Nous avons récemment demandé aux universités ontariennes certaines données qui nous permettraient de calculer l’augmentation des salaires des membres permanents à temps plein du corps professoral au cours des dernières années. Nous n’avons évidemment pas demandé de dossiers individuels – nous comprenons le concept de vie privée – mais plutôt des données regroupées aux niveaux de la province et des établissements.
Les universités ont refusé, déclarant que ces données seraient trompeuses. Que l’on ne demandait à aucun autre secteur de publier ainsi des données sur la croissance des salaires. Qu’il s’agit de données de nature délicate.
Aux États-Unis, l’American Association of University Professors publie de cette façon les données sur la croissance salariale. La sunshine list de l’Ontario rend public les salaires de tous les employés du secteur public qui gagnent plus de 100 000 $ – en y consacrant les efforts nécessaires, on peut l’utiliser pour étudier le changement global au fil du temps des salaires de la majorité des membres permanents du corps professoral (ce que nous faisons d’ailleurs). Des données similaires peuvent rapidement être réunies pour les enseignants de l’Ontario à partir des grilles salariales qui figurent dans les conventions collectives.
Tout au long des 30 années de carrière que je leur ai consacrées, les universités et collèges de l’Ontario ont maintes et maintes fois dit « non » au partage des données les concernant.
Les universités nous rappellent qu’elles sont des établissements autonomes. Les lois qui les établissent leur confèrent l’autorité administrative sur un vaste ensemble d’objets. Elles doivent selon la loi rendre compte à leur conseil d’administration et à leur sénat respectifs. Nous devons respecter cela.
Cependant, un point de vue parallèle mérite également notre respect et notre attention.
Les universités et les collèges (comme ces établissements nous le rappellent souvent) sont également un bien public et une composante à part entière de la mosaïque publique. Leurs revenus proviennent directement et indirectement de la population par l’intermédiaire des administrations provinciale et fédérale. Les étudiants paient des droits, fixés par le gouvernement dans l’intérêt public, et ils sont subventionnés par un système d’aide aux étudiants financés par l’État. Le terme MUSH (pour décrire le secteur public) englobe les municipalités, les universités, les écoles et les hôpitaux. Les universités et les collèges sont systématiquement inclus dans les initiatives-cadres – qu’il s’agisse de règlements sur l’accès à l’information ou de la surveillance d’un ombudsman. Dans le contrat social global, les universités et les collèges jouent un rôle important et vaste au service des citoyennes et citoyens de l’Ontario et de l’économie collective.
Il en résulte pour les établissements la responsabilité de rendre des comptes et de faire preuve de transparence. Que cette obligation ne soit pas explicitement énoncée dans les documents législatifs est significatif. Elle est au cœur du contrat social plus vaste dont sont parties les établissements publics d’enseignement postsecondaire. Le monde universitaire n’est pas un monde à part, c’est une part de nous-mêmes.
Historiquement, nous avons en Ontario renoncé trop rapidement à poser des questions importantes à nos collèges et universités : quel est le rendement des investissements du public et des étudiants? Quel est le niveau de productivité de vos employés et de vos activités? Quels sont vos résultats en matière d’apprentissage et de recherche.
Le système public d’éducation supérieure est tellement important pour le futur de nos étudiants, de la province et du pays que la position par défaut devrait être de partager les données importantes dont nous disposons pour améliorer le système, en accroître la qualité et renforcer sa viabilité.
Martin Hicks est directeur des données et des statistiques au COQES.
Une réponse sur « Martin Hicks — Données sur le secteur postsecondaire et domaine public »
Setting any “bonuses” aside could one not get an idea of the the salary increases sought in the opening paragraph by looking at Collective Agreements (all of which are public documents) along with an average institutional salary calculation obtainable from various sources (Stats Can., OCUFA, etc.)?