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Madeleine Lefebvre – Le nouveau centre d’apprentissage de l’Université Ryerson privilégie les étudiants (et plus encore)

Madeleine Lefebvre, bibliothécaire en chef à l’Université Ryerson

« Nous l’appelons le Centre d’apprentissage des étudiants parce que nous apprenons d’eux et qu’ils apprennent entre eux. »

Avant de passer à la conception du nouveau Centre d’apprentissage pour étudiants (SLC) de l’Université Ryerson en 2008, nous avons effectué de nombreuses recherches à partir de sources abondantes et variées au sujet du comportement d’étude adopté par les étudiants.

Voix de la conférence des 23 et 24 mars 2016 du COQES – Transitions : L’apprentissage par-delà les frontières, les secteurs et les cloisonnements

Nous avons testé des suppositions auprès d’étudiants par de nombreuses façons. Nos architectes se sont mêmes entretenus de façon informelle avec des étudiants afin de bien connaître leurs besoins. Nous avons également visité d’autres campus pour nous en inspirer. En compagnie d’un groupe restreint d’étudiants, nous sommes allés à Montréal constater les réalisations concrètes dans plusieurs contextes pour ensuite évaluer leurs réactions. Ce jour‑là, de perplexes qu’ils étaient, les étudiants en question ont commencé à s’intéresser profondément à notre initiative, emballés à l’idée que celle‑ci puisse se concrétiser à l’Université Ryerson.

Nous avons visité deux nouvelles bibliothèques numériques d’envergure – la bibliothèque Hunt à l’Université d’État de la Caroline du Nord, ainsi que la bibliothèque numérique familiale Taylor à l’Université de Calgary – pour en apprendre sur la conception de ces organisations. À titre d’exemple, nous avons vu là‑bas des fournitures scolaires vendues dans des distributrices, un concept que nous avons testé auprès de nos propres étudiants.

Nous avons organisé des assemblées publiques, des groupes de discussion et des sondages par simulation. Toute la rétroaction obtenue était en phase avec nos recherches, selon lesquelles il fallait au moins 2 000 places assises pour étudier afin de régler le problème de l’espace à la bibliothèque, jugé exigu et inapproprié. En outre, parce qu’un grand nombre de nos étudiants parcourent de grandes distances, il fallait de l’espace favorisant l’apprentissage à l’extérieur de la salle de classe, le travail à des projets en équipe, l’étude en silence et individuelle des étudiants, les services de soutien universitaire aux étudiants… et parfois une courte détente durant une longue journée.

Entre autres constatations relatives aux besoins : beaucoup de luminosité; de la souplesse pour réaménager ultérieurement l’espace au fur et à mesure que son utilisation évolue; l’accès Internet sans fil et des prises de courant un peu partout; de l’espace servant à expérimenter les médias numériques; des distributrices pour vendre des articles de première nécessité comme des chargeurs, du ruban adhésif, des trombones ou des piles; des endroits où remplir une bouteille d’eau; de même qu’un lieu qui susciterait un sentiment d’appartenance à l’Université Ryerson et la fierté d’en faire partie.

À l’occasion d’une foire de l’ameublement, les étudiants ont pu faire l’essai de divers types de meubles et se prononcer à ce sujet. Durant les sept années du projet, des sous‑comités d’étudiants se sont constitués afin de jouer un rôle particulier, notamment dans l’élaboration de principes en lien avec l’immeuble, de même que l’examen et l’adaptation de politiques ayant trait à chaque facette, allant de la réservation des salles de travail coopératif à la tenue d’événements spéciaux.

Le 23 février 2015, à l’occasion de l’inauguration du SLC, les étudiants ont afflué. Ils savaient intuitivement l’usage auquel chaque étage était destiné et ils ont repéré leurs endroits préférés. En quelques heures seulement, le SLC était bondé. J’ai reçu une lettre d’une étudiante qui affirme « se sentir la bienvenue » au SLC. Elle m’a confié qu’elle se trouve sur le campus presque chaque jour, maintenant qu’elle a un endroit où aller. Nous souhaitions que les étudiants demeurent sur le campus en dehors de leurs heures de cours pour contribuer à leur expérience d’apprentissage et susciter en eux le sentiment de former une communauté. Nous souhaitions également leur procurer un lieu central et universel propice aux « chocs productifs » entre eux et le corps professoral; un milieu cloisonné ne favoriserait pas de telles rencontres entre ces deux groupes.

Maintenant, tout s’est‑il déroulé comme sur des roulettes? Non. Lorsqu’on réunit un architecte, un conseiller en aménagement, un expert‑conseil de l’audiovisuel et un consultant des meubles, des luminaires et du matériel, ils ne travaillent pas toujours en harmonie. Nous avons dû également réaménager certaines salles de travail en équipe lorsque le plan de la disposition du mobilier, les écrans et le câblage se chevauchaient. Nous avions aussi prévu, en guise de surface d’inscription, un mur peint de blanc; les étudiants se sont mis à écrire sur tous les murs. Étant donné qu’ils pouvaient écrire sur certaines tables, les étudiants sont partis du principe qu’ils avaient le droit d’écrire sur toutes les tables. Parce que les étudiants demandent de l’espace à cor et à cri sur le campus, nous donnons constamment suite à des demandes de salles de séminaire. J’en suis à apprendre combien d’étudiants organisent des groupes d’études, allant de la préparation aux examens de mi‑session jusqu’à la préparation aux entrevues d’emploi… Depuis l’inauguration du SLC il y a huit mois, nous apportons constamment des modifications. Je ne sais pas si tout cela va s’atténuer un jour. Mais entre‑temps, les étudiants travaillent, discutent, communiquent, font de l’enseignement entre pairs, et s’investissent pleinement dans ce qu’ils font, si bien que le SLC bourdonne d’activités. Un tel bourdonnement me réjouit au plus haut point. Au SLC, nul besoin de chuchoter!

Madeleine Lefebvre est bibliothécaire en chef à l’Université Ryerson.

À notre avis, les blogueuses et blogueurs invités expriment leurs propres avis, et pas nécessairement ceux du COQES.

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