Au cours du mois qui s’est écoulé depuis notre conférence, intitulée Peur des finances : Littératie financière et planification des études secondaires, nous, du COQES, avons réfléchi longuement sur ce que nous avons appris, sur ce que nous avons entendu, et sur la façon dont ces apprentissages pourraient avoir une incidence sur notre travail éventuel dans ce domaine. Nous tenons à remercier chaleureusement ceux et celles qui étaient présents. Ces deux jours se sont révélés dynamiques et intéressants. Plus particulièrement, nous étions excités du fait qu’un si grand nombre d’étudiants et d’étudiantes aient pu être présents, grâce au soutien du Groupe Financier Banque TD. Et le fait de voir certains de nos débats académiques sur l’accès et la participation, parfois arides, par la lorgnette de ceux et celles qui les vivent se veut pour le moins informatif. Quant à ceux et celles qui n’ont pu être présents, voici les grandes lignes qui sont ressorties des discussions, des séances de groupe et des séances plénières.
Les séances qui étaient davantage axées sur la recherche se sont penchées sur deux questions : Le revenu importe-t-il, et que voulons-nous dire par littératie financière? La première question compte de tout temps parmi les questions favorites. L’examen des données permet de les interpréter de deux façons. D’abord, si l’on contrôle les autres facteurs, il semble que le revenu lui-même ne constitue pas un déterminant clé de la participation (l’éducation parentale est bien davantage un déterminant et le facteur scolaire également).
Si l’on y ajoute les programmes d’aide financière aux étudiants (notamment les programmes de gestion de la dette) qui sont en place pour aider à obtenir du financement, les liquidités au point d’entrée ne devraient pas constituer un facteur dissuasif. Toutefois, d’autres données sur la participation laissent croire que les jeunes qui se trouvent dans le quartile de revenu le plus bas ne sont pas encore présents à l’université dans une même proportion que leurs pairs à revenu moyen et élevé, et l’écart augmente.
En outre, il semble que les étudiants qui ont le plus besoin d’aide financière n’en bénéficient pas aux taux dont ils devraient profiter. Pourquoi pas? L’une des conversations ayant un rapport avec celle-ci avait trait à la participation et aux étudiants faisant partie de groupes sous-représentés. Les questions posées étaient les suivantes : Existe-t-il une culture de non-participation dans certains groupes? Peut-on y faire quelque chose? Est-ce le système qui est responsable de cette situation : pas suffisamment abordable, pas assez accessible, trop complexe? Cette discussion peut parfois s’échauffer quelque peu, et c’est ce qui s’est produit.
Qu’entendons-nous par littératie financière? Eh bien, il semble que nous ne parlions pas ici d’accès à l’information, quoique la composante de l’information en fasse certes partie intégrante – du programme de littératie financière dans les écoles secondaires à l’information sur le RAFEO, et de l’information sur la dette et les frais de scolarité à l’information sur les régimes d’épargne. Ce qu’il importe de retenir, c’est que nous entendons par littératie financière la capacité et la motivation de donner suite à cette information. L’information comme telle ne suffit pas; cette conclusion semblait tout au moins faire l’objet d’un consensus. De nombreux conférenciers chevronnés ont tiré des enseignements de l’économie comportementale et du marketing : comment pouvons-nous inciter les gens – les jeunes, dans le cas qui nous occupe – à agir dans leurs meilleurs intérêts?
L’un de mes volets favoris de la conférence, dont plusieurs volets m’ont plu, a été les séances de groupe sur les programmes sur les petites communautés et les programmes communautaires qui tentent d’agir à un niveau local. Les idées les plus simples sont souvent les plus attrayantes : le pouvoir du mentorat entre les pairs, l’effet de l’intégration d’un programme dans la communauté plutôt que le contraire, le fait de se souvenir que les obstacles à la participation sont multiples et qu’une solution efficace doit être globale et souple. Il est déconcertant de constater à quel point nombre de ces problèmes sont implantés et complexes, mais il est également réconfortant de constater que de nombreuses personnes créatives et passionnées s’engagent à les régler.
Afin de pouvoir transposer ces éléments d’information à la maison, j’aimerais vous faire une confession. J’œuvre dans ce secteur depuis longtemps – suffisamment longtemps pour saisir l’importance des études supérieures (c’est le travail de ma vie, après tout), assez longtemps pour comprendre les problèmes d’abordabilité, et certes assez longtemps pour connaître tous les programmes gouvernementaux qui s’offrent à moi afin de m’aider à économiser pour les études de mes enfants. J’ai deux jeunes fils, dont l’un a débuté l’université dernièrement, et je dois confesser que je n’ai jamais eu de REEE pour eux. Faites-en votre propre interprétation.
Fiona Deller- Directrice de la recherche du COQES