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Carolyn Crosby : Acquérir en mathématiques les aptitudes qui comptent

Certains cours de maths de niveau secondaire sont très utiles à certains parcours de carrière. Les ingénieurs ont besoin du calcul, les économistes ont besoin de la géométrie analytique, et je ne sais trop qui a besoin de la géométrie discrète. Quoi qu’il en soit, si la grande majorité des parcours de carrière sont pris en compte, deux questions se posent : Quelles aptitudes en maths sont les plus importantes pour la plupart des carrières? En Ontario, fait-on en sorte que les élèves acquièrent les aptitudes en mathématiques qui comptent?

J’ai amorcé l’enseignement des maths de niveau secondaire en 1998, année où le cursus précédent a pris fin. Mon enseignement s’appuie sur les mêmes manuels dont je me suis servi à l’école secondaire et on m’a remis un guide d’enseignement du cours indiquant chaque chapitre à enseigner et chaque question à assigner. Le fait que le chapitre 3 dans lequel les élèves approfondissent leur compréhension conceptuelle des mathématiques ait été omis du plan de cours m’a paru paradoxal. Dans les chapitres suivants, on enseignait aux élèves comment acquérir la maîtrise des procédures, une philosophie pédagogique dans laquelle les élèves n’ont qu’à exécuter leurs tâches sans pour autant comprendre de quoi il retourne.

À ma deuxième année d’enseignement, on a déployé le nouveau cursus en maths. Ironie du sort, le chapitre 3 omis dans l’ancien cursus est devenu le point de mire du nouveau cursus. On pouvait enseigner l’ensemble des maths appliquées et théoriques de 9e année par l’étude des relations. Les élèves devaient acquérir une compréhension conceptuelle avant de passer à la maîtrise des procédures en lien avec les aptitudes en maths. Après m’être penchée sur ce nouveau cursus, j’ai finalement perçu la beauté des maths, la compréhension de toute cette maîtrise des procédures. Une fois rassemblées, la compréhension conceptuelle et la compréhension des procédures donnent aux maths tout leur sens.

Il s’agit d’un superbe cursus (aux yeux de ceux qui adorent les maths) si l’on souhaite approfondir l’apprentissage pour y englober un nombre accru de concepts abstraits; toutefois, en ce qui touche un bon nombre des parcours de carrière des élèves, il est souvent superflu d’enseigner ces concepts en profondeur.

En effet, combien de gens se servent au quotidien des concepts linéaires et quadratiques dans leur emploi? Pas beaucoup. Les connaissances en maths nécessaires à la plupart des carrières sont les fractions, les décimales, les pourcentages, les ratios, les taux et les formules : ce sont des aptitudes fondamentales en maths qui constituent le point de mire du cursus de niveau élémentaire en Ontario et que les élèves devraient maîtriser d’ici la 8e année. Cependant, tel n’est pas le cas de certains élèves qui seront vraisemblablement en difficulté tout au long du cursus, faute de maîtriser le cursus des notions abstraites et les aptitudes fondamentales en maths, si utiles dans de nombreux parcours de carrière. De plus, dans le cursus actuel des programmes de mathématiques appliquées de niveau secondaire en Ontario, on n’a pas le temps de réenseigner les aptitudes fondamentales en maths, et ce, bien que la plupart des programmes de niveau collégial exigent la maîtrise de celles-ci.

Actuellement, les collèges en sont donc à créer des cours préparatoires complets en maths de niveau collégial qui portent sur les aptitudes du cursus de niveau élémentaire. Il est inadmissible que les élèves de niveau collégial doivent payer pour suivre un cours préparatoire en maths de niveau collégial axé sur les maths de niveau élémentaire après avoir étudié les maths pendant quatre ans à l’école secondaire. L’Ontario doit examiner attentivement son cursus de niveau secondaire puis déterminer ce qui est le plus important pour les futures carrières, notamment les parcours à l’école secondaire qui mènent vers les programmes de niveau collégial. En Ontario, les cours de maths de niveau secondaire préparent-ils concrètement la plupart des élèves en vue de leur future carrière, ou s’ils ne préparent qu’un faible pourcentage de l’ensemble des élèves de niveau secondaire? Voilà une question dont il faut débattre davantage.

Carolyn Crosby enseigne les mathématiques à l’école secondaire catholique St. Luke de Smiths Falls (Ontario).

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