Sommaire de la recherche
La demande de main-d’oeuvre concorde avec l’offre de diplômés du secteur postsecondaire, tandis que les différences salariales se creusent pour les personnes moins instruites
Malgré la hausse du nombre de diplômés des universités et des collèges ontariens, les débouchés ne manquent pas pour ces personnes. Non seulement les diplômés n’ont aucun mal à trouver du travail, mais ils gagnent près de 25 % de plus que les personnes qui n’ont qu’un diplôme d’études secondaires, et l’écart entre les salaires a plus que doublé au cours des 20 dernières années, selon deux études exécutées récemment à la demande du Conseil ontarien de la qualité de l’enseignement supérieur (COQES).
Ces études indiquent que le nombre d’étudiantes et d’étudiants qui font des études collégiales et universitaires en Ontario a beaucoup augmenté et que, lorsque ceux-ci trouvent du travail, ils gagnent plus que ceux qui n’ont pas fait d’études supérieures. La roportion plus faible de chômeurs chez ces personnes indique que l’offre de main-d’oeuvre bien éduquée n’excède pas la demande.
Description du projet
La première étude, Concordance entre les programmes d’enseignement postsecondaire et le marché du travail en Ontario, menée par David Walters et Kristyn Frank, se base sur les données tirées de l’Enquête nationale auprès des diplômés de 2005 (END) de Statistique Canada, qui comprennent tous les diplômés des établissements canadiens d’enseignement postsecondaire ayant obtenu un titre de compétences pendant l’année civile 2005. La deuxième étude, L’éducation postsecondaire et le marché du travail en Ontario, qui a été réalisée par Torben Drewes, analysait les données de l’END en plus des données provenant des recensements canadiens et du Système d’information amélioré sur les étudiants de Statistique Canada.
Constatations
Les deux rapports montrent que les écarts de salaires se creusent entre les diplômés du secteur postsecondaire et les personnes moins instruites et que, chez les diplômés du secteur postsecondaire, les différences salariales s’accentuent considérablement en fonction de certains facteurs, dont le domaine d’études.
Entre 1986 et 2005, souligne Torben Drewes, le nombre de femmes et d’hommes diplômés d’une université ontarienne s’est accru de 43 et 91 % respectivement. Malgré cette hausse remarquable, il n’y a pas de symptômes associés à une offre excédentaire de main-d’oeuvre très instruite, tels une baisse des salaires ou une hausse éventuelle du taux de chômage chez les diplômés du secteur postsecondaire.
Se basant sur le recensement de 2006 de Statistique Canada, Torben Drewes constate que les femmes et les hommes âgés de 21 à 30 ans ayant un diplôme d’études collégiales gagnaient presque 25 % de plus que les personnes possédant un diplôme d’études secondaires, comparativement à juste 12 % selon le recensement de 1986. Le salaire des jeunes hommes ayant un baccalauréat était supérieur de moins de 30 % en 1986 et de plus de 40 % en 2006; Un organisme du gouvernement de l’Ontario quant aux femmes, leur salaire était supérieur d’environ 35 % et de plus 50 %. Le rapport constate en outre qu’en ce qui concerne tous les groupes de diplômés du secteur postsecondaire, les hommes ont davantage tendance à être employés à temps plein et à gagner beaucoup plus que les femmes.
D’après l’étude de David Walters et de Kristyn Frank, le domaine d’études est un facteur de poids dans la réussite sur le marché du travail des diplômés du secteur postsecondaire. De manière générale, les diplômés en génie et en sciences informatiques obtiennent les meilleurs salaires dans les deux années qui suivent la fin de leurs études, suivis des diplômés en santé, en affaires et en commerce. Les salaires gagnés dans le secteur du génie, des mathématiques et des sciences informatiques ont augmenté considérablement ces dernières années, malgré l’absence de hausse réelle du nombre de diplômés dans ces disciplines. Pour Torben Drewes, c’est la preuve que les domaines technologiques offrent plus de débouchés.
Les femmes diplômées des programmes de métiers gagnent le moins par rapport aux diplômés de tous les autres programmes. En comparaison, les femmes ayant un diplôme d’études supérieures (enseignement supérieur ou professionnel) gagnent plus que les hommes de tous les autres niveaux d’études; toutefois, leur salaire reste inférieur à celui des hommes ayant des titres de compétences similaires.
Les personnes qui possèdent un diplôme d’études universitaires de niveau supérieur ont davantage tendance à être employées à temps plein, explique Torben Drewes. La probabilité d’être employés à temps plein pour ceux qui sortent des universités est de 74 % pour les diplômés en arts libéraux et de 90 % pour les diplômés en génie et en sciences informatiques; sont inclus dans ces chiffres les diplômés en sciences (79 %) et en santé (86 %), ainsi que les personnes ayant un diplôme de premier cycle en affaires (88 %).
Répercussions sur les politiques
Ces constatations ont des répercussions sur les politiques de financement et les décisions budgétaires concernant les établissements d’enseignement postsecondaire, et sur les stratégies relatives aux admissions. Par exemple, ces constatations peuvent influer sur la profondeur et la
nature des relations que les établissements nouent avec des employeurs potentiels et sur le nombre d’étudiantes et étudiants qui peuvent être admis dans diverses disciplines. De plus, David Walters et Kristyn Frank soulignent que les perspectives d’emploi pourraient jouer un rôle plus important dans les choix d’orientation que font les jeunes à l’école concernant leurs études supérieures.
David Walters est professeur agrégé au département de sociologie et d’anthropologie de l’Université de Guelph. Au moment de mettre sous presse, Kristyn Frank détenait une bourse de perfectionnement postdoctoral au département de sociologie et d’anthropologie de l’Université de Guelph. Elle est maintenant analyste de recherche au COQES. Torben Drewes est économiste à l’Université Trent.