La semaine dernière, le Conseil consultatif en matière de croissance économique du ministre fédéral des Finances a recommandé la création d’un organisme national, le Laboratoire des compétences futures, qui ferait fonction de laboratoire pour l’acquisition et l’évaluation des compétences. Ce laboratoire représente une avancée considérable et progressiste qui peut accroître la compétitivité du Canada à l’échelle mondiale et offrir aux citoyens canadiens l’avenir économique et social qu’ils recherchent.
Il met carrément et clairement l’accent sur l’importance des compétences, en particulier celles liées à la réussite dans le milieu de travail. De nos jours, les gens font partie d’un marché du travail dynamique en évolution rapide dans lequel ils peuvent s’attendre à changer de carrière au moins cinq fois au cours de leur vie professionnelle et dans lequel ils seront en concurrence avec d’autres pour obtenir des emplois qui n’existent pas encore et que l’on ne peut même pas imaginer. Cela signifie que des compétences comme être polyvalent et déterminé, être en mesure d’analyser de grandes quantités de renseignements et de les transformer en solutions pouvant être mises en œuvre efficacement constituent des caractéristiques de réussite essentielles sur le plan professionnel et pour décrocher les futurs emplois dans une économie axée sur les connaissances. En plus d’être utiles pour obtenir un emploi, ces compétences permettent aux gens de prendre des décisions personnelles importantes au sujet, par exemple, du meilleur traitement médical à suivre et, en tant que société, au sujet des changements devant être apportés pour maintenir le filet de sécurité sociale du Canada.
La proposition du Laboratoire des compétences futures présente les questions essentielles que nous devons nous poser et auxquelles nous devons tenter de répondre, et reconnaît ce que nous ne savons pas encore. Quelles compétences essentielles les travailleurs devront-ils posséder et dans quelles situations? Comment mesurer ces compétences? Comment peuvent-elles être enseignées et apprises de façon efficace et efficiente? La proposition souligne, à juste titre, que divers groupes à l’échelle du Canada travaillent sur certains de ces enjeux. Toutefois, les efforts que nous déployons actuellement manquent de coordination et d’homogénéité. Un enjeu aussi important que l’ensemble de compétences des Canadiennes et Canadiens mérite mieux que cela. Le Laboratoire des compétences futures pourrait faire fonction de complément, de coordonnateur et de centre d’échange précieux pour ces efforts en mettant en évidence les meilleures idées ainsi qu’en trouvant et diffusant les meilleures solutions. L’accent mis sur l’essai et l’évaluation des meilleures idées et solutions par le Laboratoire des compétences futures est un complément utile aux discussions actuelles sur les compétences au Canada, qui reposent autant sur les anecdotes et gesticulations.
La proposition du Laboratoire des compétences futures décrit les principaux intervenants qui joueront un rôle déterminant pour atteindre l’objectif de former des travailleurs possédant les bonnes compétences essentielles. Nos établissements d’enseignement? Absolument. Cependant, la proposition souligne comme il se doit le rôle important du secteur privé. Plusieurs rapports publiés récemment ont insisté sur la nécessité d’accroître le rôle et les contributions du milieu des affaires et du secteur privé afin d’améliorer la compétitivité et le rendement au chapitre de l’innovation du Canada. De la façon dont il est conçu actuellement, le Laboratoire offre la possibilité de mobiliser le secteur privé de manière plus concrète et efficace dans le cadre de cette initiative nationale, y compris en intégrant mieux ses contributions à celles de notre secteur de l’enseignement supérieur.
Enfin, la proposition met de l’avant un modèle de gouvernance progressiste et créatif pour le Laboratoire des compétences futures qui fait en sorte que la question cruciale de l’acquisition et de l’évaluation des compétences ne peut pas faire l’objet d’éventuelles interventions politiques. Cela lui permet donc de faire office d’organisme dont les pratiques sont véritablement factuelles et de laboratoire axé sur les données pour trouver les meilleures idées et solutions. Ceci n’est pas nouveau. Comme le rapport du Conseil consultatif le souligne, l’Institut canadien d’information sur la santé est un organisme indépendant de collecte de données à l’échelle nationale qui répond aux besoins des gouvernements fédéral et provinciaux en leur fournissant des renseignements de santé importants et des conseils stratégiques. Dans sa proposition pour le Laboratoire des compétences futures, le Conseil soutient que la question des compétences est tout aussi fondamentale et importante pour le pays et sa réussite dans les années à venir. Il s’agit d’un argument convaincant.
Les lecteurs assidus des billets de blogue et des rapports du COQES comprendront certainement pourquoi nous accueillons fort bien la proposition du Laboratoire des compétences futures. Ses principaux thèmes vont de pair avec les idées dont nous faisons la promotion depuis un certain temps déjà : la transition du contenu aux compétences; la nécessité d’évaluer les compétences; l’importance de mettre à l’essai différents types d’occasions de formation expérientielle et d’apprentissage intégré au travail et d’évaluer la qualité et la valeur de ces occasions selon un processus rigoureux d’évaluation, et le rôle des tierces parties dans l’élaboration de politiques progressistes.
Nous reprochons souvent au gouvernement de ne penser qu’à court terme et de prendre des décisions qui ne visent qu’à augmenter ses chances d’être réélu. La proposition de créer le Laboratoire des compétences futures est un exemple de vision stratégique, novatrice et à long terme qui crée des établissements et processus investissant dans la réussite future à long terme du pays et de ses citoyens. Ne serait-ce que pour cette raison, la proposition est rafraîchissante et courageuse. Son attention aux détails et la prescience dont elle témoigne sont tout aussi impressionnantes. Mettons-la en œuvre sans tarder.
Merci d’avoir pris le temps de lire ce texte.
Harvey P. Weingarten