Payer pour les bonnes notes ne paye pas
Offrir des primes en argent aux étudiants des collèges et universités pour les inciter à améliorer leurs notes pourrait être plus coûteux qu’efficace.
De nombreux parents entreprenants ont, à tout le moins, songé à récompenser financièrement leurs enfants lorsqu’ils obtiennent de bonnes notes. Or, selon une nouvelle étude parrainée par le Conseil ontarien de la qualité de l’enseignement supérieur (COQES), cette approche aurait des effets généralement modestes.
Description du projet
Le but du projet des bourses de mérite (“Opportunity Knocks” Supplemental Merit Scholarship Project) était de déterminer dans quelle mesure les récompenses financières pouvaient motiver les étudiants à améliorer leurs notes. L’étude, menée par des chercheurs de l’Université de Toronto, de l’IEPO/UT et du Massachusetts Institute of Technology, ciblait les étudiants de première et deuxième années à l’Université de Toronto Scarborough qui ont reçu une aide financière en 2008-2009.
Tous les étudiants de première et deuxième années qui recevaient une aide financière ont été invités à participer à l’étude. Les participants, choisis par loterie, recevaient de l’argent lorsqu’il obtenaient des notes de cours supérieures à 70 %. Ils jouissaient également d’un accès gratuit à des services périodiques d’aide entre pairs, où ils pouvaient discuter de questions liées à l’université et à la vie sur le campus. Pour chaque cours d’un semestre, les étudiants recevaient 100 $ pour une moyenne de 70 %, et 20 $ pour chaque point de pourcentage supérieur à 70 %.
Au début, les participants indiquaient généralement qu’ils s’attendaient à ce que le programme les aide à améliorer leurs notes. Bien plus de la moitié d’entre eux disaient craindre de ne pas avoir assez d’argent pour terminer leurs études et obtenir leur diplôme universitaire.
Conclusions/incidences sur les politiques
Les résultats montrent que les incitatifs financiers avaient un effet positif modeste sur les notes et des effets positifs très mineurs dans l’année suivant la fin de l’offre financière. Les auteurs notent toutefois que les effets étaient plus marqués chez les participants qui comprenaient mieux le fonctionnement du programme de récompenses financières.
Malgré la popularité du programme auprès des participants et des taux élevés d’adhésion et d’engagement, la conclusion selon laquelle il n’aurait qu’un impact modeste sur le rendement des élèves concorde avec les résultats d’autres études portant sur des interventions de ce genre. Les auteurs considèrent les incitatifs financiers comme « une façon coûteuse d’essayer d’obtenir des effets modestes sur la rétention et le rendement ». Ils reconnaissent que d’autres mécanismes d’incitation, par exemple offrir des montants plus élevés ou récompenser les étudiants qui améliorent leurs notes inférieures à 70 %, pourraient avoir des effets plus prononcés.
Les auteurs donnent à penser que des habitudes d’étude inefficaces pourraient entraver la réussite scolaire et que le véritable problème pourrait résider dans le manque de préparation scolaire plutôt que dans le manque d’effort ou de motivation. Ils notent que la disponibilité d’un service d’aide entre pairs ne semble pas avoir beaucoup aidé les étudiants. Ils concluent qu’il faut envisager d’autres moyens d’améliorer le rendement, ou d’autres méthodes d’enseignement, aux niveaux secondaire et postsecondaire.
L’étude a été réalisée par Joshua Angrist, Département d’économique à MIT; Tony Chambers, Institut d’études pédagogiques de l’Ontario, Université de Toronto; Philip Oreopoulos, Département d’économique à l’Université de Toronto; et Tyler Williams, Département d’économique à MIT.