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Anthony Mann – Combler l’écart entre les études et le marché du travail

Voix de la conférence du COQES de novembre 2014
Sur le terrain : exploration de l’apprentissage et des métiers spécialisés

Photo de Anthony Mann

Bloggueur invite : Anthony Mann

Si la participation des employeurs dans l’éducation était un mot-clic plus percutant, cette idée deviendrait vite à la mode.

Partout à travers le monde, les gouvernements, les établissements d’enseignement et les organismes se demandent comment ils peuvent combler l’écart entre le monde de l’éducation et le monde de l’emploi, et faire participer plus efficacement les employeurs aux activités des écoles. Un nouveau recueil d’essais sur la mobilisation des employeurs en éducation contient les premières réponses à ces questions. Dans le recueil intituléUnderstanding Employer Engagement in Education, d’éminents universitaires de l’Amérique du Nord et du Royaume-Uni se penchent sur la nature et les conséquences de la participation des employeurs à l’apprentissage et au cheminement des jeunes gens ainsi que sur la façon dont ils y participent.
D’un point de vue canadien, une équipe de l’Université de l’Alberta dirigée par Mme Alison Taylor a constaté que les participants à des programmes d’apprentissage en salle de classe obtiennent de meilleurs résultats scolaires et qu’ils terminent en plus grand nombre leur programme d’apprentissage que leurs pairs. Selon une autre étude, il existe des liens statistiquement importants entre les rencontres entre les adolescents et les employeurs organisées par les écoles et les gains obtenus plus tard (jusqu’à concurrence de 18 % de plus pour ceux occupant un emploi à temps plein), les niveaux d’emploi et la confiance d’obtenir de l’avancement professionnel. Une troisième étude révèle que plus d’un tiers des employeurs britanniques offrent un emploi permanent aux recrues peu de temps après le début de leur stage géré par leur école.

Ensemble, ces études et bien d’autres fournissent la preuve confirmant l’intuition d’un si grand nombre de décideurs. Cependant, pour quelles raisons pourrait-on s’attendre à ces avantages et qui en profiterait le plus? Une recherche montre que si les aspirations professionnelles des jeunes gens sont presque toujours très élevées, elles ne reposent souvent pas sur une connaissance réelle du marché du travail ou des études à suivre pour des métiers donnés. À une époque où le taux d’adolescents travaillant à temps partiel a chuté considérablement dans de nombreux pays de l’OCDE (la proportion de jeunes de 16 ans travaillant à temps partiel au Royaume-Uni est passée de 40 % à 20 % depuis la fin des années 1990) et où seulement 15 % des jeunes Britanniques se souviennent d’avoir participé à plus de deux rencontres organisées par leur école avec des employeurs, cela n’est peut-être pas étonnant. Une préoccupation prévisible, mais grandissante, si, comme le soutient l’OCDE dans son rapport Formation et emploi : relever le défi de la réussite, « Des carrières plus complexes, avec plus de choix en termes de travail et de formation, ouvrent de nouvelles perspectives à de nombreuses personnes, mais elles compliquent aussi les décisions des jeunes, qui doivent faire tout au long de leur vie des choix difficiles en termes de formation et d’emploi ».

Il ne fait aucun doute que l’un des buts principaux de faire participer les employeurs à l’éducation est de fournir aux jeunes gens des renseignements plus précis sur les carrières. Des études révèlent un lien extrêmement étroit entre l’expérience de travail et le milieu social des parents. À moins que les écoles n’interviennent, les jeunes dont les parents font partie de la classe ouvrière peuvent s’attendre à effectuer des stages dans le milieu ouvrier que leurs aspirations professionnelles soient élevées ou non. Pour de nombreux jeunes gens, l’expérience professionnelle joue un rôle important dans l’obtention d’un emploi ou leur entrée à l’université. À l’inverse, leurs pairs fréquentant des écoles privées à haut rendement déclarent qu’ils n’ont aucune difficulté à obtenir des stages correspondant parfaitement à leurs ambitions en s’adressant à leurs parents, à des anciens et à leurs réseaux.

La recherche se poursuit, mais nous savons déjà que :

  • la participation brève et axée sur la carrière d’un grand nombre d’employeurs procure plusieurs avantages à la plupart des jeunes gens;
  • a participation des employeurs devrait commencer dès l’élémentaire puisque leur rôle consiste tout autant à façonner les identités émergentes qu’à fournir des compétences;
  • la participation des employeurs peut renforcer les voies vers le marché du travail en fortifiant les réseaux sociaux ainsi qu’en fournissant les compétences et les ressources requises pour obtenir un emploi ou poursuivre ses études.

Une participation beaucoup plus grande des employeurs que celle constatée actuellement dans les écoles des pays de l’OCDE est requise. À cette fin, il faut en priorité exploiter la volonté ferme latente des deux parties à collaborer. Une innovation radicale qui vise à supprimer ces obstacles est le site Web www.inspiringthefuture.org qui met en contact les écoles avec des employés bénévoles. Depuis son lancement en 2012, les deux tiers des écoles secondaires britanniques se sont inscrits et un demi-million de jeunes gens sont en voie de prendre part à une carrière ou à une activité connexe avec un bénévole du projet Inspiring the Future. Vous pourriez dire que c’est à la mode.

Anthony Mann occupe le poste de directeur des politiques et de la recherche au sein del’Education and Employers Taskforce, établi à Londres, Royaume-Uni. Il prononcera une allocution pendant notre prochaine conférence Sur le terrain : exploration de l’apprentissage et des métiers spécialisés.


À notre avis, les blogueuses et blogueurs invités expriment leurs propres avis, et pas nécessairement ceux du COQES.

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