Dans notre mire met en valeur des membres du personnel et blogueurs invités du COQES qui présentent leur point de vue unique sur les tendances, les nouvelles idées et les questions délicates relatives à l’enseignement supérieur. Les opinions exprimées n’engagent que les auteurs.
Quiconque est de près ou de loin lié au domaine de l’enseignement supérieur connaît bien les cours en ligne ouverts et massifs (Massive Open Online Courses, mieux connus sous le nom de MOOC), qui offrent gratuitement un enseignement dans le domaine public. Les MOOC traitent de sujets aussi variés que l’astrobiologie, la recherche de la vie extraterrestre (Coursera) ou les défis de la pauvreté dans le monde (edX). Mais, ne vous désintéressez pas d’emblée de ce blogue en croyant, qu’à l’instar de nombreux autres, il porte sur les MOOC, je vous assure que je n’en parle que brièvement et à des fins de comparaison seulement.
Une des idées qui sous-tendent le concept des données ouvertes est essentiellement celle-là même qui a inspiré les MOOC – soit de donner libre accès au savoir. Plus précisément, les données ouvertes permettent l’accès illimité du public aux données, y compris la capacité de les utiliser et de les manipuler comme bon lui semble. On espère que grâce à cet accès gratuit aux données, les citoyens pourront prendre des décisions plus éclairées – que ce soit au niveau individuel, au niveau municipal ou au niveau provincial ou territorial.
Bien que l’idée des données ouvertes soit encore toute récente, le mouvement pour l’ouverture des données bénéficie d’une participation et d’un soutien internationaux. Il existe probablement un éventail de moyens d’héberger des données ouvertes. De nombreux gouvernements utilisent ou prévoient commencer à utiliser l’Open Government Platform (OGPL). L’OGPL, née de la collaboration entre le gouvernement des États-Unis et celui de l’Inde, est une plateforme de données ouvertes qui sert d’outil de gestion des données pour les gouvernements, de portail de données pour les citoyens et de véhicule pour ouvrir des discussions communautaires informées.
Parmi les gouvernementaux fédéraux importants qui participent au mouvement, on compte les États-Unis, l’Inde, l’Australie, le Royaume-Uni et le Canada. J’inclus peut-être quelque peu prématurément le Canada puisque nous attendons toujours le lancement du site de données ouvertes du gouvernement canadien, prévu pour le printemps 2013. Par contre, de nombreuses provinces, villes et organisations offrent déjà des données ouvertes, c’est notamment le cas de Statistique Canada et de sa base de données socioéconomiques (CANSIM), de Data BC et de Données ouvertes, du gouvernement du Québec.
Les différences sont énormes entre les types de données accessibles et leur utilité. Ainsi, lorsque vous vous rendez sur le site des données ouvertes de l’Ontario, le premier ensemble de données présenté à l’utilisateur est « Noms de nouveau-né les plus répandus en Ontario (Femme) ». J’avoue que j’ai fait une recherche rapide pour voir combien de nourrissons féminins s’appelaient Lindsay, mais je ne crois pas que de telles données contribuent à la formation de citoyens informés ou à leur engagement soutenu, étant plutôt destinées à l’amusement personnel. Nous devons peut-être élever un peu notre jeu.
Pour ce qui est de la façon de le faire, puisque je travaille dans le secteur de l’enseignement supérieur, qui compte énormément sur les données de Statistique Canada, c’est sur cette situation que je concentrerai mon énergie, bien que le message s’applique à tous ceux qui recueillent des données.
- Première étape – Recueillez des données! Il est bien connu que Statistique Canada a subi des coupures majeures qui ont touché et son personnel et ses enquêtes. Ces coupures, sans doute prudentes d’un point de vue financier, n’ont pas été la meilleure façon de faire avancer le savoir dans notre société ou encore de permettre ou d’encourager la prise de décisions éclairées.
- Deuxième étape – Partagez les données! Je ne peux pas dire en toute confiance que ce soit une pratique dans laquelle excellent les responsables de la collecte de données; cependant, les choses se sont améliorées. En ce qui concerne les données sur l’enseignement supérieur, il y a trop d’accumulateurs de données et pas assez de partageurs. Mon intention n’est pas d’attribuer le blâme, mais il y a au Canada de nombreux établissements et organisations qui recueillent des données, les analysent à l’interne, rédigent des rapports et, plus souvent qu’autrement, ne permettent jamais à des personnes de l’extérieur de voir ces données ou de travailler avec elles. Si vous faites partie de ceux qui croient que la thésaurisation des données est défendable, je vous rappellerai que les fonds publics sont souvent utilisés pour financer (du moins en partie) ces établissements et organisations.
Le Système d’information sur l’éducation postsecondaire (SIEP), exploité par Statistique Canada et contenant des données administratives, nous donne un exemple de collecte de données sans partage. On demande à tous les collèges et universités du Canada de soumettre leurs données à Statistique Canada pour alimenter le SIEP, mais tous ne le font pas. Les répercussions sont évidentes; le volume de la recherche qui peut être effectuée est extrêmement limité. Si vous avez lu le récent rapport du COQES, La productivité du système public d’enseignement postsecondaire de l’Ontario ou Indicateurs de rendement : un rapport sur la situation actuelle et sur ce que l’avenir nous réserve, vous savez que le manque de données est un thème central.
Tout bien pesé, une bataille ardue attend le secteur de l’enseignement supérieur canadien. La recherche à tous les niveaux est entravée par la perte de données attribuable aux compressions budgétaires ainsi qu’à l’absence de collecte et de partage. La collecte de données doit absolument s’améliorer si nous voulons demeurer informés de ce qui se passe au Canada et des défis auxquels le pays doit faire face. Le partage de données est essentiel. Le mouvement des données ouvertes peut jouer le rôle de catalyseur auprès des organisations et des établissements et les amener à reconnaître que la thésaurisation des données est chose du passé et que leur partage est l’avenir.