Les ententes de transfert des crédits du collège à l’université et l’enseignement universitaire de premier cycle : l’Ontario dans un contexte pancanadien et international

Transfert du collège à l’université : le modèle « 2 + 2 » est synonyme d’économies possibles pour les étudiants et le gouvernement 

D’après une nouvelle étude menée par le Conseil ontarien de la qualité de l’enseignement supérieur (COQES), les étudiants qui effectuent un transfert d’un collège à une université pour terminer leur diplôme de premier cycle pourraient économiser de l’argent et permettraient au gouvernement d’en faire. En outre, ils obtiennent souvent des diplômes équivalents à ceux des étudiants qui s’inscrivent directement à l’université après l’école secondaire.

Description du projet

L’étude Les ententes de transfert des crédits du collège à l’université et l’enseignement universitaire de premier cycle : l’Ontario dans un contexte pancanadien et international examine les répercussions de l’élargissement du nombre et de la portée des ententes pour le transfert du collège à l’université afin de répondre à la demande de diplômes de premier cycle en Ontario. L’étude porte sur les résultats d’apprentissage et les coûts des étudiants qui effectuent un transfert d’un collège à une université par rapport à ceux des étudiants inscrits dans des programmes universitaires de quatre ans. Elle repose sur les données publiées relativement aux ​expériences de transfert en Alberta, en Colombie Britannique, en Australie, en Nouvelle Zélande, en Écosse et dans neuf États des États-Unis,  complétées par des entrevues menées auprès de responsables de l’enseignement supérieur, et compare ces expériences aux données récentes de l’Ontario.

Conclusions

Cette étude révèle que, dans la plupart des territoires de compétence à l’extérieur de l’Ontario, le coût total assumé par les étudiants et le gouvernement pour l’obtention d’un diplôme selon le cheminement « deux ans dans un collège suivi de deux ans à l’université » (le modèle « 2 + 2 ») est inférieur au coût d’un programme universitaire de quatre ans, et indique que les économies possibles par étudiant varieraient de 8 à 29 % pendant les quatre ans. L’auteur David Trick souligne que le modèle « 2 + 2 » est rare en Ontario et que la plupart des ententes pour le transfert du collège à l’université nécessitent des cours supplémentaires qui réduisent ou éliminent les éventuelles économies financières.

Les résultats dans les territoires de compétence à l’extérieur de l’Ontario sont hétérogènes quant aux taux d’obtention de diplôme. En effet, on observe plusieurs cas où les taux d’obtention de diplôme des étudiants effectuant un transfert sont comparables ou légèrement supérieurs à ceux des étudiants s’inscrivant directement à l’université ainsi que quelques cas où les taux d’obtention de diplôme des étudiants effectuant un transfert sont plutôt inférieurs. M. Trick affirme que les taux inférieurs seraient attribuables au fait que les étudiants effectuant un transfert ont davantage tendance à étudier à temps partiel.

L’étude indique que les politiques sur les transferts s’inscrivent dans un cadre très vaste touchant la structure des établissements, les normes scolaires, l’accessibilité, l’aide financière et les services aux étudiants. En outre, M. Trick précise que les objectifs des politiques sur les transferts des autres territoires de compétence, comme le choix des étudiants, l’augmentation des places, le chevauchement limité des crédits ou une meilleure administration, peuvent différer des objectifs de l’Ontario. Par exemple, la Colombie-Britannique, la Californie et la Floride ont délibérément utilisé le transfert du collège à l’université comme moyen d’accroître l’accès aux études universitaires dans les territoires où le nombre de places universitaires réservées aux étudiants non admis directement à l’université est limité. Les autres territoires visent à préserver les crédits des étudiants qui choisissent d’effectuer un transfert. « L’expérience vécue par les autres territoires montre que les décideurs doivent établir des objectifs clairs quantifiables ainsi que des délais et un processus de reddition de comptes adéquats », a déclaré M. Trick. 

Les politiques de l’Ontario en matière de transfert, favorisées par le Conseil ontarien pour l’articulation et le transfert, visent à accroître l’accessibilité et le choix des étudiants, « mais, jusqu’à présent, la politique du gouvernement de l’Ontario n’a pas utilisé les collèges comme un outil puissant permettant d’accéder à l’université », a affirmé M. Trick. Une étude antérieure du COQES a révélé que la simplification du transfert entre les collèges et les universités augmenterait l’accès à l’université des étudiants des groupes traditionnellement sous-représentés, comme les étudiants autochtones, handicapés, de première génération ou à faible revenu.

Répercussions sur les politiques 

Selon M. Trick, l’amélioration des possibilités de transfert du collège à l’université contribuerait largement à répondre à la demande croissante en matière d’études de baccalauréat à un prix abordable. Dans son étude, il définit les trois possibilités à envisager :

  • Création de programmes de transfert universitaire de deux ans dans les collèges offrant des programmes en arts et en administration.
  • Élargissement des possibilités de transfert à partir des programmes collégiaux axés sur la carrière vers l’université.
  • Élargissement des possibilités de transfert à partir des programmes collégiaux axés sur la carrière vers des grades décernés par les collèges.

D’après M. Trick, ces possibilités ne s’excluent pas mutuellement et pourraient être regroupées en un système permettant à chaque diplômé d’un programme collégial de deux ou trois ans ayant obtenu des notes adéquates d’être assurément admis à un programme de baccalauréat dans sa région.

Travaux de recherche supplémentaires

L’étude de M. Trick met en évidence certains domaines de recherche supplémentaire. Il faut notamment recueillir des données sur le nombre d’étudiants de l’Ontario qui obtiennent leur grade avec plus du nombre minimum de crédits requis, évaluer à quel point les différents cheminements offerts au collège et à l’université préparent les étudiants au monde du travail ou répondent à d’autres objectifs et, enfin, mieux comprendre les résultats d’apprentissage liés à chaque diplôme d’études postsecondaires dans chaque domaine d’étude. Les responsables du projet Tuning, dirigé par le COQES en collaboration avec des membres du corps professoral de l’Ontario du domaine des sciences sociales, des sciences physiques et des sciences de la vie et de la santé, étudient les moyens d’évaluer les résultats d’apprentissage aux niveaux du diplôme, du grade et de la maîtrise. Ce projet prendra fin au printemps prochain.

M. Trick indique que 11 % des bacheliers des universités de l’Ontario de 2009 fréquentaient un collège six mois après l’obtention de leur diplôme et que 10 % en fréquentaient un deux ans après l’obtention de leur diplôme. « On a beaucoup à apprendre au sujet des raisons motivant ces transferts, les problèmes liés aux coûts et la réussite des étudiants au collège », a-t-il déclaré. Un grand nombre d’étudiants mettent au point leur propre cheminement postsecondaire et, d’après M. Trick, il y a encore beaucoup à apprendre à propos des raisons de ces cheminements complexes. Il suggère également de se pencher davantage sur les cheminements vers les programmes d’études supérieures et de formation professionnelle. « Puisque nous passons d’un système d’études supérieures très élitiste à un système plus accessible, les cheminements efficaces vers les programmes d’études supérieures et de formation professionnelle pour les étudiants de premier cycle des universités et des collèges contribueront de plus en plus à assurer la réussite du système d’enseignement supérieur de l’Ontario. »

Ancien sous-ministre adjoint de l’Éducation postsecondaire de l’Ontario, M. Trick travaille aujourd’hui comme conseiller en stratégie et en gestion dans le secteur de l’enseignement supérieur.