L’apprentissage intégré au travail et les diplômés du niveau postsecondaire : Le point de vue des employeurs de l’Ontario

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Les employeurs préfèrent les diplômés qui ont une expérience de travail pertinente, confirme un nouveau sondage du COQES

Selon une nouvelle étude du Conseil ontarien de la qualité de l’enseignement supérieur (COQES), l’une des premières choses que les employeurs vérifient lorsqu’ils envisagent d’embaucher des jeunes frais moulus d’une université ou d’un collège ontarien, c’est si leur curriculum fait état d’une expérience de travail pertinente. Quelle conclusion doivent en tirer les étudiantes et étudiants? Que le bénévolat, les emplois d’été ou autres sont l’occasion d’acquérir cette expérience tant prisée. Et les établissements d’enseignement postsecondaire? Que les programmes d’apprentissage intégré au travail (AIT), tels que l’éducation coopérative et les stages en tous genres, constituent des atouts plus importants que jamais pour les diplômés avides de décrocher un emploi.

La plus récente d’une séries d’études du COQES sur les programmes d’AIT et leurs effets sur la population étudiante, le corps professoral et les employeurs examine ces programmes du point de vue des employeurs. Elle se penche sur ce qui motive les employeurs à participer à ces programmes, ce qui peut les en empêcher et ce qu’ils pensent de l’incidence de l’AIT sur les aptitudes, les compétences et l’employabilité des titulaires d’un diplôme d’études postsecondaires ontarien.

Consultez notre page sur l’apprentissage intégré au travail pour en apprendre davantage sur les recherches du COQES à ce sujet.

Description de l’étude

Au printemps dernier, 3 369 employeurs de l’Ontario ont été interrogés par téléphone aux fins de l’étude, laquelle était l’objet d’un partenariat entre 14 établissements d’enseignement postsecondaire, le ministère de la Formation et des Collèges et Universités, de même que le ministère du Développement économique et de l’Innovation. Les membres d’un groupe de travail formé pour les besoins de l’étude représentaient aussi la Fédération canadienne des étudiantes et étudiants, la College Student Alliance et la Ontario Undergraduate Student Alliance.

Deux rapports d’études antérieurs du COQES publiés dans cette même série ont confirmé que les programmes d’AIT sont très appréciés, aussi bien par les établissements que par leur corps professoral.  Dans son récent document de travail, Renforcer les centres de créativité, d’innovation et de savoir en Ontario, le ministère de la Formation et des Collèges et Universités propose d’accroître les possibilités d’AIT « afin de rendre les futurs étudiants de l’Ontario plus prêts que jamais à entrer sur le marché du travail ». L’AIT a également la faveur des spécialistes du cheminement de carrière et des associations professionnelles, qui reconnaissent sa contribution à l’aptitude à l’emploi des diplômés arrivant sur le marché du travail, de même qu’au perfectionnement de la main-d’œuvre en général. D’après la plus récente étude du COQES, les employeurs partagent leur avis.

Constatations

Sur l’ensemble des employeurs ontariens interrogés aux fins de l’étude, 40 % ont embauché ces deux dernières années des personnes qui sont directement passées du collège ou de l’université au marché du travail après l’obtention de leur diplôme. Parmi ces employeurs, plus de 60 % ont embauché au moins une personne qui avait participé à un programme d’AIT et cela, plus souvent qu’autrement, dans leur entreprise. Les employeurs qui recrutent à la sortie des programmes d’AIT accordent, de très loin, la préférence aux diplômés qui ont participé à un tel programme en travaillant pour eux. L’explication la plus fréquente donnée par les employeurs qui n’ont pas offert d’emploi à une jeune personne à l’issue d’un AIT dans leur entreprise est qu’ils n’avaient pas de poste à combler.

L’étude a également mis en lumière que les diplômés qui ont participé à un programme d’AIT sont mieux rémunérés, les employeurs leur proposant immanquablement un salaire débutant moyen plus élevé qu’à d’autres titulaires de diplômes comparables au leur, à tous les niveaux d’études. 

Plus d’un tiers des employeurs interrogés offrent eux-mêmes des programmes d’AIT aux étudiantes et étudiants de niveau postsecondaire, évoquant à cet égard avant tout leur souci « de promouvoir le développement des habiletés requises dans leur secteur ou leur profession » et de « présélectionner les recrues potentielles ». Ce sondage a par ailleurs révélé que la proportion de ces mêmes employeurs qui proposent des possibilités d’AIT aux étudiantes et étudiants ontariens de niveau collégial par comparaison au niveau universitaire est de 79 contre 49 %, respectivement. La majorité des employeurs associés aux programmes d’AIT axent leur participation uniquement sur les étudiantes et étudiants de l’un ou l’autre niveau d’études. Quelque 12 % d’entre eux collaborent avec des collèges privés d’enseignement professionnel, 6 % avec des établissements d’enseignement postsecondaire situés ailleurs au Canada et 3 % avec des collèges ou des universités de l’étranger. Près du tiers des employeurs qui n’offrent pas encore de programme d’AIT disent avoir l’intention d’en mettre un sur pied – et la moitié d’entre eux d’ici deux ans seulement.

Implications stratégiques

Les résultats du sondage donnent à penser que pour répondre à la demande croissante d’AIT, les établissements d’enseignement postsecondaire feraient bien d’intéresser un plus grand nombre d’employeurs à s’associer à ce type de programme. Il s’agirait pour cela d’améliorer la diffusion de l’information sur l’éventail d’options envisageables pour l’AIT et de simplifier la marche à suivre par les employeurs en vue du recrutement et de la sélection d’étudiantes ou d’étudiants pour de tels programmes. Les établissements auraient aussi intérêt à faire circuler des messages ciblés auprès d’employeurs susceptibles de participer à des programmes d’AIT, à adapter ces messages en fonction de la nature des programmes particuliers et du domaine d’études auxquels ils se rapportent, et à tenir compte des besoins des employeurs selon leur taille et leur secteur d’activité. Enfin, les établissements seraient bien avisés d’assouplir les conditions de participation aux programmes d’AIT pour les employeurs en voyant à ce que le calendrier et la durée des placements en AIT soient mieux adaptés à la variation de leurs besoins en fonction du cycle économique.

Face à l’expansion soutenue des programmes d’AIT, les employeurs seront sollicités par un nombre croissant d’établissements, observent les auteures de l’étude. Il serait à l’avantage de la province d’envisager l’instauration de mécanismes uniformes visant la participation des employeurs à ces programmes, et notamment la création d’une base de données centralisée de ces derniers et l’adoption de procédures standards applicables à tous les établissements.

À en croire les auteures de l’étude, l’une des difficultés clés qui se fera sentir ces prochaines années sera celle de voir à ce que l’offre d’occasions d’AIT par les employeurs suffise à répondre à la demande de la population étudiante, du corps professoral et des établissements d’enseignement postsecondaire, tout en continuant à proposer des expériences d’apprentissage de haut calibre. Les prochains travaux dans cette série d’études du COQES examineront ce que la population étudiante pense de l’AIT, de même que les retombées de ce type de programme sur les résultats d’apprentissage et le degré de satisfaction des étudiantes et étudiants vis-à-vis de leurs études postsecondaires.

​Les auteures de cette nouvelle étude sont Peggy Sattler et Julie Peters, de la firme Academica Group Inc.