Soutenir la santé mentale des élèves en Ontario : Explorer les pratiques exemplaires et cerner les lacunes a été rédigé par Ken Chatoor, Natalie Pilla, Lena Balata, Haleemah Shah et Amy Kaufman, Conseil ontarien de la qualité de l’enseignement supérieur.
Le système d’éducation postsecondaire de l’Ontario dispose d’une solide stratégie en matière de santé mentale qui évolue pour répondre à la demande accrue de services
La demande de services de santé mentale pour les étudiants a augmenté de façon constante au cours des deux dernières décennies. Les établissements d’enseignement postsecondaire ont vu le double ou le triple des cas de symptômes dépressifs, d’anxiété, de troubles de l’alimentation et de symptômes psychotiques, et plus d’étudiants que jamais signalent de multiples types de problèmes de santé mentale. Un nouveau rapport du Conseil ontarien de la qualité de l’enseignement supérieur (COQES) révèle que l’Ontario dispose d’une stratégie de soutien en santé mentale pour l’éducation postsecondaire (EPS) relativement bien financée comparativement aux autres administrations canadiennes. Les établissements s’adaptent à la demande accrue, mais les forces structurelles et systémiques rendent difficile la mise en œuvre de programmes, l’embauche de personnel et la planification globale à long terme.
Dans sa lettre d’instructions de 2022 à l’organisme, le ministère des Collèges et Universités (MCU) a demandé que le COQES examine les activités que les établissements d’EPS de l’Ontario et des autres administrations entreprennent pour soutenir la santé mentale des étudiants. Les chercheurs du COQES ont effectué une analyse des administrations et ont mené 27 entrevues avec des intervenants participant à l’approvisionnement et à la prestation de programmes de santé mentale sur les campus d’EPS partout en Ontario.
La plupart des investissements gouvernementaux en santé mentale sur les campus proviennent de la province. En octobre 2020, le gouvernement de l’Ontario a investi 19,25 millions de dollars pour aider les établissements et les partenaires à élaborer des cadres et des stratégies visant à améliorer la santé mentale sur les campus afin de contrer les répercussions de la pandémie. Il a ensuite investi 7 millions de dollars en février 2021 et 2,39 millions de dollars en mai 2021. Le principal mécanisme du gouvernement de l’Ontario pour appuyer la santé mentale sur les campus est le Centre d’innovation en santé mentale sur les campus (CISMC), qui travaille avec des partenaires partout dans la province pour élaborer des ressources comme les guides fondées sur les pratiques et des trousses d’outils et pour faciliter une communauté de pratique.
Les pressions de l’insécurité alimentaire et les problèmes de logement font augmenter la demande de services de soutien en santé mentale. Bien que ces types de pressions ne relèvent pas de la compétence du MCU et des établissements, ils ont une incidence sur les campus et la santé mentale des étudiants, en particulier pour les étudiants étrangers. Les établissements s’adaptent à la demande accrue de soutien en délaissant les services fournis par un centre particulier sur le campus pour adopter une approche plus décentralisée et pangouvernementale qui met l’accent sur l’accès à une gamme de mesures de soutien. Le modèle de soins par paliers, qui a été largement adopté par les établissements de l’Ontario, met l’accent sur une approche souple, axée sur le client, qui permet aux étudiants de participer activement à la prise de décisions sur le traitement qu’ils reçoivent. Les silos de prestation de données et de services, conjugués à des structures de financement inefficaces, limitent la capacité des établissements de répondre à la demande accrue de services.
Le COQES recommande ce qui suit au gouvernement et à ses partenaires :
- Accroître la sensibilisation et l’accès à des mesures de soutien adaptées à la culture des étudiants qui reflètent les besoins des communautés sur leur campus.
- Tirer parti du potentiel du CISMC, qui est particulièrement bien placé pour jouer un rôle élargi de soutien aux établissements, en élargissant le soutien financier à la recherche, en établissant des partenariats structurés et en diffusant des ressources, comme des trousses d’outils et des modules de formation, particulièrement pour les petits établissements.
- Coordonner le dialogue stratégique intersectoriel pour démanteler les silos d’information et élaborer des structures de financement efficaces pour améliorer l’efficience et l’efficacité.
- Collaborer avec les partenaires communautaires et de soins de santé pour recueillir et utiliser des données afin de surveiller les tendances en matière de santé mentale pour éclairer la prise de décisions et l’affectation des ressources.
- Augmenter le financement supplémentaire pour aider les établissements à faire face à la croissance de la demande de services et à la complexité croissante des besoins.