Insécurité alimentaire et résultats scolaires : cap sur les élèves du TDSB

La sécurité alimentaire comporte des effets positifs sur les notes obtenues au secondaire et l’inscription aux études postsecondaires (EPS)

Selon une nouvelle étude publiée par le Conseil ontarien de la qualité de l’enseignement supérieur (COQES), la quantité et la qualité inadéquates d’aliments – l’insécurité alimentaire – a une incidence marquée sur la réussite scolaire et la participation aux études postsecondaires (EPS) des élèves du secondaire. Toutefois, l’incidence positive de la sécurité alimentaire n’a été constatée que dans la participation aux études universitaires, ce qui donne à penser que les élèves qui disposent de meilleures ressources ont une préférence pour l’université. De plus, différentes réponses à l’insécurité alimentaire ont été constatées selon la race. Par exemple, la sécurité alimentaire comporte une incidence nettement plus positive sur les notes des élèves de race blanche que celles des élèves de race noire.

Description du projet

L’étude intitulée Insécurité alimentaire et résultats scolaires : cap sur les élèves du TDSB s’appuie sur les données du recensement de 2011 auprès des élèves du Toronto District School Board (TDSB), tout particulièrement les plus de 15 000 élèves qui avaient alors 17 ans (l’âge approprié pour la 12e année ou le niveau 4), âge où la plupart des élèves de l’Ontario commencent leur transition vers les EPS.

L’insécurité alimentaire, dont les chercheurs se servent souvent comme indicateur de la pauvreté, a été jaugée de deux façons différentes dans le cadre de cette étude. D’une part, les chercheurs ont mesuré la fréquence à laquelle les élèves ont sauté des repas, notamment le déjeuner, pendant la semaine scolaire. Ce sont les élèves qui ont fourni directement l’information sur les repas sautés. D’autre part, les chercheurs ont eu recours à un indice de sécurité alimentaire qui tient compte non seulement de la fréquence à laquelle les élèves ont sauté des repas, mais de la profession des parents, du niveau de scolarité postsecondaire des parents et du revenu du quartier. Ils ont obtenu du Centre de demande d’admission aux universités de l’Ontario (OUAC) et du Service des applications des collèges de l’Ontario (SACO) les données sur les demandes d’admission aux établissements d’enseignement postsecondaire, puis apparié celles ci aux élèves faisant partie de l’ensemble des données du TDSB.

Constatations

La sécurité alimentaire a des effets significatifs sur les notes moyennes en 11e et en 12e année et les confirmations d’EPS. Toutefois, l’incidence diffère d’un groupe racial à l’autre. En effet, l’incidence de la sécurité alimentaire sur les notes est la plus forte chez les élèves de race blanche. Les élèves de l’Asie de l’Est ont des notes supérieures à tous les niveaux de l’indice de sécurité alimentaire et la relation entre les notes et la sécurité alimentaire est plus faible que celle constatée chez les élèves de race blanche. Les élèves de l’Asie du Sud Est commencent avec des notes plus élevées que celles des élèves de race blanche à l’extrémité inférieure de l’indice de sécurité alimentaire, mais à l’extrémité supérieure de cet indice, leurs notes sont plus basses que celles des élèves de l’Asie de l’Est ou de ceux de race blanche. Lorsque la fréquence du déjeuner est employée comme mesure, les élèves de race noire et de l’Asie du Sud Est montrent une augmentation de leurs notes plus modeste que celle, particulièrement prononcée, des élèves de race blanche.

La sécurité alimentaire a une incidence considérable sur la participation à l’université des élèves de l’Asie de l’Est et de ceux d’origine raciale mixte. Ces derniers révèlent la plus faible probabilité de participation à l’université à l’extrémité inférieure de l’indice de sécurité alimentaire, mais ils surpassent les élèves de race blanche à l’extrémité supérieure. Les élèves de l’Asie de l’Est affichent des taux de participation supérieurs à ceux des élèves de race blanche à l’extrémité inférieure de l’indice de sécurité alimentaire, mais la trajectoire à ce chapitre s’aplatit au fur et à mesure qu’augmente la sécurité alimentaire et, à l’extrémité supérieure de l’indice, les taux de participation sont relativement égaux. Chez tous les groupes, sauf les élèves de l’Asie du Sud Est, la probabilité de confirmation d’acceptation au collège recule au fur et à mesure que la sécurité alimentaire progresse.

Les auteurs y vont d’une mise en garde, comme quoi les différences par groupe ethnoracial ne se limitent probablement pas aux problèmes de nutrition et de pauvreté, mais qu’elles se rapportent à des facteurs sociaux et culturels que les données de l’analyse ne permettent pas de saisir pleinement.

Étant donné que l’insécurité alimentaire des ménages touche un enfant et un jeune sur six au Canada, les auteurs avancent que le gouvernement de l’Ontario devrait étudier et évaluer des programmes alimentaires scolaires à grande échelle. À titre d’exemple, ils attirent l’attention sur le récent élargissement en Alberta des programmes pilotes de nutrition, de repas et de collations aux 60 conseils scolaires de cette province.

Les auteurs de l’étude intitulée Insécurité alimentaire et résultats scolaires : cap sur les élèves du TDSB sont Paul Anisef, Karen Robson, Reana Maier et Robert S. Brown.