Après avoir travaillé pendant deux ans sur une série de projets visant à examiner la faisabilité et la valeur d’une perspective axée sur les résultats d’apprentissage dans l’enseignement supérieur, nous avons tiré quelques leçons importantes sur cette approche complètement novatrice.
En premier lieu, l’aspect le plus prometteur consiste à définir et à mesurer les aptitudes générales d’apprentissage et cognitives telles que la pensée critique, la résolution de problèmes, la communication et le travail d’équipe (parfois appelées « compétences générales, compétences génériques, compétences transférables ou compétences essentielles améliorant l’employabilité »). Les établissements font déjà un bon travail en ce qui concerne la mesure du contenu disciplinaire. En effet, la plupart des évaluations auxquelles sont soumis les étudiants tentent de mesurer la quantité de connaissances disciplinaires acquises.
Néanmoins, ce qui est particulièrement frappant c’est que quelle que soit l’approche ou la méthodologie utilisée pour examiner les résultats d’apprentissage, presque tous ces exercices tournent autour d’un ensemble commun d’aptitudes générales d’apprentissage et cognitives souhaitées. En outre, presque tous les établissements s’accorderaient pour dire que ces aptitudes générales d’apprentissage et cognitives constituent les objectifs de leurs programmes d’enseignement.
En deuxième lieu, une industrie artisanale complète se consacre à la rédaction des résultats d’apprentissage (industrie à laquelle nous avons contribué). Le défi important dans la recherche axée sur les résultats d’apprentissage consiste à élaborer des instruments fiables et valides permettant de mesurer ces résultats d’apprentissage. L’évaluation constitue la prochaine étape.
En troisième lieu, les mécanismes d’évaluation les plus prometteurs sont ceux qui sont invisibles aux étudiants (qui sont habitués à être soumis à des tests à maintes reprises dans le cadre de leur expérience postsecondaire). La meilleure stratégie pour mesurer les résultats liés aux aptitudes générales d’apprentissage et cognitives consisterait à intégrer les tests aux évaluations ordinaires et périodiques auxquels sont habitués les étudiants.
Compte tenu de ces conclusions, le Conseil ontarien de la qualité de l’enseignement supérieur (COQES) a lancé, en décembre, une demande de propositions aux établissements souhaitant se joindre à un consortium d’établissements d’enseignement postsecondaire qui étaient prêts à s’engager en vue d’évaluer les aptitudes d’apprentissage et cognitives générales. Afin d’être retenus dans le cadre de cet appel d’offres, les établissements étaient tenus de démontrer : qu’ils avaient déjà élaboré ou adopté un ensemble d’aptitudes d’apprentissage et cognitives générales à évaluer; que leurs procédures d’évaluation reposaient sur des méthodes servant à évaluer la fiabilité et la validité des instruments qu’ils proposaient; que, à la suite de l’élaboration des instruments adéquats, le plan de l’établissement visait à évaluer les aptitudes d’apprentissage et cognitives générales de l’ensemble des étudiants; et qu’ils allouaient des fonds importants de l’établissement et appuyaient le projet.
Après un examen indépendant interne et externe, six établissements ont été invités à se joindre au Consortium sur l’évaluation des résultats d’apprentissage, à savoir le Collège Durham, le Collège George Brown, le Collège Humber, l’Université Queen’s, l’Université de Guelph et l’Université de Toronto. La sélection reposait uniquement sur les caractéristiques mentionnées précédemment et non sur des facteurs géographiques, sectorielles ou d’autres facteurs d’équilibre.
Les travaux que nous avons accomplis à ce jour dans le cadre de l’évaluation des résultats d’apprentissage de l’enseignement supérieur, de la Collegiate Learning Assessment, de l’approche Tuning et de notre conférence de 2011, ont révélé que les résultats d’apprentissage constituent l’élément fondamental de l’assurance de la qualité. Pourquoi? Parce que les résultats d’apprentissage mettent en valeur les connaissances et les aptitudes qu’un étudiant doit acquérir selon un établissement et permettent de mesurer si cet ensemble de connaissances et d’aptitudes a été atteint. La démonstration de l’optimisation des ressources repose sur ces principes. Les résultats d’apprentissage reposent également sur un système de transfert de crédit fondé sur des données probantes. Actuellement, la quantité de crédits qu’un étudiant reçoit pour avoir suivi des études antérieures ou avoir obtenu d’autres titres de compétences peut s’avérer idiosyncrasique et arbitraire. Cependant, en connaissant les résultats d’apprentissage qu’un étudiant a déjà atteints et en les comparant à ceux qui sont exigés par le nouveau programme, on peut clairement déterminer l’écart entre les connaissances que l’étudiant a déjà acquises et celles qu’il doit encore acquérir et l’on peut également déterminer la quantité de crédits à transférer pour les études antérieures de manière plus facile et transparente.
Toutes les initiatives que nous avons menées sur les résultats d’apprentissage ont suscité notre enthousiasme. À notre avis, une perspective axée sur les résultats d’apprentissage modifiera foncièrement les méthodes que nous utilisons pour concevoir, offrir et évaluer les programmes d’études, pour documenter le rendement des étudiants et pour promouvoir et valider la valeur et l’importance de l’enseignement supérieur auprès des étudiants, des gouvernements et du public. C’est pourquoi la recherche portant sur les résultats d’apprentissage figure parmi les priorités du programme de recherche du COQES. Restez à l’affût pour en savoir plus sur le Consortium sur l’évaluation des résultats d’apprentissage. Je vous remercie d’avoir pris le temps de lire cet article.
-Harvey P. Weingarten, Président-directeur général