En 1967, le ministre de l’Éducation, Bill Davis, a lancé un réseau de collèges d’arts appliqués et de technologie. C’était une idée radicale.
Il a envisagé un ensemble d’institutions complètes qui offriraient une vaste gamme de programmes axés sur le perfectionnement des compétences grâce à la formation pratique. Les collèges offriraient des options d’apprentissage souples – cours à temps plein et à temps partiel, jour et soir — pour répondre aux besoins des adultes et offrir le diplôme d’études secondaires traditionnel. Ces institutions « axées sur l’emploi » répondraient aux besoins en matière d’emploi de la collectivité et offriraient des diplômes complets (ils n’étaient pas censés être des collèges préuniversitaires). Le développement du système collégial était « un autre pas vers la réalisation de nos efforts pour élargir et remanier notre système d’écoles et d’universités afin de répondre plus adéquatement aux demandes changeantes des temps difficiles », a déclaré Davis.
Sa vision était celle d’un système d’enseignement postsecondaire parallèle axé sur les arts appliqués et la technologie qui encouragerait davantage de gens à poursuivre leurs études au-delà du secondaire (l’utilisation du terme « accès » n’était pas aussi répandue à l’époque, mais le sentiment était le même). Les collèges participeraient étroitement avec les employeurs locaux pour comprendre leurs besoins et élaborer des programmes pour bâtir un effectif hautement qualifié et pertinent. Ils s’intégreraient au sein de leur collectivité, s’engageant à des partenariats essentiels avec les organismes et services locaux. Après cinquante ans, les collèges de l’Ontario font tout cela, voire davantage. Le système collégial est un atout majeur pour la province et contribue fortement au classement élevé de l’OCDE pour le nombre d’adultes ayant fait des études postsecondaires.
Nos collèges font des choses extraordinaires et produisent des diplômés hautement qualifiés et prêts pour le monde du travail. Pourquoi, alors, est-ce que la notion omniprésente de collèges est la « deuxième meilleure »? Davis a envisagé un système de collèges qui viendrait compléter le secteur universitaire — et vice versa. La création du système collégial demeure la plus importante contribution à la différenciation dans l’histoire du secteur postsecondaire de l’Ontario. Les collèges ne sont pas censés faire ce que font les universités. Ils ont été créés explicitement pour donner aux étudiants, aux employeurs et à la province les compétences et l’expérience que le secteur universitaire n’a pas été conçu pour fournir. Les systèmes universitaires et collégiaux de l’Ontario sont en mesure de travailler ensemble : se renforcer, offrir des options et offrir des possibilités aux étudiants et à l’économie de l’Ontario en pleine croissance.
Nous sommes certainement passés au-delà de l’angoisse vaguement adolescente qui mène à une comparaison simpliste. Au fur et à mesure que les collèges élargissent leur programmation et la recherche appliquée, et que les universités se précipitent pour mettre en œuvre l’apprentissage intégré au travail, nous avons établi une fausse concurrence entre les secteurs. Pourquoi ne pas laisser chacun faire ce qu’il fait le mieux? Il n’est pas logique de comparer des pommes et des oranges même si les deux sont des fruits. Aidons les pommes à être les meilleures pommes qu’elles peuvent être et faisons de même pour les oranges. Et surtout, nous devrions nous concentrer sur l’aide aux étudiants qui décident s’il s’agit de la pomme ou de l’orange – ou les deux – qui les arrangent le mieux. Les étudiants devraient être en mesure d’évoluer facilement entre — et dans — les collèges et les universités, et recevoir une reconnaissance à chaque point de transfert d’apprentissage et de réussite antérieurs. Ils devraient être en mesure d’examiner leurs options d’études postsecondaires par l’entremise des lentilles d’intérêt et d’aptitude, et savoir que, quoi qu’ils décident, leur investissement vaut la peine.
Nos collèges font ce qu’ils font exceptionnellement bien. Alors que le système célèbre le 50e anniversaire et regarde vers l’avenir, il ne faut pas obscurcir le débat. Si nous pouvions tous accepter de célébrer, de soutenir et de renforcer les différences importantes entre les secteurs, ils seraient plus forts pour atteindre l’objectif systémique de servir les étudiants et l’économie. Après tout, c’est là l’objectif.
Amy Kaufman est directrice des projets spéciaux du COQES.