Dans notre mire met en valeur des membres du personnel et blogueurs invités du COQES qui présentent leur point de vue unique sur les tendances, les nouvelles idées et les questions délicates relatives à l’enseignement supérieur. Les opinions exprimées n’engagent que les auteurs.
Un article paru récemment dans le Toronto Star décrit en détail l’histoire extraordinaire de Yoonseo Kang, un diplômé de 18 ans d’une école secondaire de Mississauga qui a décidé d’accepter une prestigieuse bourse Thiel de 100 000 $US plutôt que de faire des études postsecondaires, et ce, durant au moins deux ans. M. Kang est l’un des deux bénéficiaires de cette bourse au Canada en 2012. L’autre, qui s’appelle Christopher Olah et a 19 ans, prévoit consacrer sa bourse à la mise au point d’outils, dont des aides à l’enseignement et du matériel scientifique rudimentaire par le recours à des imprimantes 3D.
La bourse Thiel, créée par le cofondateur de PayPal Peter Thiel, procure à quelques étudiants de moins de 20 ans une somme de 100 000 $ chacun afin qu’ils puissent « délaisser leurs études collégiales pour se concentrer sur leur travail, leur recherche, et leur auto apprentissage ». Les boursiers reçoivent chacun l’aide de mentors dont le savoir faire se rapporte au domaine d’études correspondant aux intérêts de l’élève. Ces mentors tiennent également des réunions mensuelles pour évaluer la progression des élèves et les orientations ultérieures de leur projet. Les candidats idéaux à la bourse Thiel « caressent de grands rêves, ont des plans biens conçus, prennent des risques et apprennent de leurs erreurs, pensent à long terme et aiment bricoler ». Autrement dit, ils ont « de grandes idées à concrétiser immédiatement ».
Pour M. Kang, la décision d’accepter la bourse Thiel n’avait rien de simple. Malgré les pressions importantes exercées par ses parents, il a décidé de reporter temporairement ses études à l’Université de Toronto, où il prévoyait se spécialiser en informatique, pour réaliser du travail bénévole dans le contexte du projet Open Source Ecology, à Maysville (Missouri). Ce projet, créé à l’origine par le physicien américain Marcin Jakubowski, invite des particuliers à constituer, par l’utilisation de guides gratuits en ligne, des solutions de rechange abordables à la machinerie agricole et industrielle actuelle.
Si l’article susmentionné révèle en détail les luttes et la décision difficiles de M. Kang, il fait également état du besoin accru en établissements d’enseignement supérieur pour satisfaire aux exigences en perpétuelle croissance et à la nature de l’étudiant du XXIe siècle. Celui ci, comparativement à l’étudiant d’autrefois, se différencie par son sens de l’innovation, son côté multidisciplinaire, sa connaissance des technologies, les voyages qu’il a faits et sa scolarisation. Toutefois, la mauvaise harmonisation des compétences au sein du marché du travail, l’endettement élevé des étudiants, la croissance des frais de scolarité et la prolifération des stages non rémunérés ne sont que quelques unes des nombreuses raisons pour lesquelles de jeunes adultes en viennent à se demander sérieusement si l’enseignement supérieur, sous sa forme actuelle, est opportun pour eux.
Le récent essor des solutions parallèles à la structure classique de l’enseignement collégial ou universitaire s’explique peut être par cette tension entre les qualités intrinsèques de l’étudiant du XXIe siècle et les craintes actuelles entourant la poursuite d’études supérieures. La gamme des solutions va des didacticiels gratuits en ligne, tels que MITx, aux subventions, comme la bourse Thiel. [E]nstitute, un programme de stages de deux années conçu pour rehausser et perfectionner les aptitudes entrepreneuriales des étudiants par la création d’un milieu d’apprentissage intégré au travail, constitue un autre exemple. Autrement dit, ces programmes tendent vers la simulation étroite d’un milieu d’« apprentissage par l’action », lequel procure à l’étudiant actuel un cadre de travail et d’étude optimal et propice à la réalité du XXIe siècle. Maintenant, l’essor de ces solutions parallèles aura t il une incidence sur le paysage actuel de l’enseignement postsecondaire aux États Unis et au Canada? Qui vivra verra.
-Lauren Hudak, Analyste de la recherche