Conception collaborative de cours interdisciplinaires : résultats d’un essai à l’Université de l’École d’arts et de design de l’Ontario

Un projet pilote de l’Université de l’EADO se penche sur l’élaboration multidisciplinaire de l’apprentissage en ligne

L’Université de l’École d’arts et de design de l’Ontario (EADO), forte du riche bagage d’expérience et des connaissances de son corps professoral, a lancé un programme permettant de rassembler le personnel enseignant issu de diverses disciplines au sein de l’école de design pour mettre au point des ressources d’apprentissage en ligne. Il ressort d’un nouveau rapport publié par le Conseil ontarien de la qualité de l’enseignement supérieur (COQES) que cette collaboration a bel et bien permis d’exposer les membres du corps professoral à de nouvelles techniques et stratégies d’enseignement, mais que les étudiants et les enseignants ont réagi de façon mitigée aux ressources en ligne. Les auteurs de ce rapport font valoir que la réussite d’un tel processus passe par des lignes directrices claires quant à l’élaboration de ressources en ligne et à la façon de les intégrer à l’apprentissage en classe.

Description du projet

Le rapport Conception collaborative de cours interdisciplinaires : résultats d’un essai à l’Université de l’École d’arts et de design de l’Ontario fait état du processus et des résultats d’enseignants issus de cinq des six domaines de programme de la faculté de design et qui ont collaboré à l’élaboration de modules en ligne relativement à des cours sur l’exercice professionnel en troisième et en quatrième année à la session d’hiver 2014. L’objet de ces cours consiste à donner aux étudiants les compétences et techniques nécessaires à la réussite dans leur carrière professionnelle après l’obtention de leur diplôme. Parmi les thèmes des modules, il y avait le « démarrage d’une entreprise », la « propriété intellectuelle » et la « gestion de projet ». Les enseignants pouvaient intégrer à leur cursus le nombre voulu de modules parmi les neuf offerts, et ce, de la façon qu’ils considéraient comme opportune. On a sondé les membres du corps professoral ayant pris part à la création des modules en ligne pendant et après la conception des cours, on a interviewé les enseignants durant la période de prestation des cours, puis les étudiants ont rempli un questionnaire à la suite de la première moitié du cours.

Constatations

Les membres du corps professoral ont constaté que le processus de collaboration avec leurs collègues s’apparentait au mode de travail des concepteurs en milieu professionnel et à la participation aux projets de groupe qu’ils exigent de leurs étudiants. Ils étaient également d’avis que le processus d’élaboration de contenu en ligne les avait aidés à revoir le mode de structure de leur enseignement en classe et la façon dont les étudiants reçoivent et assimilent l’information. Cependant, leur inexpérience du processus et des technologies a occasionné de nombreuses difficultés liées à l’élaboration de contenu et peut‑être une diminution de la qualité des modules.

Le recours aux ressources en ligne était inconstant : certains comportaient plusieurs modules, tandis que d’autres n’en avaient qu’un seul. Idem pour l’intégration des composantes en ligne à la matière donnée en classe, l’achèvement des modules dans certains cours intervenant pour une proportion considérable de la note donnée dans le cours. Une des raisons expliquant cet état de choses était que les étudiants ne pouvaient agir sur la qualité des modules, que plusieurs d’entre eux ont jugé « inférieure ». Des plaintes ont été formulées quant aux fautes d’orthographe et de grammaire et au fait que les composantes des interrogations en ligne ne se rapportaient pas au contenu du module.

Les réactions des étudiants face aux modules en ligne étaient plutôt mitigées, quoique les cours où étaient intégrés les modules en nombre moindre avaient tendance à susciter des réactions davantage favorables. Les cours dans lesquels des modules étaient étroitement intégrés à l’expérience vécue en classe et assortis d’un solide incitatif étaient également bien accueillis. Toutefois, les étudiants ont également exprimé des préoccupations relativement à la qualité des modules : certains ont souligné que les modules n’étaient pas assez poussés et que leur contenu consistait en des « choses évidentes ».

Les idées reçues à propos de l’apprentissage en ligne ont également compliqué l’élaboration et l’utilisation réussies des modules, tant chez le corps professoral que les étudiants. De nombreux membres du corps professoral ont exprimé des préoccupations sur la transition de l’établissement d’enseignement vers les ressources en ligne, ce qu’ils percevaient strictement comme des mesures de réduction des coûts. Bien que l’Université de l’EADO dispose d’une stratégie d’apprentissage électronique, aucun participant à l’étude n’était au courant de celle-ci, malgré le fait que les participants étaient nombreux à favoriser une démarche plus soutenue et philosophique de l’établissement d’enseignement quant à l’apprentissage en ligne. Les étudiants qui, dans les cours hybrides, ont utilisé les modules se sont également demandés s’ils en « avaient pour leur argent », à raison de seulement deux heures/semaine d’enseignement en classe.

De telles constatations sont en phase avec un rapport récent du COQES au sujet de l’enseignement amélioré par la technologie. Celui-ci comporte une mise en garde comme quoi les nouveaux outils numériques doivent s’appuyer sur des buts particuliers d’apprentissage et que l’instauration des nouvelles technologies sera vraisemblablement davantage réussie auprès du corps professoral et des étudiants si on donne à ces derniers suffisamment de formation et de temps pour bien les connaître.

Les auteurs du rapport Conception collaborative de cours interdisciplinaires : résultats d’un essai à l’Université de l’École d’arts et de design de l’Ontario sont Cary DiPietro, Melanie Rideout-Santarossa, Stephanie Dayes et Carol Roderick, de l’Université de l’EADO.