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Dans notre mire | Les cheminements non traditionnels

Dans notre mire met en valeur des membres du personnel et blogueurs invités du COQES qui présentent leur point de vue unique sur les tendances, les nouvelles idées et les questions délicates relatives à l’enseignement supérieur. Les opinions exprimées n’engagent que les auteurs.
Au Canada, l’éducation des adultes est une industrie en plein essor. Les personnes ayant quitté l’école secondaire avant l’obtention de leur diplôme et les immigrants titulaires de titres de compétences étrangers sont quelques-uns des apprenants enthousiastes qui s’inscrivent dans les universités et les collèges partout au Canada dans le cadre des « cheminements non traditionnels ». Ce terme recherché désigne le fait de ne pas poursuivre des études supérieures directement après l’école secondaire ou le fait d’en poursuivre à l’étranger, particulièrement pour les immigrants. Comme vous le savez, le Conseil ontarien de la qualité de l’enseignement supérieur (COQES) est l’organisme central compétent pour toutes les questions touchant l’enseignement supérieur. Afin de mieux comprendre les réalités et les répercussions de ces cheminements et de les expliquer au gouvernement et bien sûr à vous, son public loyal et attentif, le COQES a lancé une série de projets visant à étudier les programmes liés aux cheminements non traditionnels (notamment le Transitional Year Program [programme d’année de transition] offert par l’Université York, l’Université de Toronto et d’autres universités dans la région du grand Toronto).
Les Transitional Year Programs offerts à l’Université York et à l’Université de Toronto sont des exemples de programmes intensifs, à temps plein et étalés sur deux semestres qui répondent aux besoins des adultes n’ayant pas pu terminer leurs études secondaires en raison de problèmes financiers ou familiaux ou d’autres circonstances indépendantes de leur volonté. De même, la plupart des collèges en Ontario offrent aux adultes des programmes de recyclage à temps plein, financés par la province. C’est une excellente façon d’aider les apprenants motivés à s’introduire de nouveau sur le marché du travail ou d’inciter les personnes pour qu’elles quittent le programme en étant des apprenants enthousiastes. Toutefois, certaines personnes ne sont pas prêtes à participer à un programme intensif d’une année complète; ce sont peut-être des adultes qui doivent s’occuper de leurs enfants, qui sont effrayés à l’idée de recommencer des études officielles, qui ne possèdent pas les antécédents scolaires requis ou qui n’ont pas le temps de poursuivre des études à temps plein. Les collèges et les universités se sont rendu compte que ce bassin de capital humain était quelque peu négligé, et surtout, à mon avis, en raison de leurs responsabilités en matière d’inclusivité et d’équité, ils ont conçu des programmes de transition qui permettent aux apprenants adultes d’examiner la possibilité de poursuivre des études supérieures et d’en entreprendre à un rythme plus lent avant de s’y mettre à fond.
Certains programmes de transition vont encore plus loin en faisant participer les partenaires communautaires et les étudiants. À titre d’étudiant des cycles supérieurs à l’Université Carleton, j’ai collaboré avec d’autres étudiants des cycles supérieurs à une initiative visant à jumeler le programme de transition de l’Université avec le Centre de santé communautaire Pinecrest-Queensway situé à Ottawa pour créer un cours qui répond particulièrement aux besoins des personnes à faible revenu qui ne seraient pas en mesure d’aller à l’université autrement. Actuellement, dans les étapes de planification de la mise en œuvre, le programme est divisé en deux volets. Le premier volet est axé sur les compétences scolaires en matière de lecture et de rédaction, tout en habituant les étudiants à l’expérience sur le campus. En revanche, le deuxième volet porte sur la pratique et permet aux étudiants de mettre à profit leurs compétences dans le cadre d’un projet communautaire novateur sur le terrain. Les étudiants sont jumelés avec des étudiants des cycles supérieurs de l’Université Carleton, qui servent de mentors universitaires (nous en avons tous besoin!) et aident les étudiants adultes à s’habituer à l’apprentissage universitaire.
Les sujets du cours répondent aux besoins de la collectivité. En prenant comme exemple la sécurité des aliments, le professeur (praticien communautaire chevronné et expert dans le domaine) donnera des leçons, discutera et assignera aux étudiants adultes un travail sur la théorie sur laquelle reposent la sécurité des aliments et la nutrition. Par la suite, les étudiants mettront au point des projets de développement pour la collectivité de Pinecrest-Queensway, tels que des programmes de sensibilisation à la nutrition ou des ateliers axés sur le financement des aliments à l’intention des mères seules. À la fin de l’année, les étudiants recevront un crédit qu’ils pourront utiliser pour s’inscrire à un programme de baccalauréat à l’Université Carleton, tandis que les étudiants des cycles supérieurs recevront un crédit pour le volet « développement communautaire » de leur diplôme.
Le programme de l’Université Carleton permet aux apprenants adultes de demeurer près de la maison et d’assumer leurs responsabilités familiales pendant la moitié du semestre. Il leur permet également de se rendre compte de la valeur pratique des études supérieures, tout en créant des partenariats durables entre l’Université et ses collectivités environnantes. En tant qu’étudiant des cycles supérieurs, cette initiative m’a permis de découvrir les réalités des immigrants et adultes à faible revenu souhaitant approfondir leurs connaissances, une expérience dont j’avais grandement besoin. En outre, elle m’a permis de contribuer au développement communautaire et de participer à ce cheminement avec divers apprenants qui enrichissent la communauté de l’Université Carleton. Les personnes qui font des erreurs ou qui prennent du retard sur leurs études à cause des exigences sévères, et parfois injustes, de la vie ne méritent-elles pas une deuxième chance? Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais à leur place, j’aurais très envie d’en avoir une!

 

-Ebadur Rahman, Stagiaire à la recherche et candidat à la maîtrise en administration publique

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