Rendement de l’enseignement postsecondaire au Canada : l’argent ne fait pas le bonheur

Selon un nouveau rapport publié par le Conseil ontarien de la qualité de l’enseignement supérieur (COQES), le niveau de financement des universités du Canada ne permet pas de prédire leur rendement…

Toronto, le 12 mars 2015 – Selon un nouveau rapport publié par le Conseil ontarien de la qualité de l’enseignement supérieur (COQES), le niveau de financement des universités du Canada ne permet pas de prédire leur rendement.

En effet, dans son analyse la plus récente et exhaustive des systèmes d’enseignement postsecondaire du Canada, le COQES ne constate pas de corrélation entre le rendement des systèmes d’enseignement universitaire et le financement que ceux ci reçoivent. Certaines provinces ayant un niveau de financement peu élevé affichent un meilleur rendement que d’autres où le niveau de financement est supérieur. C’est ainsi que l’Ontario et la Nouvelle Écosse affichent le meilleur rendement dans l’ensemble malgré des coûts de fonctionnement inférieurs par étudiant, tandis que d’autres provinces qui investissent autant – ou dans certains cas beaucoup plus — obtiennent un rendement dans la moyenne ou inférieur à celle ci.

D’après Harvey P. Weingarten, président directeur général du COQES : « Il n’est plus seulement question de savoir quelles sont les sommes affectées à l’enseignement postsecondaire : il faut se demander comment cet argent est dépensé et quels sont les résultats qui sont obtenus ».

Le rapport Incidence du rendement de l’enseignement postsecondaire au Canada en 2015 étudie les résultats des systèmes d’enseignement postsecondaire provinciaux en fonction de trois dimensions et de 34 indicateurs. Les indicateurs d’accès englobent l’accès général et équitable à l’enseignement supérieur; les indicateurs de valeur pour les étudiants comprennent l’expérience vécue par les étudiants, l’abordabilité et les résultats d’apprentissage; les indicateurs de valeur pour la société incluent la création d’emplois, l’innovation et la participation des citoyens. Les résultats sont pris en compte relativement aux coûts de fonctionnement par étudiant, ce qui donne une cote de rendement globale pour chaque province. Bien que le rapport traite de l’enseignement dans les universités, les collèges et les métiers, le lien entre les coûts de fonctionnement et le rendement n’est examiné que dans le cas des systèmes d’enseignement universitaire, parce qu’il n’existe pas de données comparables à l’échelle nationale relativement aux collèges et aux métiers.

Au dire de M. Weingarten : « Globalement, l’enseignement supérieur au Canada donne de bons résultats. Dans chaque province, l’enseignement postsecondaire a une incidence positive quant à la réussite sur le marché du travail, aux revenus personnels, à la participation des citoyens et à la contribution à l’économie. Aucune des provinces n’échoue à ce chapitre, mais toutes peuvent s’améliorer dans un ou plusieurs domaines ».

L’Ontario réussit très bien dans pratiquement tous les indicateurs relatifs à l’accès. Un pourcentage élevé de la population ontarienne possède un diplôme d’études supérieures pendant que plusieurs universités figurent constamment au sommet des classements internationaux, grâce à l’excellent rendement du corps professoral universitaire en Ontario au niveau de la recherche.

Toutefois, l’Ontario améliorerait son rendement si elle prêtait davantage attention aux résultats d’apprentissage, si elle réduisait son ratio étudiant/personnel enseignant, si elle remaniait ses programmes d’aide pour frais de scolarité afin que les étudiants comprennent bien le prix net payé, et si elle repositionnait et élargissait l’accès à la formation d’apprentis : toutes des initiatives qui ne nécessitent pas de dépenses supplémentaires.

Par exemple, c’est en Ontario que les droits de scolarité affichés sont les plus élevés au Canada; toutefois, il en coûte nettement moins à la plupart des étudiants grâce aux programmes de subventions, de bourses, de crédits d’impôt et de réductions gouvernementales. Comme il est mentionné dans le rapport, le niveau d’endettement des étudiants ontariens figure parmi les plus bas au Canada trois ans après la fin de leurs études. « L’avantage que présentent les investissements massifs du gouvernement de l’Ontario en vue de l’abordabilité des études postsecondaires ressortirait bien davantage si l’information et les processus en lien avec l’accès aux programmes en question étaient remaniés et simplifiés de façon à ce que les étudiants comprennent bien les coûts nets de l’enseignement supérieur », affirme M. Weingarten.

En outre, le ratio personnel enseignant/étudiants de l’Ontario compte parmi les plus élevés au Canada. Cependant, une recherche antérieure du COQES a révélé que si les professeurs qui ne sont pas actifs dans le domaine de la recherche enseignaient davantage, la capacité des professeurs à temps plein des universités de l’Ontario pourrait augmenter jusqu’à 10 %, ce qui reviendrait à ajouter 1 500 membres au corps professoral de la province… sans qu’il n’en coûte davantage!

« Il est temps de recentrer les priorités de financement en fonction de la qualité plutôt que de l’effectif, d’ajouter M. Weingarten, suivant les recommandations d’un groupe d’experts que nous avons convoqué pour passer en revue les présentations d’ententes stratégiques de mandat du secteur postsecondaire. Il faut privilégier la qualité ainsi que l’expérience vécue par les étudiants. Nous devons rehausser la participation des étudiants et nous mettre à mesurer pour savoir si les étudiants possèdent à la fin de leurs études les connaissances et compétences requises pour réussir. L’Ontario aura l’occasion de faire preuve de leadership à l’échelle mondiale si elle s’engage à mesurer de tels résultats d’apprentissage de façon approfondie et à l’échelle du système, et à faire en sorte que ces résultats soient élaborés pour répondre aux besoins du marché du travail ».

Le rapport permet également de déceler d’importantes carences dans les données, lesquelles empêchent d’établir des comparaisons entre les provinces sur le rendement des systèmes d’enseignement postsecondaire. La collaboration entre les gouvernements fédéral et provincial pourrait permettre de dégager un consensus à l’échelle canadienne sur un ensemble de statistiques de base ainsi qu’une norme de collecte de données, notamment en ce qui touche le secteur collégial.

« Le rapport ne vise pas à désigner des gagnants ou des perdants, de dire M. Weingarten. L’objectif de ce rapport consiste en l’amélioration et son plus grand mérite est de déceler les points forts, les points à améliorer, de même que certaines voies à emprunter dans les systèmes des provinces ». Le rapport comporte également un outil Web interactif au moyen duquel les utilisateurs choisissent des indicateurs puis prêtent attention aux résultats les plus significatifs pour leur province ou leurs intérêts en particulier afin de constater dans quelle mesure les résultats pourraient s’en trouver recalibrés.

Au sujet du COQES

Créé en 2005, le COQES est un organisme du gouvernement de l’Ontario qui contribue à améliorer le système d’enseignement postsecondaire de l’Ontario. Il a pour mandat d’effectuer de la recherche, d’évaluer le système d’enseignement postsecondaire et de recommander des politiques au ministre de la Formation et des Collèges et Universités en vue d’améliorer la qualité, l’accessibilité et la responsabilité redditionnelle du système.

Pour de plus amples renseignements, veuillez communiquer avec :

Susan Bloch-Nevitte
Directrice générale des communications
Conseil ontarien de la qualité de l’enseignement supérieur
(416) 212-5242 / sbnevitte@heqco.ca