Un rapport révèle les effets négatifs des grèves sur les étudiants universitaires
Selon un nouveau rapport du Conseil ontarien de la qualité de l’enseignement supérieur (COQES) , les arrêts de travail dans les établissements d’enseignement postsecondaire peuvent causer beaucoup de stress et de confusion chez les étudiants. Le rapport Understanding the Student Experience of a University Labour Strike: Identifying Strategies to Counter Negative Impact (Comprendre l’expérience vécue par les étudiants pendant un conflit de travail : Trouver des stratégies pour contrer les effets négatifs) présente les différents effets négatifs qu’ont les arrêts de travail universitaires sur les étudiants et souligne l’importance de recourir à des stratégies de communication plus efficaces pendant une grève. Il décrit en outre les interventions qui amélioreraient l’expérience étudiante en cas de grèves et présente plusieurs recommandations à l’intention des administrateurs et des membres du corps enseignant afin de réduire le fardeau d’une grève sur les étudiants.
Description du projet
Les auteurs ont mené trois études destinées à évaluer les effets des conflits de travail sur les étudiants. Au moyen de méthodes de recherche tant qualitatives que quantitatives , les chercheurs ont examiné les répercussions de trois grèves sur les étudiants. La première étude a servi à analyser les données tirées d’une enquête longitudinale visant à évaluer l’évolution des réactions émotives des étudiants à la grève des adjoints à l’enseignement et des membres à forfait du corps enseignant de l’Université York en 2008-2009. Les deuxième et troisième études comprenaient des entrevues en groupe de discussion et un sondage en ligne afin d’évaluer les répercussions de deux grèves tenues également par des adjoints à l’enseignement et des membres à forfait du corps enseignant en 2015 , l’une à l’Université de Toronto et l’autre à l’Université York.
Constatations
Les trois études ont confirmé que les arrêts de travail universitaires avaient eu des effets négatifs sur les étudiants. Les étudiants ont déclaré avoir ressenti beaucoup de stress , d’anxiété et d’inquiétude au sujet des problèmes liés à la façon dont l’arrêt de travail influerait sur leurs études et leurs finances. S’ils étaient d’abord heureux d’avoir l’occasion de se mettre à jour dans leurs travaux , les étudiants ont déclaré avoir ressenti une apathie ou une paresse générale à mesure que la grève se prolongeait et avoir constaté un changement dans leurs bonnes habitudes d’étude. La confusion était également ressentie par les étudiants; bon nombre d’entre eux se demandaient s’ils devaient se donner la peine de se tenir à jour dans leurs études. Une fois les grèves terminées , les étudiants ont indiqué qu’ils craignaient de ne pas avoir appris autant qu’ils le devaient dans leurs cours. Plusieurs s’inquiétaient également des répercussions financières des grèves.
Les étudiants ont déclaré se sentir mal informés et très déroutés par rapport à l’état d’avancement du conflit de travail. Les études ont révélé que les étudiants avaient consulté plusieurs sources afin d’obtenir de l’information sur la grève pendant les arrêts de travail. Les membres du corps enseignant se sont révélés une source particulièrement importante. Toutefois , les chercheurs soulignent que les administrateurs doivent mieux communiquer avec les étudiants. « On peut supposer que les étudiants souhaitent en savoir autant que possible sur l’état d’avancement des négociations et , plus important encore , sur l’incidence de la grève sur leur semestre et leurs études , ont précisé les chercheurs. En l’absence d’un message fort de l’équipe d’administration de l’université , les étudiants dépendent des renseignements obtenus en dehors des canaux de l’université , y compris par des rumeurs relayées par leurs camarades , le bouche-à-oreille et les médias sociaux. » Le manque d’information et de compréhension au sujet du processus de négociation collective a également contribué à la confusion et au stress des étudiants.
L’étude a révélé que les étudiants n’étaient pas tous du même avis au sujet des stratégies correctives qui étaient les plus utiles après une grève. Selon les chercheurs , il est donc important que l’administration et les membres du corps enseignant offrent une diversité de possibilités en classe et à l’échelle de l’université pour réduire le fardeau des étudiants.
« Collectivement , les trois études soulignent le stress et la confusion ressentis par les étudiants et le vif souhait d’une communication accrue pendant les arrêts de travail » , ont ajouté les chercheurs.
Le rapport fournit plusieurs recommandations aux administrateurs et membres du corps enseignant en cas d’éventuelles grèves. En voici quelques-unes :
- Avant un arrêt de travail ou au tout début de celui-ci , les membres du corps enseignant devraient fournir aux étudiants des plans d’urgence décrivant les effets possibles d’une grève sur les cours et la façon dont chacun sera traité.
- Les membres du corps enseignant devraient inviter les étudiants à participer à l’élaboration des mesures correctives après une grève et leur permettre de choisir les mesures qui répondent le mieux à leurs besoins.
- Les administrateurs devraient communiquer avec les étudiants et leur fournir le plus souvent possible des renseignements à jour au sujet de la grève au moyen de courriels , des médias sociaux et du site Web de l’université.
- Les administrateurs devraient envisager de mettre en place des initiatives correctives à l’échelle de l’université , comme le report possible de la date limite d’abandon d’un cours , un crédit pour frais de scolarité et la révision de la matière dans le cadre des cours de niveau supérieur dès la fin de la grève.
- Les administrateurs devraient également envisager de fournir aux étudiants des renseignements de base sur le processus de négociation collective et les dispositions législatives régissant les conflits de travail.