Blogueur invité : Joe Henry
Dans les médias et les milieux de l’enseignement, les retombées de la question hommes femmes sur la réussite et la réalisation des élèves ont alimenté de nombreuses conversations. Au cours des 50 dernières années, une évolution appréciable et importante a eu lieu au sein des établissements d’enseignement postsecondaire en Amérique du Nord quant à la participation des femmes et à l’obtention d’un diplôme par ces dernières. En tant que père d’une jeune fille, je me réjouis des nombreuses possibilités naissantes qui s’offrent à elle.
Cependant, à titre de pédagogue et pour avoir œuvré dans l’enseignement postsecondaire durant près de 14 ans, la population d’hommes aux études supérieures au Canada me préoccupe de plus en plus. Pendant que la participation aux études postsecondaires atteint un sommet au pays, où le nombre d’élèves obtenant leur diplôme d’études secondaires est plus élevé que jamais, il importe de tenir compte des difficultés et enjeux auxquels font face les hommes aux études à l’université.
L’an dernier, selon Statistique Canada, les diplômées comptaient pour 58,2 % du nombre total des récents titulaires d’un diplôme d’études postsecondaires au Canada, pendant que les femmes constituaient 56 % du nombre total d’étudiants inscrits. Le Projet MEAFE sur la question hommes-femmes et l’enseignement postsecondaire, a permis de constater que le risque de décrochage à la première ou à la deuxième année d’études postsecondaires est plus élevé chez les hommes que chez les femmes, bien que l’importance accordée aux études postsecondaires soit la même de part et d’autre. Le COQES s’est également penché sur ce problème dans deux études de recherche, intitulées Comprendre l’écart entre les sexes au chapitre de la fréquentation de l’université et Où sont les garçons?
Dans le cadre de mon travail aux affaires étudiantes postsecondaires, j’ai constaté quelques différences révélatrices entre les hommes et les femmes : d’une part, les hommes sont considérablement moins enclins que les femmes à demander l’appui des services de soutien, dont les services consultatifs ou de counseling et, d’autre part, ils participent généralement dans une moindre mesure à l’exercice du leadership étudiant ou à la programmation parallèle au cursus; or, à mon sens, ces deux facteurs sont déterminants en ce qui touche la déperdition et la persévérance de l’effectif aux études supérieures.
Il faut reconsidérer la façon d’envisager les enjeux hommes-femmes dans l’enseignement. De façon précise, il convient de mettre en application ce qui suit :
- Recentrer les efforts consentis en matière d’orientation et de counseling professionnel pour les hommes. Trop souvent, la persévérance dans les études supérieures régresse en raison d’un défaut de clarté sur le plan professionnel et de connaissance des forces. Les hommes choisissent leur carrière d’après les attentes ou les normes sociétales plutôt qu’en fonction de leurs forces. En outre, s’il faut tenir compte de l’accès des femmes aux carrières à prédominance masculine, il y a lieu également de se pencher sur l’inverse.
- Faire appel à des mentors et à des modèles positifs de fonction professionnelle. Des programmes tels que Men as Career Coaches (conçu par le Halton Industry Education Council) ou ceux proposés par les Grands Frères procurent aux jeunes hommes l’occasion de s’exprimer puis d’examiner leur cheminement potentiel et leurs possibilités sur le plan professionnel afin qu’ils puissent emprunter des voies propices à la productivité.
- Approfondir la recherche sur les difficultés particulières vécues par les hommes aux études supérieures, y compris les facteurs en lien avec la persévérance. À ce chapitre, il est souvent inefficace de recourir à une optique universelle.
Plus que jamais, les études postsecondaires jouent un rôle important et il importe d’employer judicieusement les ressources à cette fin pour voir à ce que les étudiants puissent concrétiser leurs buts et amener un apport favorable à la société. Si le Canada se penche sur la disparité hommes-femmes relativement aux études postsecondaires, il saura ensuite demeurer concurrentiel au sein de l’économie mondiale et obtenir un rendement d’investissement positif en lien avec l’enseignement supérieur.
Joe Henry est vice-doyen de la réussite des étudiants au Collège Sheridan et doctorant à l’Université Northeastern de Boston.
À notre avis, les blogueuses et blogueurs invités expriment leurs propres avis, et pas nécessairement ceux du COQES.