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Pour donner plus de poids au classement des universités, que dire de la valeur ajoutée

Il existe une pléthore de systèmes de classement des universités, la plupart d’entre eux générés par les médias (et souvent une source de revenus considérables pour ces derniers). Parmi les plus connus, mentionnons ceux du Jiao Tong de Shanghai, du Times Higher Education, du U.S. News et du World Report et, au Canada, ceux du Globe and Mailet de Maclean’s, sans compter les innombrables autres dans le reste du monde.

Ces divers systèmes de classement utilisent différentes méthodologies et mesures de performance. Ils sont pour le moins imparfaits et font souvent l’objet de critiques virulentes. Et pourtant, ils perdurent et se multiplient à une vitesse folle. Malgré les critiques et les détracteurs, ces systèmes de classement sont pris au sérieux par la population, les administrations universitaires, les conseils scolaires et les étudiants, et ils influencent leurs opinions et décisions (en particulier les systèmes de classement mondial). Les palmarès des universités ne sont pas sur le point de disparaître. Comme l’a mentionné Philip Altbach dans son article dans le Inside Higher Ed : « Si les systèmes de classement n’existaient pas, quelqu’un les inventerait.  »

Comme ces systèmes font maintenant partie du paysage, voici trois observations à leur sujet :

Premièrement, en dépit de leurs imperfections, ils comportent une certaine validité apparente. Il m’importe peu que Harvard soit classé numéro 1, 5 ou 10 dans le monde ou que McGill (je l’avoue, j’y ai fait mon baccalauréat) récolte la cote numéro 1, 2 ou 4 au Canada. Mais qu’importe le biais ou l’orientation du système de classement (lire plus bas mon commentaire sur la valeur ajoutée), les universités reconnues reçoivent habituellement une cote plus élevée que les autres universités qui, par consensus, devraient se trouver plus bas dans l’échelle. C’est la façon dont la plupart des classements fonctionnent. Si ce n’est pas le cas, ils sont habituellement rejetés, et à juste titre. En résumé, tant qu’on ne s’arrête pas uniquement à l’ordre précis du classement, on obtient l’ordre hiérarchique général.

Deuxièmement, chaque système de classement valorise davantage certains aspects de la vie universitaire que d’autres. Chaque système comporte ses failles sur le plan des mesures et de la méthodologie. Il arrive aussi que ces biais et failles avantagent ou désavantagent le classement d’une université. Certains administrateurs universitaires prêtent moins attention à certaines de ces failles lorsque le système avantage leur université, mais s’il nuit à son classement, alors là les critiques fusent. Ce n’est pas une attitude très souhaitable. Les meilleurs administrateurs ne sont pas portés à jubiler ni à protester haut et fort. Ils se contentent plutôt de glaner des informations utiles sur la méthode de classement afin d’évaluer ou d’améliorer la performance de leur université.

Enfin troisièmement (et cela est sans doute mon observation la plus importante), la plupart des systèmes de classement se concentrent sur certains ou sur tous les éléments suivants : le caractère exclusif de l’université (acceptation sur présentation de très bonnes notes; nombre de demandes refusées, etc.); sa richesse (quantité de livres en bibliothèque; dotation; ressources par étudiant, etc.); et la réputation de son personnel enseignant (prix importants reçus; revenus de recherche, etc.). Toutefois, la variable la plus significative de classement pourrait bien être la valeur ajoutée qu’apporte l’expérience universitaire à la réussite professionnelle et personnelle des étudiants. Règle générale, les diplômés de Harvard réussissent bien. Mais, cette réussite pourrait reposer sur qui ils sont et d’où ils viennent et non sur ce qui s’est passé à l’intérieur des murs de l’université. La valeur ajoutée de Harvard pourrait aussi reposer sur la cohorte d’étudiants qu’elle réunit, le réseautage qu’elle facilite ou encore la notoriété qu’amène un diplôme de cet établissement, et non sur l’enseignement qui y est dispensé ni le type d’interactions que les étudiants ont avec leurs professeurs. Parallèlement, on peut aussi penser qu’il existe des établissements d’études supérieures qui ne sont peut-être pas aussi prestigieux, exclusifs ou riches, mais qui acceptent des étudiants dont le profil n’est pas aussi spectaculaire et qui, en raison de l’expérience pédagogique qu’ils procurent, améliorent grandement les perspectives d’avenir de ces étudiants. Les systèmes de classement mesurent rarement la valeur ajoutée, mais j’ose espérer voir bientôt des systèmes qui en tiendront compte, ainsi que des résultats d’apprentissage.

À cette fin, le COQES organise une conférence en mai 2011 visant à examiner les façons dont divers établissements et compétences abordent la mesure des résultats de l’apprentissage postsecondaire et l’utilisation de ces mesures pour évaluer la valeur de l’éducation postsecondaire. Dans le cadre de cette conférence, nous tenterons de déterminer s’il est possible de classer les établissements postsecondaires selon la valeur qu’ils ajoutent à leur enseignement plutôt que de se baser uniquement sur les variables traditionnelles susmentionnées. Tenez-vous au fait de la conférence sur le site Web du COQES.

 

Merci d’avoir lu ce blogue.

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