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Sarah Watts-Rynard – Former la prochaine génération de gens de métier

Voix de la conférence du COQES de novembre 2014
Sur le terrain : exploration de l’apprentissage et des métiers specialises

Photo de Sarah Watts-Rynard

Blogueuse invitee : Sarah Watts-Rynard

Malgré les discussions sur la question de savoir si le Canada est aux prises avec une pénurie de personnes compétentes ou non – les économistes disent non, les employeurs disent oui – dans la réalité, une génération de gens de métier spécialisés approche l’âge de la retraite. Leur départ de la population active se traduira par la perte d’un nombre considérable de spécialistes dans les domaines de la construction, de l’exploitation et de l’entretien de l’infrastructure du pays.

Nous ne pouvons pas faire fi du moment de cette réalité démographique. De grands chantiers de construction sont prévus ou en cours dans toutes les villes du Canada. L’infrastructure vieillissante ainsi que les réseaux de transport, les systèmes de production d’électricité et les réseaux d’égouts arrivent à la fin de leur vie utile au moment où toute une génération de travailleurs spécialisés ayant choisi en grand nombre de faire carrière dans ces domaines accroche également sa ceinture à outils. L’économie des ressources du Canada ne montre aucun signe de ralentissement et le pays devra compter sur des gens de métier dans les secteurs des mines, du pétrole et du gaz et de la foresterie. Ne pas tenir compte de cette situation serait faire preuve d’une vue à court terme.

Mon organisme encourage un plus grand nombre de jeunes et d’employeurs à participer à des programmes d’apprentissage. Les jeunes sont en quête de débouchés et les employeurs cherchent des travailleurs spécialisés. Les apprentis doivent être en mesure de mettre en pratique leurs compétences dans un vrai milieu de travail où les échéances de production, les conditions météorologiques et les rapports avec les collègues font partie du quotidien. Contrairement à d’autres programmes de formation postsecondaire, l’atteinte de cet objectif repose grandement sur la qualité de la formation fournie dans le milieu de travail sous la supervision d’un compagnon compétent.

Si plus de 70 % des employeurs de personnes de métier sont d’avis qu’il y aura une pénurie de travailleurs dans les années à venir, 25 % ont déclaré qu’ils n’avaient pas de stratégie pour s’attaquer à ce problème. En fait, nos recherches révèlent que seulement 19 % des employeurs de personnes de métier forment des apprentis pour répondre à leurs besoins en main-d’œuvre. De nombreux employeurs se demandent pour quelle raison le système scolaire ne forme pas de travailleurs maitrisant leur métier à la fin de leurs études, tandis que d’autres se contentent d’engager les ouvriers ayant déjà leur carte de compétence que d’autres ont formés. Entre-temps, les étudiants intéressés à exercer un métier ont de la difficulté à trouver leur premier emploi et ceux qui ont réussi à en décrocher un ne sont pas certains qu’ils le conserveront pendant toute leur période de formation.

Les apprentis nous disent que l’un des plus importants facteurs de leur réussite est le lien avec l’ouvrier qui les encadre. Cela en dit long sur l’importance de recruter des compagnons expérimentés en poste actuellement afin qu’ils puissent transférer leurs connaissances aux apprentis, et de s’assurer que les bonnes personnes sont en place pour donner l’exemple aux apprentis, les former, les superviser et les reprendre lorsqu’ils commettent des erreurs. Si ce rôle ne convient pas à tous les ouvriers, la volonté et la capacité d’enseigner le métier à une autre personne ont une incidence profonde sur le moral du personnel, en particulier au cours des années précédant le départ à la retraite.

Pour ma part, je préférerais que les pénuries de personnes compétentes ne deviennent pas un problème si pressant que les employeurs et les économistes finissent par s’entendre qu’elles nuisent à la productivité et à la croissance du Canada. Toutefois, à moins et jusqu’à ce que les employeurs de personnes de métier jouent un rôle fondamental dans la formation de la prochaine génération de gens de métier, il est de moins en moins probable que le cinquième des employeurs qui assurent de la formation aux apprentis seront en mesure de suffire à la demande.

Il s’agit là que de l’une des nombreuses discussions qui se tiendront pendant le Sommet des métiers spécialisés de cette année, qui aura lieu à Ottawa du 1er au 3 juin. Nous invitons toutes les personnes intéressées à se joindre à la conversation. Pour obtenir de plus amples renseignements, veuillez visiter le site Webhttp://www.skilledtradessummit.ca.

Sarah Watts-Rynard est directrice générale du Forum canadien sur l’apprentissage, un organisme sans but lucratif qui rassemble tous les intervenants de l’apprentissage au Canada. 

À notre avis, les blogueuses et blogueurs invités expriment leurs propres avis, et pas nécessairement ceux du COQES.

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