Nous avons publié cette semaine une étude portant sur le lien entre l’offre de diplômés dans six professions réglementées – médecine, droit, enseignement, architecture, génie et sciences infirmières – et la demande pour ces diplômés sur le marché du travail. Les données probantes historiques fournies dans cette analyse sont claires – nous nous trompons chaque fois! Nous en fournissons toujours trop ou pas assez.
Cette conclusion ne surprendra personne qui suit les tentatives effectuées dans le passé pour établir un lien entre l’éducation postsecondaire et les emplois. Il n’existe pas de conduit privilégié ou direct entre certains domaines d’études/programmes/grades et des emplois donnés. Cette conclusion a été confirmée dans les analyses du COQES indiquant que les étudiants de domaines d’études particuliers occuperont une foule d’emplois divers et, réciproquement, que les personnes occupant certains emplois proviennent d’une multitude de domaines d’études postsecondaires et de programmes menant à un grade différents. Sur le plan conceptuel, cette incapacité à jumeler des programmes à des emplois donnés ne devrait pas nous surprendre. Les programmes représentent la façon dont les établissements d’enseignement postsecondaire se structurent sur le plan administratif et les professions sont souvent classées selon la Classification nationale des professions (CNP) établie par le gouvernement fédéral. Si ces entités étaient relativement valables dans le passé, il y a maintenant d’énormes dynamiques et écarts entre les domaines d’études et les emplois offerts.
Les données probantes – peu importe la mesure dans laquelle les décideurs, politiciens et étudiants souhaiteraient qu’elles soient différentes – sont convaincantes et incontestables. Étant donné la façon dont nous examinons maintenant le problème, il est impossible de déterminer le nombre de personnes que nous devons admettre dans un programme d’études postsecondaires donné pour fournir un nombre suffisant, et non pas un trop grand nombre, de diplômés pour occuper les postes prévus. Si nous n’y parvenons pas pour les professions réglementées, nous ne réussirons certainement pas pour les domaines des sciences politiques, de la chimie ou de la gestion.
Donc, devons-nous simplement cesser d’essayer de comprendre le lien entre l’éducation postsecondaire et le milieu de travail? Absolument pas. L’une des principales raisons pour lesquelles les gouvernements appuient le système postsecondaire public est la formation de diplômés qui feront tourner l’économie et qui occuperont les postes vacants. Tous les sondages menés auprès des étudiants que je connais montrent que la raison principale (mais pas nécessairement exclusive) invoquée par les étudiants pour suivre des études postsecondaires est d’obtenir les titres de compétences nécessaires afin d’obtenir un bon emploi.
Cependant, le moment est venu de nous rendre à l’évidence et de commencer à poser des questions différentes, plus intelligentes, plus contemporaines et plus pertinentes au sujet de l’harmonisation de l’éducation postsecondaire avec les emplois. Ces questions prometteuses mettent l’accent sur les compétences.
Les compétences représentent la terminologie commune qui peut faire concorder ce qui est appris pendant les études postsecondaires avec les exigences des emplois actuels. La bonne nouvelle c’est que nous nous dirigeons dans cette direction. Une série de sondages menés récemment ont mis en évidence un consensus remarquable et la convergence des opinions au sujet des compétences que les employeurs estiment comme étant essentielles pour réussir sur le marché du travail d’aujourd’hui. L’évaluation des aptitudes occupe une place de plus en plus importante pendant les études postsecondaires tout comme les tentatives en vue d’associer les compétences, comme la pensée critique, aux emplois et aux résultats sur le marché du travail. Pour réaliser des progrès – pour régler le problème de l’harmonisation de l’éducation postsecondaire avec les emplois ainsi que celui de la pénurie de compétences – nos collèges et universités doivent évaluer les compétences et délivrer les titres connexes plus efficacement (et non pas simplement fournir le relevé traditionnel des cours suivis par l’étudiant, les notes qu’il a obtenues et le titre de compétences qu’il a reçu) et les employeurs doivent mieux déterminer les compétences précises requises pour réussir dans des emplois particuliers.
Le fait d’utiliser les mêmes termes pour parler des compétences peut mettre fin au déséquilibre et à la confusion actuels au sujet de l’éducation fournie dans nos établissements postsecondaires, des emplois et du marché du travail.
L’autre avantage de parler des compétences c’est qu’il nous permet de répondre à d’importantes questions sur le marché du travail de l’avenir si nous voulons que l’économie du Canada soit vigoureuse, compétitive et prospère. Des questions comme :
Quelles compétences les étudiants doivent-ils acquérir pendant leurs études postsecondaires étant donné qu’ils changeront de cinq à sept fois d’emploi pendant leur carrière?
Quelles compétences les étudiants doivent-ils acquérir pendant leurs études postsecondaires étant donné qu’un fort pourcentage des emplois que ces étudiants occuperont pendant leur carrière n’ont pas encore été créés ou envisagés?
Quelles techniques pédagogiques ou expériences sont les plus efficaces pour enseigner aux étudiants les compétences liées à l’emploi dont ils auront besoin?
La méthode utilisée dans le passé pour poser l’importante question au sujet du lien entre l’éducation postsecondaire et les emplois n’a pas été utile. Je sais qu’il est difficile d’oublier la façon dont nous avons agi dans le passé. Cependant, le moment est venu de poser des questions qui peuvent fournir aux étudiants, gouvernements et employeurs les renseignements et les réponses qu’ils souhaitent obtenir. Cela nous amène à la perspective prometteuse des compétences.
Merci de votre attention.