Les pièges et le potentiel de l’apprentissage amélioré par la technologie
Dans le jargon numérique, on dit de l’apprentissage aidé par la technologie qu’il est « tendance » au sein de l’enseignement supérieur. Toutefois, d’après un nouveau rapport publié par le Conseil ontarien de la qualité de l’enseignement supérieur (COQES), il y a lieu de présenter ces technologies nouvelles et naissantes comme des outils, voire des moyens pour en arriver à une fin plutôt que comme une fin en soi.
Les auteurs du rapport Pièges et potentiel : leçons tirées de la recherche financée par le COQES sur l’enseignement amélioré par la technologie sont d’avis que la technologie sera davantage propice à l’apprentissage des étudiants si elle « s’appuie sur une vision qui met en exergue l’apprentissage avec la technologie plutôt que l’apprentissage tiré de celle-ci ».
Description du projet
Le rapport susmentionné permet d’examiner 16 études commandées par le COQES au cours des trois dernières années à propos de l’apprentissage amélioré par la technologie pour en tirer de grandes conclusions sur la mise en œuvre et l’évaluation à ce chapitre. Cette série d’études s’inscrit dans les domaines de recherche privilégiés par le COQES en ce qui touche les pratiques exemplaires dans l’enseignement et l’apprentissage de niveau postsecondaire, de même que leur évaluation.
Constatations
Au dire des auteurs, il y a lieu de mettre en œuvre les nouvelles technologies en fonction d’un résultat d’apprentissage ou d’un but en particulier, car la seule présence de la technologie permettra rarement de rehausser une séance de cours. Le personnel enseignant doit réfléchir attentivement à l’intégration judicieuse et uniforme de la technologie, d’une façon pertinente aux yeux des étudiants, et qui les persuade de son utilité potentielle quant à leur expérience d’apprentissage.
De plus, une technologie d’apprentissage sera vraisemblablement plus judicieuse si les étudiants disposent d’assez de temps pour bien la connaître. En outre, les difficultés auxquelles font face les étudiants qui naviguent dans ces technologies ne pourront que s’aggraver si le personnel enseignant éprouve des problèmes techniques. Par conséquent, il convient de donner au personnel enseignant et aux assistants d’enseignement une formation sur l’utilisation et la mise en œuvre de la technologie.
Le rapport permet d’établir le manque de définitions consensuelles des concepts clés souvent employés dans le contexte de la recherche sur l’apprentissage amélioré par la technologie, notamment l’apprentissage « mixte » et « hydride », voire le concept même de « technologie ». D’après les auteurs « […] ni la signification du mot “technologie “, ni ce que ce concept celui-ci désigne ne font l’objet d’une définition claire ». Dans l’ensemble, le manque de définitions consensuelles de ces concepts occasionne des difficultés lorsque vient le temps d’interpréter les constatations des études et risque d’entraver l’analyse de l’ensemble du système à l’échelle des politiques. Selon les auteurs, il serait utile de pouvoir recourir à des définitions consensuelles, mises constamment en application dans l’ensemble des collèges et universités.
Enfin, le rapport prend également en compte d’autres difficultés méthodologiques, dont le recours aux mesures subjectives de la satisfaction des étudiants, lesquelles sont d’une utilité restreinte lorsqu’il faut évaluer les retombées directes de la technologie sur l’apprentissage, de même que les difficultés à obtenir la participation des étudiants et à les fidéliser, particulièrement dans les études à long terme ou celles dans lesquelles les étudiants doivent remplir de nombreux documents d’évaluation.
Les auteurs du rapport Pièges et potentiel : leçons tirées de la recherche financée par le COQES sur l’enseignement amélioré par la technologie sont Valerie Lopes, du COQES et récipiendaire du Collège Seneca du Prix national d’excellence pour éducateurs au secteur collégial de la Société pour l’avancement de la pédagogie dans l’enseignement supérieur, ainsi que Nicholas Dion, du COQES.