La diversité des universités ontariennes : ensemble de données visant à éclairer la discussion sur la différenciation

Différenciation : vers un système universitaire plus cohérent et durable

Un rapport récent du Conseil ontarien de la qualité de l’enseignement supérieur (COQES) propose de regrouper les 20 universités de la province en au moins trois catégories distinctes en se fondant sur un ensemble de variables utilisées par d’autres territoires de compétence pour différencier leurs systèmes universitaires, ce qui favoriserait l’établissement d’un système plus cohérent, plus diversifié et plus durable. Toutefois, pour que ce cadre de différenciation soit efficace, les rôles, les droits et les responsabilités des universités de chaque catégorie doivent être clairement définis, et le gouvernement doit harmoniser le financement aux décisions en la matière.    

Selon le COQES, « [les discussions] et les décisions prises à ce sujet ne peuvent être pertinentes, efficaces et concluantes que si elles sont associées à des formules de financement, qui sont le plus puissant moteur de changement du gouvernement. Ces discussions suscitent généralement la controverse, particulièrement lorsque les établissements évaluent dans quelle mesure ces décisions interfèrent avec leurs plans et leurs aspirations. Pourtant, il s’agit du type de débat et de décisions qui sont essentiels si on veut tirer avantage d’une différenciation accrue du système universitaire ontarien au profit des étudiantes et des étudiants, de la population et de la province. »

Description du projet

Des rapports publiés antérieurement par le COQES, dont un en particulier rédigé par un groupe d’experts qui s’est penché sur les ententes de mandat stratégiques présentées par les universités de la province, présentaient les avantages et les arguments en faveur d’une plus grande différenciation du système d’éducation postsecondaire en Ontario. Le gouvernement a indiqué sa volonté d’appliquer une politique qui permet une plus grande différenciation des établissements. Le rapport dont il est question ici avait pour objectif d’examiner la diversité des universités de l’Ontario (une analyse semblable sera présentée prochainement pour le secteur collégial) en fonction de variables utilisées par d’autres territoires de compétence pour différencier leurs universités. Pour cette étude, les données suivantes ont été prises en considération : les inscriptions, le nombre de doctorats décernés, le pourcentage de diplômes de troisième cycle octroyés, les subventions de recherche versées, le nombre de publications du corps professoral, le nombre de citations de recherche et l’indice de Hirsch, qui repose à la fois sur la quantité de publications du corps professoral et sur le nombre de fois que ces publications ont été citées. 

Conclusions

Selon les données, l’Université de Toronto est un cas à part, puisqu’elle fait concurrence à certaines des meilleures universités au monde. Cinq universités ontariennes, qui font partie de l’U15, le Regroupement des universités de recherche du Canada, se démarquent sur le plan de l’intensité de la recherche : l’Université McMaster, l’Université Western, l’Université d’Ottawa, l’Université de Waterloo l’Université Queen’s et l’Université de Guelph. 

La province compte également une catégorie d’établissements se consacrant principalement à l’enseignement de premier cycle, à savoir l’Université Algoma, l’Université de l’École d’art et de design de l’Ontario (Université de l’EADO), l’Université de Nipissing, l’Institut universitaire de technologie de l’Ontario (IUTO), l’Université Laurier, l’Université Trent, l’Université Brock, l’Université Lakehead et l’Université Laurentienne. Moins actifs dans le secteur des études supérieures, en particulier au niveau du doctorat, ceux-ci attirent moins de subventions de recherche. Deux de ces établissements (l’IUTO et l’Université de l’EADO) ont des mandats spécialisés. Les cadres de différenciation d’autres territoires de compétence classent parfois ces cas particuliers dans la catégorie des « universités à vocation particulière ».

Le rapport indique que quatre universités ontariennes (York, Carleton, Windsor et Ryerson) se trouvent à la fois dans la catégorie des établissements axés principalement sur l’enseignement de premier cycle et dans celle des établissements actifs sur le plan de la recherche.

Deux autres dimensions communes aux cadres de différenciation d’autres territoires de compétence sont absentes du système ontarien. Aucune université de l’Ontario ne se considère comme axée sur la formation générale de premier cycle ni ne se décrit comme une université virtuelle ou ouverte. Au contraire, presque toutes les universités ontariennes se définissent comme des établissements axés sur la recherche, ou aspirent à l’être. En outre, bien que l’éducation postsecondaire en ligne soit un sujet récurrent des discussions sur l’éducation depuis quelques années, aucune université ne fait la promotion de l’enseignement en ligne dans la même mesure que les établissements reconnus en la matière. Selon le rapport, « [s]’il est vrai que les universités de la province diffèrent sur le plan de la taille, du profil de recherche et des activités liées aux études supérieures, […] toutes les universités ontariennes, peu importe leur situation et leur structure actuelles, semblent aspirer au même but, soit développer des programmes de recherche et élargir leurs programmes d’études des 2e et 3e cycles. »

Considérations stratégiques

Le cadre de différenciation, une fois instauré, permettra aux universités d’utiliser leurs propres ressources plus judicieusement, et les étudiantes et étudiants pourront faire un choix plus éclairé au moment de déterminer l’établissement qui répond le mieux à leurs aspirations personnelles et professionnelles. « Voilà comment l’adoption du meilleur cadre de différenciation qui soit permettra d’améliorer la qualité du système d’éducation dans son ensemble. Dans le cadre de ce projet, la collecte de données vise à dresser le portrait réel des activités actuelles des universités de la province afin d’éclairer l’élaboration d’un cadre de différenciation cohérent », affirme le COQES.

Les auteurs soulignent que le cadre de différenciation proposé soulève des questions pour le gouvernement, notamment : Les quatre universités qui n’entrent manifestement dans aucune des deux catégories générales, soit « les universités axées sur la recherche » et « les universités axées sur l’enseignement de premier cycle », devraient-elles être classées dans une catégorie distincte? Les universités axées sur la recherche devraient-elles avoir priorité en ce qui concerne l’allocation de places dans les programmes de doctorat et le cas échéant, dans quelle mesure? Le gouvernement devrait-il prendre des mesures pour limiter le nombre de programmes de doctorat offerts dans les universités axées sur l’enseignement de premier cycle? Comment le financement des programmes de maîtrise, en particulier pour les maîtrises professionnelles ou avec cours, devrait-il être réparti entre les différentes catégories d’établissements?

Bien que le cadre de différenciation souligne les différences entre les établissements, il ne vise pas à établir une comparaison entre eux sur le plan du mérite et de la valeur, expliquent les auteurs. Plutôt que de mettre l’accent sur les limites imposées aux universités, un cadre de différenciation bien pensé permet aux établissements de tirer parti de leurs points forts.

Les auteurs de La diversité des universités ontariennes : ensemble de données visant à éclairer la discussion sur la différenciation sont Harvey P. Weingarten, Martin Hicks, Linda Jonker et Shuping Liu, du Conseil ontarien de la qualité de l’enseignement supérieur.​