Obtention de titres d’études postsecondaires par les étudiants handicapés de l’Ontario et leurs résultats

Le rapport Obtention de titres d’études postsecondaires par les étudiants handicapés de l’Ontario et leurs résultats rédigé par Ken Chatoor, du Conseil ontarien de la qualité de l’enseignement supérieur.

Les étudiants handicapés ne bénéficient pas des mêmes avantages découlant des études postsecondaires que les autres étudiants

Selon un nouveau rapport du Conseil ontarien de la qualité de l’enseignement supérieur (COQES), les étudiants handicapés font face à des obstacles à chaque étape de leur parcours dans le cadre des études postsecondaires (EPS) et sur le marché du travail, par rapport aux étudiants non handicapés. Par rapport aux étudiants qui n’ont pas d’incapacité, les étudiants handicapés sont moins susceptibles de participer à un programme d’EPS, quel que soit le type, en particulier un programme au niveau du baccalauréat ou au-delà, et sont plus susceptibles de suivre un programme à temps partiel ou de prendre un congé dans le cadre de leurs études. Les personnes handicapées qui ont obtenu un diplôme déclarent également des résultats sur le marché du travail nettement inférieurs à ceux des personnes sans incapacité, et les écarts commencent immédiatement après l’obtention du diplôme.

Le rapport intitul Obtention de titres d’études postsecondaires par les étudiants handicapés de l’Ontario et leurs résultats donne un aperçu du cheminement des personnes handicapées de l’Ontario vers les EPS, de leur parcours dans l’enseignement supérieur et de leur transition vers le marché du travail. Le rapport s’appuie sur des données de l’Enquête nationale auprès des diplômés et de l’Enquête sociale générale de Statistique Canada, et examine les politiques et les processus provinciaux qui offrent un soutien aux étudiants handicapés de la maternelle à la 12e année et jusqu’aux EPS.

La transition de l’école secondaire aux EPS représente un défi pour les étudiants handicapés, qui passent d’un système comportant des mesures de soutien intégrées à un environnement dans lequel ils doivent trouver eux-mêmes des systèmes de soutien et les utiliser. Bien que le processus de détermination et d’évaluation des besoins des élèves comporte des obstacles dans le système de la maternelle à la 12e année, les élèves qui ont besoin d’un soutien supplémentaire ont accès à un système composé d’enseignants, d’administrateurs et de spécialistes capables de leur fournir de l’aide dans le milieu scolaire. Une fois au niveau des études postsecondaires, les étudiants doivent s’identifier et s’inscrire auprès du bureau des étudiants handicapés de leur établissement pour obtenir du soutien et des bourses. Les données utilisées pour l’analyse ont été recueillies bien avant la pandémie de COVID-19, qui a eu des répercussions importantes sur les EPS. Une étude récente du COQES a révélé que les étudiants handicapés étaient plus susceptibles d’éprouver des difficultés quand il s’agit d’accéder aux services de soutien et que le problème s’était aggravé pendant la pandémie de COVID-19.

Le type d’incapacité a une incidence importante sur les EPS et sur les résultats obtenus par les étudiants sur le plan professionnel. Les étudiants qui ont des troubles de santé mentale ou d’apprentissage, ou des incapacités physiques, sont moins susceptibles d’obtenir leur diplôme et obtiennent de moins bons résultats sur le plan professionnel après leurs EPS que les autres diplômés. Par exemple, les personnes ayant un trouble d’apprentissage ou de santé mentale, ou une incapacité physique, sont plus susceptibles de faire partie de la catégorie des travailleurs à faible revenu que les autres diplômés. Les programmes et les politiques qui prévoient du soutien pour les étudiants handicapés doivent tenir compte du fait que le type d’incapacité crée divers défis et que des solutions spécialisées peuvent être nécessaires. Faute de meilleures données sur les expériences des étudiants concernés, il est difficile d’expliquer les différences marquées dans les résultats obtenus par les étudiants. Il y a une sensibilité justifiée liée à la collecte de données concernant les groupes vulnérables, et bien qu’il soit essentiel de tenir compte de cet enjeu, il est impératif de combler cette lacune en matière de données.

Après avoir terminé un programme d’études, les diplômés handicapés sont plus susceptibles d’être sans emploi ou de ne pas faire partie de la population active. Ceux qui trouvent un emploi sont plus susceptibles d’occuper un poste sans avantages sociaux tels que des congés de maladie payés et d’autres mesures de soutien en matière de santé, et sont plus susceptibles d’estimer être surqualifiés pour leur poste. Pour bon nombre de personnes handicapées, la santé est un facteur important qui limite leur réussite en matière d’emploi; 36 % des nouveaux diplômés déclarent que la santé est la principale raison pour laquelle ils n’ont pas l’emploi qu’ils voulaient obtenir au moment de l’obtention de leur diplôme. Des recherches antérieures ont révélé que les EPS présentent des avantages importants liés à la qualité de vie au-delà des résultats sur le plan professionnel, comme une amélioration de la santé mentale et physique, un accroissement de la participation civique et un optimisme accru quant à l’avenir. Toutefois, les diplômés handicapés ne bénéficient pas de ces avantages au même niveau que les autres diplômés. Les diplômés ayant des incapacités de tous types sont moins susceptibles d’être optimistes ou d’avoir espoir en l’avenir, et l’état de santé se démarque comme une source importante de stress.

Le COQES propose les recommandations suivantes, que les responsables du secteur postsecondaire devraient prendre en considération au moment de concevoir des programmes et des systèmes de soutien pour les étudiants handicapés :

  • Les établissements d’enseignement postsecondaire devraient intégrer la conception universelle de l’apprentissage à l’élaboration du matériel de cours. Les principes généraux d’accessibilité et d’équité dans l’enseignement et l’apprentissage profiteront à tous les étudiants.
  • Le gouvernement et les organismes partenaires devraient évaluer les perceptions de l’enseignement postsecondaire chez les élèves handicapés de la maternelle à la 12e année. Pour améliorer l’accès aux études postsecondaires, il faut comprendre pourquoi les personnes handicapées sont beaucoup moins susceptibles d’y participer.
  • Les établissements et les employeurs devraient collaborer à l’élaboration de programmes afin de faciliter la transition de l’école au marché du travail pour les diplômés postsecondaires handicapés. Les programmes devraient tenir compte des besoins des étudiants handicapés en ce qui concerne la santé, en particulier les étudiants ayant des troubles d’apprentissage ou des incapacités physiques et mentales.
  • Les établissements devraient continuer d’améliorer et d’exploiter les dispositifs de soutien proactifs pour les étudiants handicapés, en particulier ceux qui ont des incapacités mentales, lesquelles se présentent souvent à l’âge où les personnes font des études postsecondaires.
  • Enfin, les données devraient refléter les expériences vécues par les personnes handicapées, et tous les intervenants devraient collaborer pour améliorer la cohérence et la qualité des données afin d’orienter les politiques. Notre analyse indique que les établissements et le gouvernement devraient, dans la mesure du possible, discerner les types d’incapacité.