Catégories

Stewart Kallio – Les taux d’achèvement de la formation en apprentissage accusent un retard important par rapport aux taux d’inscription au Canada

Photo de Stewart Kallio

Blogueur invité : Stewart Kallio

Conférenciers à la conférence du Conseil ontarien de la qualité de l’enseignement supérieur (COQES), « Sur le terrain : exploration de l’apprentissage et des métiers spécialisés », novembre 2014


Les métiers spécialisés garantissent de bons emplois bien rémunérés. Or, les jeunes Canadiens ne considèrent pas les métiers spécialisés comme une carrière viable. Ils entament souvent une formation en apprentissage plus tard au cours de leur carrière. Par exemple, en Ontario, l’âge moyen d’un apprenti est d’environ 27 ans.

En revanche, en Allemagne, les jeunes qui entrent à l’école secondaire et qui choisissent de suivre un programme d’études propre à un métier sont « embauchés » par un employeur qui s’engage à leur offrir une formation en apprentissage après l’obtention de leur diplôme. Les métiers spécialisés sont perçus comme une carrière viable et sont bien appuyés au sein de la structure sociale. L’éducation et la formation commencent tôt, c’est pourquoi l’âge moyen d’un apprenti est de 19 ans.

Au Canada, les travailleurs des métiers spécialisés sont très demandés. La demande est surtout évidente dans le secteur de la construction, car un très grand nombre de nouveaux projets d’aménagement (le nord de l’Ontario est un bon exemple) commence par la construction de l’infrastructure, comme les routes, la capacité électrique et les logements. Les travailleurs de ce secteur ont souvent acquis beaucoup d’expérience pratique sur le terrain pendant des années; néanmoins, un grand nombre ne possèdent pas un diplôme de 12e année ou les compétences en littératie minimales établies par l’OCDE (niveau 3).

En Ontario, seuls 11 des 42 métiers de la construction sont obligatoires (c’est-à-dire une reconnaissance professionnelle est requise par la loi pour exercer le métier en question), mais le certificat d’aptitude professionnelle est offert pour 19 autres métiers de la construction. Les employeurs exigent de plus en plus une reconnaissance professionnelle pour les métiers « facultatifs », exerçant ainsi une pression sur les travailleurs chevronnés âgés afin de les inciter à s’inscrire aux examens d’admission à titre de « travailleurs qualifiés ». Ce n’est pas facile de réussir ces examens. Après plusieurs échecs, certains abandonnent, tout simplement.

D’après le Secrétariat ontarien à la construction, le secteur de la construction en Ontario connaît une forte croissance et affiche un taux de chômage très faible. La province aura besoin de plus de 95 000 travailleurs de la construction entre 2014 et 2023. Les programmes en apprentissage contribuent à répondre à la demande en travailleurs de la construction; or, les taux d’achèvement de la formation en apprentissage continuent à accuser un retard important par rapport aux taux d’inscription.

S’inscrire à une formation en apprentissage peut s’avérer difficile. En effet, il est souvent difficile de trouver un employeur compréhensif qui permettra à l’apprenti d’exercer pleinement le métier en question. De plus, la formation d’apprenti risque de ne pas être offerte à l’échelon local. Enfin, les finances peuvent s’avérer problématiques, en particulier pour les apprentis âgés qui ont des engagements domestiques et familiaux.

Parmi les obstacles qui entravent l’achèvement de la formation en apprentissage, mentionnons le manque de connaissances de niveau supérieur en mathématiques et en communication, les compétences essentielles en littératie inférieures au niveau 3, les aptitudes à étudier médiocres et inefficaces, l’angoisse liée aux examens, les lacunes touchant les connaissances des métiers en raison d’une expérience de travail trop spécialisée, la difficulté à comprendre le langage propre aux métiers spécialisés, surtout si l’anglais n’est pas la langue principale de l’apprenti, et enfin les différences culturelles.

En Ontario, le Programme d’alphabétisation et de formation de base contribue considérablement à préparer les apprenants adultes à exercer un métier spécialisé. De toute évidence, le rôle de l’apprentissage dans la constitution d’une main-d’œuvre qualifiée est au cœur des priorités des employeurs, des spécialistes du travail et du gouvernement.

En revanche, le réseau Literacy Northwest (en anglais seulement) contribue à combler les pénuries de main-d’œuvre qualifiée en donnant aux intervenants des domaines de l’alphabétisation et de la formation de base des renseignements importants sur l’apprentissage de même que des ressources directement liées à l’amélioration de l’accès à l’apprentissage pour les apprenants. Un programme récent a comblé certaines lacunes des apprenants, notamment le manque de connaissances de niveau supérieur en mathématiques et en communication, ou a amélioré leurs compétences essentielles en littératie inférieures au niveau 3.

Un projet axé sur le développement des compétences en technologie numérique s’inscrit dans les initiatives actuelles. La nature du travail est en évolution : certains emplois disparaissent, les emplois actuels s’adaptent et de nouveaux emplois sont créés. Les travailleurs des métiers spécialisés risquent de se heurter à l’avenir à de nouvelles tâches qui exigent des niveaux de littératie nouveaux ou supérieurs pour accomplir les tâches numériques requises.

Un second projet vise à accroître les mesures de soutien offertes aux employeurs pour appuyer l’embauche d’apprentis et améliorer les taux d’achèvement de la formation. Il aura également pour objectif d’inviter les intervenants des employeurs d’apprentis aux consultations et forums régionaux qui serviront à analyser leurs doutes et à élaborer des stratégies pratiques destinées à éclaircir leurs doutes.

Rick Miner, consultant, auteur et président émérite du Collège Seneca, indique que l’offre en main-d’œuvre ne répondra pas à la demande à moins de prendre des mesures efficaces visant à accroître le nombre de travailleurs qualifiés. Cet état d’urgence est à la base des activités du réseau Literacy Northwest, selon lequel chaque personne apte à travailler sera nécessaire.

Stewart Kallio, consultant principal chez Kallio Consulting et coordonnateur de projet pour le Literacy Northwest.


À notre avis, les blogueuses et blogueurs invités expriment leurs propres avis, et pas nécessairement ceux du COQES.

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *