L’expression « personnes handicapées » décrit une grande diversité de personnes, y compris celles qui ont des incapacités physiques, des troubles d’apprentissage, des problèmes de santé mentale et des déficiences auditives et visuelles. Il est essentiel de reconnaître la diversité des incapacités pour comprendre le vécu propre à chaque personne. Il est important de comprendre l’incidence des obstacles systémiques auxquels font face les personnes qui ont des incapacités différentes afin d’éliminer ces obstacles.
Le Conseil ontarien de la qualité de l’enseignement supérieur (COQES) a récemment publié un rapport sur les étudiants handicapés. Deux de nos constatations les plus importantes étaient que les personnes handicapées se heurtent à des obstacles qui ont une incidence sur leurs études postsecondaires (EPS) et que le type d’incapacité qu’elles ont a de l’importance – une grande importance. Par exemple, les personnes qui ont une incapacité physique ou mentale ou un trouble d’apprentissage sont moins susceptibles d’obtenir un titre d’études postsecondaires que les personnes non handicapées. En raison des limites des données canadiennes, il est difficile d’examiner pourquoi il existe des différences entre les types d’incapacités.
Le fait d’avoir une incapacité influe également sur les résultats obtenus sur le plan professionnel par les personnes qui ont récemment obtenu un diplôme d’EPS. Les diplômés handicapés affichent des taux de chômage plus élevés, et ceux qui ont un trouble d’apprentissage ou une incapacité mentale ou physique sont moins susceptibles d’occuper un emploi rémunéré. Les nouveaux diplômés handicapés sont également moins susceptibles de bénéficier d’avantages sociaux, comme une assurance-soins dentaires et des congés de maladie payés, par rapport aux nouveaux diplômés non handicapés. L’aspect le plus troublant de ces constatations est peut-être le fait que les différences sur le plan des résultats se manifestent immédiatement après l’obtention du diplôme et qu’elles persistent tout au long de la carrière d’une personne. Nous devons disposer de données qui reflètent les expériences vécues par les personnes qui ont divers types d’incapacités pour être en mesure d’élaborer des politiques plus intelligentes et ciblées qui répondent aux besoins particuliers – immédiats et permanents – des personnes qui en bénéficieront le plus. De meilleures données nous permettraient également d’évaluer les nouveaux programmes et politiques et de nous assurer qu’ils fonctionnent comme prévu.
En premier lieu, nous devons reconnaître que les personnes qui ont des types d’incapacités divers font face à des difficultés diverses. Les établissements et les gouvernements devraient recueillir des données sur les personnes handicapées afin de disposer d’information qui refléterait l’expérience vécue par les étudiants. Ce n’est qu’à cette condition que les étudiants, les établissements d’enseignement et les employeurs pourront trouver des solutions qui permettront de mieux surmonter les obstacles particuliers auxquels font face les personnes handicapées. Sans les données nécessaires pour révéler les expériences complètes et intersectionnelles des personnes handicapées, la recherche et les politiques ne suffiront jamais à garantir à toutes les personnes handicapées l’accès aux EPS et une intégration significative et équitable au marché du travail.
Les établissements d’enseignement postsecondaire et les gouvernements devraient collaborer avec les collectivités de personnes handicapées pour s’assurer que les termes utilisés dans le cadre de la collecte de données et de la recherche sont exacts et appropriés. La promotion et le maintien de relations avec les collectivités de personnes handicapées atténueront l’utilisation d’une terminologie inexacte et désuète à mesure que les collectivités évolueront. En outre, des liens solides avec ces collectivités pourront créer une plateforme qui permettra aux personnes handicapées de s’adresser directement aux établissements et aux organes directeurs au sujet des types de données qui devraient être recueillis. Ces partenariats devraient permettre d’éclairer intentionnellement l’élaboration de programmes et de politiques conçus pour profiter aux personnes handicapées.
Des données propres aux incapacités qui reflètent les expériences vécues permettront aux chercheurs d’appliquer une approche intersectionnelle à la création de solutions stratégiques solides et efficaces. Il n’existe pas de solution unique pour résoudre tous les problèmes auxquels fait face un groupe aussi grand et diversifié, mais le fait de combler les lacunes statistiques pour mieux comprendre et éliminer les obstacles auxquels font face les personnes handicapées constituerait une avancée significative.
Ken Chatoor est chercheur principal et Victoria Barclay est stagiaire en recherche au Conseil ontarien de la qualité de l’enseignement supérieur.