Le sondage de l’automne 2021 de COQES auprès des étudiants révèle que les femmes, les immigrants et les étudiants handicapés ne connaissent pas les mêmes niveaux d’AIT inclusifs et de haute qualité que les autres. Ces groupes démographiques font état de taux d’insatisfaction statistiquement significatifs, d’obstacles à l’accessibilité à différentes étapes de leur placement, de harcèlement de la part de collègues et de problèmes de santé mentale.
Auteurs : Ken Chatoor et Lena Balata
Bien que les avantages de l’apprentissage intégré au travail (AIT) soient bien documentés, la recherche montre que certains étudiants sous-représentés – comme les femmes, les étudiants handicapés et les étudiants LGBTQAI+ – connaissent des disparités dans les résultats de l’AIT, notamment les taux d’emploi et les salaires après l’obtention du diplôme. Bien que la littérature canadienne sur l’AIT se concentre fortement sur les perceptions des étudiants, les données sur la diversité et l’inclusion dans l’AIT sont rares. Les évaluations comprennent rarement une perspective de diversité, et peu d’études se concentrent sur la façon dont différents groupes perçoivent leurs expériences d’AIT.
Le récent rapport du COQES — Travailler (et apprendre) en ligne — a fait état des avantages et des défis de l’AIT à distance et hybride. Le COQES publiera bientôt un rapport explorant les expériences d’inclusion des étudiants dans l’AIT. Les deux publications sont basées sur des données collectées par le biais d’enquêtes auprès des étudiants en AIT, des administrateurs d’établissements et des employeurs concernant l’année universitaire 2020-2021 et menées par Academica Group à l’automne 2021.
Cet ensemble de données nous offre l’occasion de nous demander comment la satisfaction des étudiants à l’égard des expériences d’AIT varie selon les caractéristiques des antécédents (démographiques). Nous nous appuyons sur les réponses des étudiants sur l’identité, notamment le sexe, le handicap et le statut d’immigration, pour examiner leurs expériences personnelles et leurs différents taux de satisfaction à l’égard de l’AIT – dans les établissements, les secteurs et les programmes universitaires, et selon les types de prestation (c.-à-d. à distance ou en personne).
Bien que nous ne soyons pas en mesure d’effectuer des analyses déductives, intersectionnelles ou complexes, les données présentées révèlent des lacunes en matière d’équité dans les activités et les résultats de l’AIT, ainsi que des questions qui nécessitent une exploration plus approfondie pour s’assurer que tous les étudiants bénéficient de l’AIT.
Une discussion plus complète des méthodes — et une analyse plus approfondie de nos résultats — se trouvent dans le document Explorer les expériences des étudiants de l’AIT par document d’information démographique PDF.
Nos résultats sont organisés en fonction de caractéristiques présentant des disparités statistiquement significatives en matière de satisfaction.
Femmes
- Les répondantes s’identifiant comme des femmes étaient moins susceptibles de dire qu’elles étaient satisfaites de leur expérience d’AIT (76 %) que les hommes (86 %).
- Les femmes étaient plus susceptibles d’être dans des placements d’AIT non rémunérés (47 %) que les hommes (28 %).
- Les femmes étaient plus susceptibles de dire qu’elles se sentaient mal à l’aise au travail que les hommes (17 % par rapport à 8 %), qu’elles éprouvaient des difficultés avec la culture de travail (43 % par rapport à 31 %) et qu’elles faisaient face à des obstacles pendant l’AIT (59 % par rapport à 44 %).
- Soixante-dix pour cent des femmes ont cité la santé mentale comme un défi, comparativement à 52 % des hommes.
- Vingt pour cent des femmes placées en personne dans le cadre d’un AIT ont déclaré avoir subi un comportement sexuel non désiré pendant leur placement, comparativement à 1 % des hommes.
Étudiants handicapés
- Les étudiants ayant une incapacité étaient moins susceptibles d’exprimer leur satisfaction à l’égard de l’AIT que les étudiants non handicapés (75 % par rapport à 82 %).
- Les étudiants ayant une incapacité étaient plus susceptibles de dire qu’ils avaient éprouvé des difficultés pendant leur AIT (62 % par rapport à 52 %) que ceux n’ayant pas d’incapacité.
- Les étudiants ayant une incapacité étaient également plus susceptibles d’éprouver des difficultés à l’étape de la demande (23 % par rapport à 13 %) et à l’étape de l’entrevue (19 % par rapport à 13 %).
- Dans le milieu de travail de l’AIT, ces étudiants étaient plus susceptibles de dire qu’ils se sentaient ignorés par les autres (27 % par rapport à 17 %) et qu’ils éprouvaient des problèmes de santé mentale (73 % par rapport à 61 %).
Immigrants
- Les immigrants ont déclaré avoir plus de difficultés que les non-immigrants à plusieurs moments dans le cadre de leurs expériences d’AIT : l’étape de la demande (18 % par rapport à 13 %), l’étape de l’entrevue (19 % par rapport à 12 %) et l’étape de l’embauche (14 % par rapport à 9 %).
- Les immigrants étaient également 23 points de pourcentage plus susceptibles de dire qu’ils avaient rencontré des obstacles pendant le placement de l’AIT lui-même (70 % par rapport à 47 %).
Il est important de recueillir des données sur les expériences des étudiants et de les relier aux caractéristiques démographiques pour nous aider à mieux comprendre comment différents types d’étudiants vivent l’AIT. Nos constatations descriptives font état de différences de satisfaction fondées sur les caractéristiques de l’EDID des étudiants et s’éloignent des mesures traditionnelles de l’accessibilité, comme l’obtention du diplôme et le rendement sur le marché du travail. Les recherches futures devraient explorer comment les différentes identités se croisent et tenir compte de tous les groupes d’identité étudiante, notamment la façon dont l’identité autochtone, le statut de première génération, les antécédents de faible revenu et l’identité LGBTQAI+ ont un impact sur les expériences d’AIT.
Nous recommandons les champs d’enquête supplémentaires suivants pour motiver les examens futurs :
- Quels sont les facteurs qui déterminent les expériences différenciées et pourquoi ces différences existent-elles?
- En quoi les expériences d’AIT diffèrent-elles selon le type d’incapacité?
- Comment les établissements et les employeurs peuvent-ils soutenir les étudiants de tous les horizons?
- Comment le processus de demande peut-il être amélioré pour éliminer les obstacles et accroître l’inclusion?
- Quelles politiques, quels programmes et quelles mesures peuvent créer des environnements plus favorables et inclusifs pour les femmes, ainsi que pour les personnes handicapées?
En fin de compte, l’AIT de haute qualité doit être à la fois accessible et inclusive. Nous devons veiller à ce que tous les étudiants puissent faire l’expérience du développement associé de l’AIT en matière de compétences et d’avantages sur le marché du travail.
Les lecteurs sont invités à explorer notre discussion et notre analyse complètes dans Identité des étudiants et apprentissage intégré au travail (AIT) : Explorer les expériences des étudiants de l’AIT par groupe démographique.