultats obtenus par les diplômés. C’était une conférence lancée et organisée par un organisme public, dont les frais d’inscription n’étaient pas exorbitants, ce qui en dit long sur le rôle que jouent de telles conférences dans le domaine de l’enseignement postsecondaire canadien. En Australie, les conférences sur l’enseignement supérieur sont nombreuses mais on constate, depuis quelques années, qu’elles sont de plus en plus préparées par des entreprises privées spécialisées dans l’organisation de tels événements qui exigent des frais d’inscription astronomiques, attirent un public peu nombreux et bricolent un programme parfois comparable à l’état de ma table de cuisine après un repas avec mes deux bambins. La conférence du COQES offrait quant à elle un contraste appréciable par rapport à ce que l’on voit trop souvent, son programme bien intégré favorisant le regroupement de chercheurs ayant des intérêts communs en des séances suscitant une participation notable du public.
Le discours d’ouverture prononcé par Kevin Lynch, vice‐président de BMO Groupe financier, a été très utile au cadrage de l’événement. Il m’a aidé à comprendre l’esprit des Canadiens et la façon dont ils veulent être perçus par le reste de la planète : « nous sommes sympathiques, certes, mais nous voulons aussi être reconnus comme étant novateurs! ». Ce discours et bien des interventions qui ont lieu durant la conférence m’ont aussi confirmé l’influence considérable qu’a le « voisin du Sud » sur les décisions politiques du Canada, sur les analyses comparatives et sur toutes sortes de questions ayant trait à l’enseignement supérieur.
Dans l’ensemble et d’après les discussions qui ont lieu durant la conférence, que ce soit sous forme structurée au cours des diverses séances, ou de façon spontanée durant les pauses, j’ai constaté que l’ambition et le contexte canadiens s’alignaient bien sur ceux de l’Australie, même si nos systèmes d’enseignement supérieur diffèrent quelque peu. C’est pourquoi j’estime que nous avons beaucoup à apprendre les uns des autres tandis que nos pays se frayent leur route dans le 21e siècle.
Une des leçons à retenir, pour l’Australie, c’est le rôle que peut assumer un organisme tel que le COQES pour promouvoir des recherches de grande qualité dans des domaines importants liés aux politiques et pratiques de l’enseignement supérieur. J’ai été très impressionné devant le nombre de communications présentées à cette conférence, et qui étaient financées ou cofinancées par le COQES, et j’ai eu l’impression que le rôle joué par ce dernier pour mener un tel éventail de projets était souvent sous-estimé.
Peut-être le Canada pourrait-il en apprendre davantage de l’Australie dans le domaine de l’apprentissage intégré au travail. J’ai assisté à quelques séances durant lesquelles ce sujet était abondamment discuté et, bien que je ne sois pas spécialiste en la matière, il me semble que les problèmes évoqués ont été traités il y a déjà quelque temps dans l’enseignement supérieur australien (sans être nécessairement résolus).
Au cours de la séance durant laquelle je suis intervenu à titre de conférencier, j’ai trouvé stimulante la discussion et la participation du public. J’y ai présenté les résultats d’une étude australienne sur les réalisations des diplômés et discuté de certaines des conclusions majeures qui en ont été retirées, notamment en ce qui concerne les groupes sous-représentés et les femmes. Des collègues canadiens y ont aussi présenté d’importantes communications (Shuping Liu, du COQES, et Patrick Bussière, de RHDCC) portant sur leur étude de données relatives aux résultats obtenus par les diplômés, tirées d’une base canadienne. Ce qui était fascinant au sujet de ces communications, c’était de voir combien les données de nos deux pays indiquent, de façon générale, la même chose : l’éducation universitaire aide à accroître les revenus et la productivité individuelle mais certains groupes (les femmes en particulier) restent désavantagées pour ce qui concerne les résultats obtenus sur le marché du travail et ce, quel que soit leur niveau d’éducation. Les questions suscitées par cette étude continueront d’inspirer de nouvelles recherches et collaborations à partir desquelles il sera possible d’obtenir des données probantes pour prendre des mesures politiques qui amélioreront les résultats pendant des années (voire des décennies).
La dernière chose que je voudrais signaler, quant à mes impressions de la conférence, c’est qu’à aucun moment je n’ai entendu parler de classement en matière de recherche. La préoccupation actuelle en Australie (et dans la plupart des pays que j’ai visités pour mon travail) semble porter sur les synthèses internationales comparatives des universités qui sont basées sur des mesures recueillies pour refléter les résultats de la recherche. S’il est vrai qu’une telle préoccupation est pertinente, l’accent que l’on met sur le classement, comme en témoignent les nombreuses conférences et réunions auxquelles j’ai pris part récemment, détourne nettement l’attention d’autres facettes des universités, en particulier des résultats de l’apprentissage, de l’enseignement, de même que des résultats obtenus par les diplômés. Étant donné que cette conférence ne portait pas sur la recherche, cela a aidé à contenir les conversations au sujet du classement. Le sujet de la conférence n’a toutefois rien à voir avec le fait qu’ait lieu ou non, une discussion quant aux mesures de la recherche, comme j’ai pu le constater récemment. Cela a été un plaisir que de pouvoir s’intéresser, ne serait-ce que pour quelques jours, à d’autres questions!
Je me réjouis à la perspective de faire à nouveau le voyage jusqu’au Canada et de renouer avec le groupe fantastique de personnes qui m’y ont accueilli cette année.
Daniel Edwards est principal chargé de recherche pour le programme de recherche en enseignement supérieur à l’Australian Council for Educational Research et assistant de recherche au Centre for Population and Urban Research de la Monash University.