Partout dans le monde, les gouvernements fédéraux sont des intervenants clés des systèmes d’apprentissage
Une partie importante de la discussion entourant les changements à apporter au système d’apprentissage de l’Ontario a mis l’accent sur ce qui se passe dans les autres systèmes à travers le monde. Un nouveau rapport du Conseil ontarien de la qualité de l’enseignement supérieur (COQES) examine les systèmes d’apprentissage de sept pays et constate que si nombre d’entre eux fonctionnent dans des structures gouvernementales similaires à celles de l’Ontario, leur gouvernement fédéral respectif assume un rôle beaucoup plus important dans la coordination, l’adoption de mesures législatives et la prise de décisions.
Description du projet
Perspective internationale sur l’apprentissage : comparaison avec l’Ontario analyse le système d’apprentissage de l’Allemagne, de l’Autriche, de la Suisse, de l’Australie, de l’Angleterre, de la France et des États‑Unis en tenant compte des six dimensions suivantes: facteurs historiques et culturels, gouvernance, portée, participation, structure de l’apprentissage, qualifications et taux d’achèvement. L’Allemagne, l’Autriche et la Suisse ont été choisies en raison de leurs modèles de « système dual » qui sont souvent présentés comme une source d’inspiration pour les autres pays. L’Australie et l’Angleterre ont procédé à une série de réformes au cours des 30 dernières années pour accroître l’importance de l’apprentissage. La France a été choisie pour sa manière d’encourager la participation des employeurs, tandis que les États‑Unis doivent relever de nombreux défis qui se posent également en Ontario.
Constatations
L’apprentissage est encore largement limité aux métiers en Ontario, mais d’autres administrations l’ont élargi au‑delà de ce secteur traditionnel pour inclure des professions à croissance élevée de nouveaux secteurs de l’économie. Ainsi, le système d’apprentissage de l’Angleterre a créé des partenariats avec les secteurs des technologies de l’information, des finances, des services juridiques et des médias numériques, et a vu augmenter les inscriptions en administration des affaires, en vente au détail et en soins de santé.
En Ontario et aux États‑Unis, les apprentis ont tendance à être plus vieux que ceux des pays européens et ces deux systèmes d’apprentissage sont les seuls au monde à être utilisés principalement par des adultes. Cela crée un certain nombre de défis uniques puisque de nombreux apprentis ontariens en sont à une étape de leur vie où responsabilités familiales et obligations de la vie peuvent créer des obstacles à l’achèvement de l’apprentissage. Les coûts de l’apprentissage peuvent constituer un obstacle majeur à la participation au Canada, en particulier pour les apprentis plus âgés. En Ontario, de nombreux apprentis doivent payer leur formation théorique et ceux qui n’ont pas droit à l’assurance‑emploi ne touchent pas de salaire pendant ce temps à moins que les employeurs ne choisissent de les rémunérer. Plusieurs administrations étrangères offrent gratuitement la formation en classe et les apprentis continuent d’être rémunérés pendant ce temps.
Le modèle du « système dual » d’apprentissage, qui combine formation en classe dans une école professionnelle et formation en milieu de travail est souvent considéré comme une réussite en raison de sa capacité d’intéresser un grand nombre de jeunes participants et ses taux d’achèvement se situent entre 80 et 90 %. Selon ce modèle, la formation des apprentis se répartit de la façon suivante : 70 % du temps en milieu de travail et 30 % du temps en classe, alors qu’en Ontario, les apprentis passent de 80 à 90 % de leur temps dans le milieu de travail. Mais le succès des systèmes allemand, autrichien et suisse est étroitement lié à des facteurs historiques et culturels uniques, qui ont créé une perception publique positive de l’apprentissage et encouragé une forte participation des employeurs.
Les administrations qui tentent d’accroître la participation au système d’apprentissage ne devraient pas perdre de vue la situation de l’Angleterre et de l’Australie, puisque ces deux pays ont apporté des changements significatifs dans le but d’élargir leurs systèmes et de hausser le nombre d’inscriptions au cours des dernières décennies. Si dans les deux cas, on a réussi à augmenter de nombre d’apprentis, des questions importantes ont été soulevées au sujet de la qualité de la formation. Ces exemples montrent que l’élargissement du système d’apprentissage est possible grâce à une mise en marché créative et convaincante, et à la prise en compte de nouveaux secteurs de l’économie, mais qu’il faut suivre de près les questions liées à la qualité.
Perspective internationale sur l’apprentissage : comparaison avec l’Ontario a été rédigé par Nicholas Dion, chercheur au COQES.