La tendance des « micro » — c’est ainsi que nous avons qualifié le mélange d’enthousiasme et d’incertitude entourant les microtitres de compétences en Ontario au printemps dernier. Depuis, le COQES s’est associé à la Table ronde sur les affaires et l’enseignement supérieur (TRAES) pour contribuer à dissiper certaines incertitudes entourant les microtitres de compétences. Nous établissons une base de données probantes dont toute personne des secteurs collégial, universitaire ou gouvernemental peut s’inspirer pour orienter ses stratégies de conception et d’exécution.
Dans un premier temps, nous avons chargé Abacus Data de mener une enquête auprès de 2 000 Canadiens en âge de travailler (âgés de 18 à 64 ans) qui ne sont pas inscrits à un programme d’études postsecondaires à l’heure actuelle. Cette enquête, qui a pris fin la première semaine de septembre 2020, visait à explorer les besoins des Canadiens en matière de perfectionnement des compétences et leurs perceptions des microtitres de compétences.
Le point le plus important à retenir? Seulement un Canadien sur quatre a déjà entendu le terme « microtitres de compétences », et encore moins sont certains de ce que cela signifie.
Les résultats renforcent la nécessité d’énoncer une définition des microtitres de compétences qui trouve écho chez les Canadiens et qui décrit avec exactitude la gamme des services offerts dans le secteur; une définition dont ce secteur peut se servir pour sensibiliser davantage les Canadiens à ces nouveaux services. Dans cette optique, nous mobiliserons les intervenants au cours des prochains mois pour peaufiner et améliorer notre typologie et notre définition provisoire :
Un microtitre de compétence est une représentation de l’apprentissage, décerné pour la participation à un court programme axé sur un petit ensemble de compétences pertinentes à l’emploi (c.-à-d. aptitudes, connaissances, attributs), souvent liées à d’autres titres de compétences.
Note du rédacteur (Dec 15) : Depuis la publication de ce blogue, des chercheurs du COQES ont mené des entrevues avec des experts internationaux et nous avons mis à jour la définition pratique des microtitres de compétence. Au moment de la publication, la définition provisoire était la suivante : Les microtitres de compétences sont des titres de compétences liés à des possibilités d’apprentissage brèves et souples qui ciblent certaines compétences ou connaissances en particulier. Ils se distinguent des grades, diplômes et certificats universitaires ou collégiaux plus traditionnels, qui se rapportent à des programmes d’études dans le cadre desquels sont enseignés des ensembles interreliés de compétences sur plusieurs années.
Après avoir pris connaissance de notre définition provisoire, 69 % des répondants étaient intéressés par l’idée d’un apprentissage à la fois bref et axé sur les compétences aux fins du perfectionnement professionnel, tandis que 68 % étaient intéressés aux fins d’un perfectionnement personnel. Néanmoins, 69 % ont indiqué qu’en l’absence d’une définition claire et largement utilisée des microtitres de compétences, il est difficile d’évaluer leur valeur potentielle.
« Il sera important de normaliser et d’utiliser de plus en plus le terme « microtitres de compétences » pour susciter l’intérêt et atténuer les préoccupations des Canadiens en âge de travailler pour ce qui est de tirer parti de ces possibilités d’apprentissage, particulièrement chez ceux qui manifestent déjà de l’intérêt » – Oksana Kishchuk, Abacus Data
Les recherches que nous effectuons à l’heure actuelle et dans le cadre desquelles nous mènerons des enquêtes auprès des employeurs et des établissements d’enseignement postsecondaire permettront également de mieux comprendre les types de microtitres de compétences qui présentent la plus grande valeur et pour qui ils le font. Certains microtitres de compétences sont obtenus par suite d’une évaluation de la compétence, par exemple, tandis que d’autres peuvent être combinés (ou « cumulés ») aux fins de l’obtention d’un grade ou d’un certificat. Notre sondage indique que les Canadiens sont en faveur de ces caractéristiques : 58 % des répondants ont dit qu’il est important que les microtitres de compétences soient fondés sur les compétences, et 51 % ont dit la même chose au sujet de la cumulabilité.
Les répondants ont également souligné l’abordabilité comme étant particulièrement importante — seulement 25 % des répondants environ ont dit qu’ils paieraient plus de 250 $ de leur poche pour obtenir un microtitre de compétences hypothétique. Cela dit, le tiers des répondants ont indiqué avoir accès à un soutien financier pour l’apprentissage professionnel par l’entremise de leur employeur, et de nombreux répondants espèrent obtenir l’aide de leurs employeurs pour acquitter la facture.
Notre enquête a également révélé les caractéristiques du marché potentiel des microtitres de compétences : 42 % des répondants employés ont exprimé leur intérêt à changer d’emploi au cours de la prochaine année (soit en changeant d’employeur, soit en changeant de rôle), et 78 % des répondants, dont bon nombre ont subi des perturbations dans leur vie professionnelle en raison de la COVID‑19, ont confirmé que le perfectionnement et l’apprentissage continu seront importants pour ce qui est d’« assurer l’avenir » de leur carrière. Par ailleurs, 57 % des répondants sans emploi ont dit souhaiter réintégrer le marché du travail dans une carrière différente de celle qu’ils ont quittée. Dans l’ensemble, les répondants ont dit souhaiter particulièrement acquérir des compétences transférables comme la pensée critique, les communications, le leadership et le travail d’équipe au moyen de microtitres de compétences.
Dans quelques mois, nous rendrons compte de ces constatations de façon plus détaillée parallèlement aux résultats des enquêtes que nous avons menées auprès des employeurs et des établissements d’enseignement postsecondaire. Dans l’intervalle, nous continuerons de travailler à une définition et à une typologie claires des microtitres de compétences — ce qui, d’après ces résultats, sera essentiel pour que les microtitres de compétences aient une valeur pour les Canadiens.
Remarques sur l’enquête : La marge d’erreur pour un échantillon aléatoire comparable de même taille est de +/- 2,1 %, 19 fois sur 20. Les données ont été pondérées compte tenu des données du recensement pour s’assurer que l’échantillon correspondait à la population canadienne en âge de travailler selon l’âge, le sexe, le niveau de scolarité et la région.
Jackie Pichette est directrice, Politiques, recherche et partenariats au COQES